La façade occidentale de la cathédrale de Soissons apparaît d'emblée comme très robuste, mais assez austère. Elle comporte trois niveaux. Elle est totalement dissymétrique, la tour nord prévue au départ n'ayant jamais été construite et ayant de ce fait laissé un grand vide fort apparent. À la base de la façade, on retrouve les trois portails traditionnels. Mais ceux-ci, ravagés par le vandalisme des Huguenots, puis par des réfections désastreuses menées par l'un ou l'autre restaurateur incompétent non respectueux du gothique au XVIIIe siècle, enfin par les révolutionnaires, ont malheureusement perdu toute statuaire et ornement. Ils sont donc sans grand intérêt archéologique.
Au-dessus de l'étage des portails, on trouve, au centre, une belle rosace rayonnante soulignée par un grand arc brisé. De chaque côté de cette rosace, sous l'emplacement des tours, se trouvent deux grandes baies géminées surmontées chacune d'un oculus à six lobes.
Au sommet de la façade, au centre, une galerie ornée de fort élégantes arcatures géminées devait relier les deux tours.
Quatre puissants contreforts très marqués divisent verticalement l'édifice. Ils sont destinés à assurer la stabilisé tant de la façade que des deux tours initialement prévues. Et l'on peut dire qu'ils n'ont pas failli à leur mission puisque durant les combats de la Première Guerre mondiale, la tour endommagée au sommet par des tirs d'artillerie, a fort bien résisté.
La partie sud de la façade supporte la seule tour existante. Celle-ci, de plan carré comme à Paris ne comporte qu'un seul niveau. Sa base est entourée par la continuation de la galerie supérieure du centre de la façade, et donc fort joliment ornée. Suivant un schéma classique en Île-de-France, chacune des quatre faces de la tour est percée de deux longues baies garnies d'abat-sons. Le sommet de la tour est constitué d'une terrasse entourée d'une balustrade. Dans l'angle sud-est de cette terrasse se dresse un petit clocheton abritant le haut d'un escalier à vis inscrit au sein d'un puissant contrefort.
La face sud de la tour, qui forme un tout avec le massif de façade sur lequel elle se dresse, ne manque nullement d'ornements. Elle est d'ailleurs plus décorée que celle de Notre-Dame de Paris. Pourvue de larges baies ainsi que de sa petite galerie d'arcatures qui prolonge la galerie du sommet de la façade, elle parait même fort élégante. Elle est flanquée à sa base d'une tourelle octogonale qui fait corps avec elle. Celle-ci, coiffée d'un joli toit conique est percée de meurtrières et héberge un escalier permettant d'accéder aux étages de la façade et de la tour.
Une tourelle identique existe par ailleurs au nord, bordant la face nord du massif de la façade occidentale.
Le croisillon sud du transept est extérieurement d'une grande élégance. Sa structure, toute en courbes est fort agréable à contempler et forme un grand contraste avec le reste de la cathédrale. Entre les arcs-boutants fort discrets, on peut contempler trois jolies baies supérieures bien ornées ainsi que trois baies plus larges tout au long des deux niveaux inférieurs. La chapelle ronde attenant à la face orientale du transept est couverte d'un toit aux tuiles colorées de teintes diverses.
A l'est du croisillon, dans l'angle formé avec le chœur, s'élève une longue tourelle quadrangulaire coiffée d'un toit conique pointu. Cette structure qui s'élève jusqu'à la base du toit du vaisseau principal nef-chœur abrite un long escalier à vis permettant d'atteindre les combles et le toit du long vaisseau.
Ce vaisseau principal est flanqué sur toute sa longueur de très robustes arcs-boutants à deux volées s'appuyant sur de massifs contreforts peu ornés. De l'ensemble, destiné à assurer la stabilité sans faille de l'édifice, se dégage une grande impression de force et de solidité.
Soutenu par quatre arcs-boutants, deux à l'est et deux à l'ouest, le croisillon nord du transept est également dépourvu de portail vraiment digne d'intérêt. Son portail se situe non pas à l'extrémité du croisillon, mais sur sa face orientale. Le mur de fond ou d'extrémité du croisillon est orné en sa partie supérieure d'une rosace inscrite dans un arc brisé. A sa base, les écoinçons sont garnis de quatre lancettes. Le tout est surmonté d'un pignon orné d'un oculus aveugle.
La partie inférieure de cette façade, presque entièrement aveugle, percée de quatre méchants orifices rectangulaires grillagés et voisinant un gros mur en ruine, donne une triste impression de délabrement.
La plus grande partie de la cathédrale est couverte d'ardoises. Seule la grande chapelle ronde qui flanque le croisillon sud du côté sud-est, est couverte de tuiles polychromes du plus bel effet.
La base de ce toit est longée par une longue galerie qui contourne le chevet à l'est et se prolonge à l'ouest jusqu'à la tour. Elle est flanquée d'une balustrade.
Comme la grande façade occidentale, le chevet n'est pas particulièrement attractif au premier abord. Les hautes baies des chapelles rayonnantes, dotées de vitraux, sont séparées par des contreforts très saillants mais peu élégants.
Les arcs-boutants du chevet de la cathédrale de Soissons sont particulièrement intéressants du point de vue de l'évolution de la construction gothique. Ils sont à double niveau et contrebutent la partie supérieure du chœur. Ils s'appuient extérieurement sur de grandes culées lourdes et massives. Leur tête (partie supérieure) vient s'appuyer contre des piles portées par des colonnes engagées dans le mur. Il est intéressant d'observer que le dernier claveau de chacun des deux arcs n'est pas engagé dans la pile et reste libre de glisser dans le cas où la voûte ferait un mouvement par suite d'un tassement des points d'appui verticaux, faute de quoi les arcs-boutants se briseraient.
L'arc-boutant supérieur prend appui sur la partie de la pile du chœur située au-dessus du centre de poussée des voûtes, là ou s'exerce la partie supérieure de la poussée. Il en va de même de l'arc-boutant inférieur qui contrebute la voûte au niveau de la partie inférieure de la poussée. L'ensemble de ces deux arcs-boutants assure une stabilité maximale aux voûtes de l'édifice. C'est une innovation importante qui sera perfectionnée à Notre-Dame de Chartres, cathédrale dont l'épaisseur et donc le poids des voûtes sont très importants.
Contrairement aux arcs-boutants construits ultérieurement (Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Paris, et d'autres), le chaperon de l'arc-boutant supérieur ne sert pas encore de canalisation pour conduire les eaux des chéneaux du toit de l'édifice vers l'extrémité inférieure de l'arc, et donc les sommets des culées ne sont pas encore dotés de gargouilles.
L'ensemble très ramassé de ce chevet donne une impression de robustesse et de solidité à toute épreuve. Il n'est guère difficile de se convaincre que la cathédrale est capable de défier encore bien des siècles.
![]() Le chevet, à l'est de la cathédrale. Remarquez la robustesse des arcs-boutants et la puissance des culées massives sur lesquels ils s'appuient. Ces arcs-boutants sont à double niveau. C'est une innovation importante qui sera perfectionnée à Notre-Dame de Chartres. |