Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Controverses sur Attac

Diverses controverses existent sur le mode de fonctionnement, les méthodes, les propositions, les ambitions politiques d'Attac.

Attac est de fait souvent attaquée, y compris par des militants de gauche , dans les pays du Nord et du Sud, sur ses prises de position qui vont jusqu'à bloquer la prise de décisions aux sommets internationaux de l'OMC, alors même que certaines de ces décisions auraient pu semblé favorables aux pays du Sud.[réf. souhaitée]

A l'intérieur du mouvement altermondialiste , Attac est parfois critiquée pour son réformisme face à la mondialisation néo-libérale, pour sa manière jugée parfois trop légaliste de lutter contre le néo-libéralisme.

  • Les premières critiques sur Attac lui reprochaient le refus de la mondialisation qui conduirait « à un repli identitaire national » ; c'est pourquoi Attac rejette le terme « antimondialiste » en revendiquant le terme « altermondialiste ».
  • D'autres mettent également en cause sa légitimité à parler au nom des peuples, des plus pauvres ou même du mouvement altermondialiste ; Attac n'étant ni une association « de masse » ni un parti politique, elle ne représenterait véritablement que ses propres adhérents. Cette critique a été particulièrement forte lors de la campagne contre le Traité constitutionnel européen, notamment lors de la publication des « 12 exigences » d'ATTAC France suite au rejet du texte. La publication d'un texte prenant la forme d'« exigences » adressées au Conseil de l'Europe, bien que s'agissant clairement de revendications de la seule association ATTAC France, a alors choqué parmi ceux qui prenaient la parole d'ATTAC pour la parole de tout le peuple suite au référendum.
  • Les adhérents ne disposent que d'un pouvoir limité face au conseil d'administration, en partie coopté. Des adhérents ont dénoncé un style « autoritaire », et ont accusé certains dirigeants d'avoir « verrouillé et confisqué » le pouvoir.
  • Des économistes, comme Paul Krugman, pensent que les propositions d'Attac conduiraient à instaurer un protectionnisme sous couvert de « bonne conscience ».
  • James Tobin (lauréat du prix Nobel d'économie 1981 et auteur de la taxe Tobin) s'est prononcé publiquement contre le « détournement » de sa proposition par Attac, alors qu'il n'y voulait qu'un moyen de réduire la volatilité sur les marchés internationaux de capitaux. Sur le principe même de la taxe, Robert Mundell, prix Nobel d'économie (1999) et auteur de la théorie des zones monétaires optimales, qualifie la proposition de « taxe Tobin » de « débile » (« dumb »), « parce que la taxe Tobin ne supprimerait pas la spéculation, elle ne ferait que gêner les transactions ».
  • Plus généralement, si les travaux et les propositions d'ATTAC bénéficient d'une notoriété publique, son côté « alter » qui sous-entend la mise en œuvre des solutions alternatives laisse certains dubitatifs. Ainsi, le politologue social-libéral Zaki Laïdi reproche à ATTAC son « extrémisme » politique qui la limiterait à une position contestataire. En ce sens, il conclut son livre La Grande Perturbation sur la mondialisation par l'affirmation « La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée » et déclare plus spécifiquement sur Attac :
« Attac [reste] dominée par une mouvance souverainiste et néocommuniste dont le point commun est la haine historique de la social-démocratie, même s'il faut admettre l'existence dans ce mouvement d'une minorité clairement européenne et réformiste dont la direction cherche clairement à contenir l'expression. »

A ces critiques, généralement adressées au mouvement altermondialiste dans son ensemble, il est répondu que celui-ci est composé d'une pluralité de points de vue et d'un grand nombre de propositions de solutions alternatives. Les différentes composantes du mouvement altermondialiste ne parviennent souvent pas à s'accorder sur des propositions communes. En ce qui concerne ATTAC France, un « Manifeste altermondialiste » est cependant paru en 2006, proposant 102 mesures pour « construire un monde solidaire, écologique et démocratique ». Selon l'écrivain libéral Johan Norberg, cette incapacité à se mettre d'accord montre que ce qui :

« importe à ceux d'Attac : c'est l'opposition au capitalisme, au « néo-libéralisme », à la « mondialisation libérale » ou « intégration économique par les patrons » et tous les noms qu'ils lui donnent. C'est-à-dire qu'il s'agit d'un anticapitalisme socialiste des plus traditionnels, avec la « solidarité » qu'ils y associent ».
  • Depuis début 2005, une principale source de desaffection de la gauche modérée envers Attac vient des personnes très favorables à l'intégration européenne tel Harlem Désir. La campagne très virulente de l'association en faveur du « non » a vraisemblablement contribué à l'échec du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe en France le 29 mai 2005, c’est-à-dire au maintien des institutions de Maastricht-Nice. Alain Lipietz a ainsi dénoncé les « sottises » et le « souverainisme de gauche » de la direction d'Attac, lorsque certains s'opposent à ce que la loi européenne prime sur les lois nationales (Alain Lecourieux présentant par exemple l'article I-6 comme un « recul » ). Cependant, à la différence de ses alliés de circonstance, Attac dit agir au nom de l'Europe , mais a attendu jusqu'à fin aout 2004, et donc la clôture des 18 mois de travaux publics de la Convention sur l'avenir de l'Europe, pour transmettre ses « 21 exigences » devant figurer dans le projet de Constitution.
  • Très active lors du débat sur le TCE (publication de deux livres et de dizaine d'articles, nombreux meetings, ...), ATTAC n'a paradoxalement jamais publiquement abordé le thème principal sur lequel Joschka Fischer avait lancé le processus constitutionnel en l'an 2000 à Berlin, à savoir la question de la finalité de l'intégration européenne et notamment la question de son évolution progressive vers une Europe fédérale ; préalable à la démocratisation des institutions européennes. De l'aveu même de son président d'honneur Bernard Cassen, ce silence est due à l'absence chez ATTAC de ligne politique claire sur cette question de fond qui lui permettrait de s'engager contre le statu quo institutionnel largement dominé par les marchandages intergouvernementaux :
« Attac a été très prudente en matière de propositions d’architectures institutionnelles européennes. Pourquoi ? Parce que le sujet nous divise profondément si on veut le traiter au plan théorique. Il y a parmi nous des fédéralistes, partisans du dépassement des États actuels pour aller à des États-Unis d’Europe, donc à un État européen qui présupposerait l’existence d’un peuple européen ou, en tout cas, l’enfanterait rapidement. Il y a aussi des partisans d’une Europe des nations ou des patries, dans une logique à dominante confédérale ; et, entre les deux, toutes sortes de positions intermédiaires. À ce seul niveau, les termes de « Constitution » et de « processus constituant » donnent déjà lieu à de vives controverses.
[...]
La bibliographie explicitant chacune de ces visions est imposante, et les thèses en présence totalement incompatibles sur de nombreux aspects, dans la mesure où elles renvoient à des convictions divergentes sur l’État, la nation, le peuple, la citoyenneté, et, pour la France, sur les conceptions profondément enracinées dans l’histoire, de la République et de la laïcité.
Il serait vain de tenter d’arriver à un consensus théorique entre nous sur ces questions. »
  • D'autres critiques voient dans les méthodes d'ATTAC une opposition caricaturale. Ces reproches se sont par exemple exprimés après coup sur l'affaire des brevet logiciel en Europe ou envers une affiche de campagne représentant une jeune slovaque fictive obligée de se prostituer et reprochant à la constitution européenne de ne pas s'attaquer sérieusement au problème.
  • Enfin, dans un article paru le 5 août 2005 dans le journal Le Figaro, intitulé « Enquête : comment Attac infiltre l’école », Saïd Mahrane conclut à une tentative d'entrisme, en soulignant la proportion significative d'enseignants parmi les membres de l'organisation et la diffusion de supports de communication de l'organisation dans les écoles.
Page générée en 0.141 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise