Les arènes de la Maestranza de Séville se dressent face au Guadalquivir, en plein cœur du quartier de El Arenal, sur une zone de faible élévation, connue sous le nom de monte del Baratillo. Elle est enserrée entre le paseo Colón, la calle Adriano et la calle Antonio Díaz, et forme ainsi avec ses dépendances un triangle.
L'élément le plus marquant est sa situation, enserrée sur plus de la moitié de sa circonférence par des constructions : seuls son côté sud et sa façade faisant face au fleuve, échappent à cette étreinte. Contrairement à la plupart des arènes espagnoles bâties sur une vaste esplanade ou une place dégagées, la Maestranza est totalement insérée dans le tissu urbain de la ville, dans lequel elle se fond, symbolisant en quelque sorte le profond ancrage de cette institution dans la cité.
Ne serait-ce son architecture si remarquable, elle apparaîtrait comme un bâtiment parmi tant d'autres, noyée dans la trame complexe des rues de la vieille Séville. L'accès à certains secteurs des gradins supérieurs se fait à travers des portes donnant sur la calle Adriano, que le simple passant ne distingue pas du reste de la rue. Les constructions qui l'enlacent le plus ostensiblement sont les propres installations de la corporation propriétaire de l'amphithéâtre, la Real Maestranza de Caballería, construites pour la plupart entre 1927 et 1951. Une simple ruelle en partie couverte sous forme de passage, la calle Circo, l'entoure et marque la frontière entre l'enceinte taurine et le reste des bâtiments.
Les arènes à proprement parler se présentent sous la forme d'un polygone irrégulier à trente côtés inégaux, signe d'une construction qui s'est étalée sur plus d'un siècle. L'architecture révèle une nette influence du baroque tardif, tendant vers le classicisme. La façade est flanquée, face au Guadalquivir, d'une gracieuse porte principale, la Puerta del Príncipe (porte du prince). Celle-ci est entourée de deux tourelles couronnées de toits de tuiles à quatre versants, percées d'oculi et de portes surmontées de frontons à volutes originaux. La porte en elle-même se compose de deux corps ou niveaux. Le premier consiste en un grand portail de pierre fermé d'une porte rouge sang de taureau. Le niveau supérieur est un balcon à balustrade relié au Balcon du Prince à travers une porte flanquée de pilastres doriques et d'un fronton.
L'aspect profondément sévillan de cette façade plus élégante que monumentale est accentué par les murs chaulés soulignés par les pointes d'ocre et de rouge sombre qui ornent certains éléments du décor, tels que les portes et leurs encadrements ou encore les corniches. Tout le côté sud de la façade est par ailleurs agrémenté d'une terrasse en premier niveau, qui donne accès aux gradins supérieurs. Ce corps de gradins est précédé d'une galerie à arcades fermée vers l'extérieur par une belle balustrade ajourée, le tout conférant davantage de grâce encore à l'ensemble.
La structure interne des arènes est configurée par trois anneaux concentriques enroulés autour de la piste, elle aussi irrégulière. Le premier de ces anneaux comprend les gradins inférieurs non couverts (tendidos). Sous ces tribunes sont installés divers locaux destinés à l'accueil du public ou le stockage. Le second anneau comprend les gradins supérieurs couverts, sous lesquels se trouve la galerie d'accès aux tendidos. Enfin, un troisième anneau renferme les différents services des arènes : les cours où sont gardés les taureaux (corrales), la boucherie, l'infirmerie,... C'est ce troisième anneau qui est partiellement surmonté d'une terrasse ornée d'une galerie à arcades permettant l'accès à certains secteurs des gradins supérieurs. Des dépendances de la Real Maestranza ainsi que des logements particuliers occupent le reste de l'étage.
Les gradins se présentent par conséquent sur deux niveaux. Les gradins inférieurs, ou tendidos, ne sont pas couverts. Ils regroupent la majorité des places assises. La partie supérieure, les balcons et gradas, est couverte d'un toit de tuiles et séparée du niveau inférieur par une élégante galerie à arcades en plein-cintre reposant sur des colonnes toscanes de pierre. L'impression qui se dégage de cette organisation est celle de grâce et de légèreté.
Deux éléments architecturaux renforcent la qualité architecturale de l'intérieur des arènes : le Palco del Príncipe et le Palco de la Diputación (balcons du prince et de la députation). Le Balcon du Prince fut bâti en 1765, en l'honneur du premier Frère majeur de la corporation de la Real Maestranza issu de la famille royale, l'infant Philippe. Érigé comme une véritable façade intérieure, il se décompose en deux corps superposés. Le premier, au registre inférieur, forme un portail donnant accès à la Porte du Prince à l'extérieur : il est l'équivalent de la Grande porte dans les autres arènes, celle par laquelle sont portés en triomphe les toreros ayant coupé un minimum de trois trophées. Sortir par cette voie est la consécration de tout torero qui voit alors se réaliser un de ses rêves.
Le portail est flanqué de deux colonnes ioniennes, et surmonté d'un blason sculpté. Le niveau supérieur forme le balcon proprement dit, exclusivement réservé à l'usage de la famille royale d'Espagne. Le balcon est clôturé par une balustrade et flanqué de colonnes corinthiennes encadrant un arc surmonté d'un fronton brisé. Au centre de ce fronton sont placées les armes de la famille royale sculptées, entourées de deux figures allégoriques. L'intérieur de la loge située en retrait du balcon est couverte d'une coupole.
Face au Balcon du Prince se trouve le balcon de la Députation, qui surplombe la porte du toril. Moins luxueux que le premier, il est agrémenté d'une balustrade de marbre, et des armes de la Real Maestranza sculptées.