L'arc en mitre, ou arc en fronton, ou arc angulaire est un arc composé de deux droites inclinées formant un angle.
L'arc angulaire a été utilisé dès l'Antiquité. On en trouve des exemples dans l'architecture romaine, à Constantinople, Ancône... Dans l'architecture chrétienne, il apparaît dans les architectures wisigothique, mérovingienne, carolingienne, ottonienne, saxonne, romane, gothique (où il connaît une grande expansion avec l'architecture en briques de la région toulousaine), néoromane, néogothique et Art déco.
L'arc en mitre est un des éléments constitutifs du triplet qui est une arcature (aveugle ou non) constituée d'un arc en mitre encadré de deux arcs en plein cintre, symbolisant la Trinité chrétienne et que l'on retrouve dans l'architecture wisigothique, mérovingienne et romane.
Un arc en mitre, sous sa forme la plus simple, est constitué de deux voussoirs droits posés en angle.
Certains arcs de décharge, destinés à répartir les charges de maçonnerie de chaque côté d'un linteau ou d'un arc, affectent la forme d'un arc en mitre (deux pierres disposées en angle).
L'arc en mitre orne les murs de la chapelle de São Frutuoso de Montélios près de Braga au Portugal. Cette chapelle wisigothique présente le même plan en croix que le mausolée de Galla Placidia à Ravenne à la différence que les murs extérieurs de ses absides sont ornés de triplets constitués d'un arc en mitre encadré de deux arcs en plein cintre.
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En Allemagne, l'arc en mitre figure à l'abbaye de Lorsch (VIIIe siècle), où la « Torhalle » ou « porte triomphale » est ornée d'une rangée d'arcs en mitre supportés par des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques
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Un triplet constitué d'un arc en plein cintre et de deux arcs en mitre orne le baptistère mérovingien Saint-Jean de Poitiers (au niveau de la façade sud-ouest du baptistère, entre les oculi et le fronton).
En Grande-Bretagne, les baies et décors en arc angulaire sont caractéristiques des petites églises saxonnes (900-1050), les édifices plus grands ayant été reconstruits à la période normande.
L'église Saint-Cyriaque de Gernrode, témoin de l'architecture ottonienne construit entre 960 et 1000 en Basse-Saxe, présente des arcs en mitre au niveau d'une des deux tours circulaires flanquant la façade ouest ainsi que de curieux arcs en mitre au-dessus des chapiteaux surmontant les piliers séparant la nef centrale des bas-côtés.
À Toulouse et dans sa région, où la pierre manque, l'architecture romane et l'architecture gothique utilisent intensivement la brique.
L'arc en mitre a acquis dans ce style « gothique de la brique » méridional une grande vogue que Viollet-le-Duc explique par une plus grande facilité de mise en œuvre : l'arc en mitre permet d'utiliser un module unique de brique et il n'est pas nécessaire de mouler des briques en claveaux comme pour les arcatures en plein cintre (comparer les arcs du dernier étage du clocher des Jacobins et les arcatures de la balustrade supérieure sur l'illustration du Dictionnaire de Viollet-le-Duc).
Il faut cependant remarquer que cette solution technique de l'arc en mitre n'a pas été adoptée par les autres styles relevant du « gothique de la brique » comme celle de Flandre (Bruges, Poperinge, Rubrouck...) ou encore le « style gothico-mudéjar de la brique » en Espagne.
L'arc en mitre caractérise donc par excellence le « clocher toulousain » en brique, qu'il soit octogonal ou qu'il s'agisse d'un clocher-mur. Ce modèle du « clocher toulousain » s'est également imposé dans des régions voisines où la construction en pierre prédomine pourtant : le Lauragais, l'Ariège, le Couserans...