Barrière mentale - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Présentation de l'œuvre

Barrière mentale est un roman de science-fiction de l'auteur américain Poul Anderson paru en 1954 et publié en traduction française en 1958. Le récit est divisé en vingt chapitres qui suivent alternativement deux lignes narratives distinctes : l'histoire d'Archie Broch, un simple d'esprit engagé dans la ferme d'un riche homme d'affaires, et le récit de Peter Corinth, un physicien de haut niveau qui tente de comprendre le phénomène.

Le titre original anglais, qui signifie littéralement « onde cérébrale », est parfois employé en anglais comme synonyme d'électroencéphalogramme.

Situation dans l'œuvre

Barrière mentale ne fait partie d'aucun grand cycle romanesque de l'auteur. En revanche, l'année 1954 fut particulièrement faste dans la carrière d'écrivain de Poul Anderson qui publia trois romans et six nouvelles.

Éditions françaises

Publication en deux parties

  • Poul Anderson, Barrière mentale, traduit de l'américain par Alain Dorémieux, Satellite, Les cahiers de la science-fiction (revue), n°1, 1958 ;
  • Poul Anderson, Barrière mentale, traduit de l'américain par Alain Dorémieux, Satellite, Les cahiers de la science-fiction (revue), n°2, 1958 ;

Publications en un volume

  • Poul Anderson, Barrière mentale, traduit de l'américain par Alain Dorémieux, Librairie des Champs-Élysées, coll. « Le Masque | Science fiction », n° 14, 1974 (réédition en 1979) ;
  • Poul Anderson, Barrière mentale, traduit de l'américain par Alain Dorémieux, Edito Services, coll. « Les chefs-d'œuvre de la science-fiction », 1976.

Commentaires

Définition de l'intelligence

Poul Anderson oppose au cours de son roman deux notions de l'intelligence : l'intelligence pratique nécessaire à la survie de l'espèce et de l'individu (comme la faculté de trouver de l'eau, de lire les signes de la nature, d'être apte à survivre dans des conditions extrêmes) et l'intelligence technique, cultivée par une civilisation qui porte aux nues des disciplines abstraites comme les mathématiques pures. L'auteur souligne également que l'accroissement de l'intelligence humaine ne va pas de pair avec une plus grande moralité des individus et que les passions humaines sont toujours les mêmes.

Conséquences sur la civilisation

Tout au long du roman, Poul Anderson éumère les diverses conséquences probables d'une augmentation de l'intelligence humaine sur la civilisation occidentale. Pour l'auteur, l'accroissement du quotient intellectuel humain conduit globalement à une perception aiguë de la « vacuité de la civilisation occidentale », basée sur les notions rassurantes de propriété et de travail, et à la volonté de consacrer sa vie à des activités plus enrichissantes. Ainsi, tous les domaines de la société sont touchés :

  • Politique : vacances des postes à responsabilité au plus haut niveau de l'État, réorganisation politique au niveau local, mutineries militaires, résistance d'une partie de la population à son nouvel état civilisationnel, refuge dans la superstition et la religion, dépassement des idéologies capitaliste et socialiste, disparition du rôle central des grandes cités, désertification urbaine ;
  • Économie : effondrement de l'économie de marché et de la cotation en bourse, raréfaction des matériaux et des produits de consommation courante, invention d'une alimentation synthétique, robotisation à outrance des tâches manuelles répétitives ;
  • Santé : progrès de la psychologie, prolongement de la vie ;

Poul Anderson met également en scène des groupes d'individus hostiles au changement survenu dans leur cerveau et nostalgiques de l'ère précédente. Ainsi, l'Homme pourrait ne pas souhaiter devenir plus intelligent, si ses angoisses sont amplifiées et si sa psychologie est fragilisée par une activité cérébrale accélérée.

Réinvention du langage

Poul Anderson développe un autre thème intéressant comme conséquence de l'accroissement de l'intelligence humaine : la réinvention du langage. La communication entre personnes au QI élevé passe désormais par un langage oral articulé autour de notions simples, logiques et directes, tandis que la plus grande partie du message passe par le langage non verbal - les gestes, les mimiques et autres attitudes diverses de l'interlocuteur -, que le cerveau sait désormais interpréter symboliquement, intuitivement ou psychologiquement. Le langage articulé se réduit alors à sa plus simple expression, évitant les redondances et se concentrant sur l'essentiel.

Cette nouvelle approche du langage conduit l'auteur à utiliser divers moyens typographiques. C'est ainsi qu'il utilise dans la seconde partie du roman de nombreuses incises mises entre parenthèses et imprimées en italiques pour indiquer au lecteur tout le non-dit de cette nouvelle forme de langage.

Géopolitique de la Guerre froide

Paru en 1954, la géopolitique du roman de Poul Anderson est très marquée par la guerre froide et l'équilibre de la terreur. L'auteur ne manque pas une occasion de vilipender la révolution de Lénine et de faire de la révolte des pays soviétisés un corollaire logique de l'augmentation générale de l'intelligence humaine. Poul Anderson évoque également en marge de son récit un soulèvement populaire dans l'empire soviétique, financé et armé par les États-Unis. Les Soviétiques, vaincus, lancent alors leurs missiles nucléaires sur les grandes villes américaines, mais ceux-ci explosent contre les boucliers magnétiques américains nouvellement installés. Cet épisode permet ainsi à l'auteur de porter à son terme la logique meurtrière de la guerre froide pour ensuite poser les bases d'une nouvelle géopolitique mondiale.

Traumatisme d'Hiroshima et responsabilité scientifique

Dans cette période d'après-guerre, le roman de Poul Anderson se fait l'écho du traumatisme causé par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. L'auteur décrit l'un de ses principaux personnages, Peter Corinth, comme un ancien membre du projet Manhattan. Le physicien est présenté par l'auteur comme un être rongé par le sentiment d'avoir commis une faute lourde en participant à un projet scientifique aux conséquences aussi désastreuses. Poul Anderson retrace le parcours d'un scientifique repentant qui préfère quitter l'armée immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et s'engager dans des mouvements pacifistes et progressistes, persuadé qu'il a été dupé par le gouvernement. Poul Anderson semble ainsi attribuer la responsabilité d'Hiroshima non aux scientifiques eux-mêmes - même s'ils ont rendu le désastre techniquement possible -, mais aux hommes de pouvoir qui ont détourné le progrès technique à des fins meurtrières.

Page générée en 0.080 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise