Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet | |||
---|---|---|---|
| |||
Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région | Île-de-France | ||
Département | Paris | ||
Ville | Paris Ve | ||
Culte | Catholique (traditionaliste) | ||
Type | Église paroissiale | ||
Rattaché à | Archidiocèse de Paris mais occupé depuis 1977 par des catholiques traditionalistes | ||
Début de la construction | 1658 | ||
Fin des travaux | 1703 | ||
Style(s) dominant(s) | Classique | ||
Localisation | |||
| |||
modifier |
L'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet est située à Paris 23, rue des Bernardins à l'angle de la rue Saint-Victor dans le 5e arrondissement, dans le quartier Saint-Victor, à côté de la Maison de la Mutualité.
Depuis le 27 février 1977, date de son occupation par la force par des proches de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, fraternité dont elle dépend officieusement depuis lors, cette église constitue le principal lieu de culte parisien du mouvement catholique traditionaliste — parfois qualifié d'« intégrisme » — ainsi que, dans une certaine mesure, de la frange catholique de l'extrême droite française.
« Au Moyen Âge, la dernière rue qui s'ouvrait, après la place Maubert, à l'est, était la rue Saint-Nicolas-du-Chardonnet ; elle courait devant le monastère des Bernardins, qui s'étendait jusqu'à la porte de la Tournelle... ».
L'église est bâtie sur un lieu rempli de chardons, situé entre la Bièvre et la Seine, sur le fief du Chardonnet (Terre d'Alez) dépendant auparavant de l' abbaye Saint-Victor de Paris. Les vignes, les clos et les jardins avaient remplacé les chardons, et la terre dépendant en censive de l'abbaye de Tiron, de Sainte Geneviève et de Saint-Victor. À la fin du XIIe siècle, l'enceinte de Philippe Auguste scinde en deux ce clos : au-delà le faubourg Saint-Victor, en deçà les terres de cette église, celles du collège du cardinal Lemoine construit par les ermites de Saint Augustin, et les Bernardins échangé au Moines de Clairvaux. Il allait jusqu'à la rue du Fossé Saint Bernard, du nom du fossé construit. La Bièvre formait la limite du clos. Les moines de Saint Victor avaient construit un canal couvert pour alimenter leurs terres qui plus tard passait devant l'église de Saint-Nicolas sous des arcades et drainait aussi les eaux usées.
Philippe-Auguste fait construire une enceinte qui divise en deux tronçons extra/intra muros le très grand clos du Chardonnet en friche. En 1230 est institué un octroi de cinq quartiers de terre in cardoneto, in censivo sua. En avril 1243, l'abbaye Saint-Victor cède de nouveau 432 toises de terre in censiva in cardoneto. Enfin, en 1246, cinq arpents de terre sont achetés à la même abbaye, là où furent construits le collège des Bernardins francs de champs, de cens et de justice puis trois autres arpents.
Construite au XIIIe siècle, l'église présente un clocher reconstruit en 1625, alors que l'ensemble de l'église actuelle est rebâti entre 1656 et 1763, notamment par Jacques Lemercier.
Les historiens ne s'accordent pas sur la date de la construction de la première chapelle « Saint Nicolaï ».
En 1230, lorsque le clos du Chardonnet fut englobé dans l'enceinte de Philippe Auguste, Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris, ayant obtenu de l'abbaye Saint-Victor cinq pieds de de terre pour une chapelle et un presbytère,il y fit bâtir la chapelle Saint-Bernard-du-Chardonnet, devenue vraisemblablement le Collège des Bernardins, le saint Abbé Bernard de Clairvaux étant passé là durant sa vie. En fait certains historiens considèrent ce passage de vente de « cinq pieds de terre » comme la première mention d'une paroisse St Nicolai, seul l'abbé Leboeuf fait remarquer qu'au dos de la Charte figure la mention d'une chapelle Saint-Bernard. Cette chapelle reconstruite sur le fief (ou clos) du Chardonnet, anciennement Saint-Nicolas près du Puits, - l'endroit se serait peuplé en peu de temps- fut érigé en église et « Paroisse Saint-Nicolai », en 1243 selon un acte de cession d'une pièce de terre près de la Bièvre. En fait, pour arroser leurs terre d'Alez, les moines de Saint-Victor avaient construit un canal artificiel alimenté par la Bièvre sur lequel il y avait alors un petit pont pour passer. Ce canal couvert d'arcades entoura ensuite la nouvelle église. D'après d'autres interprétations, il existait donc, déjà, une paroisse, un cimetière, un prêtre et des paroissiens de Saint-Nicolas.
Le 12 avril 1246, on trouve un acte de vente, suivi d'un autre acte du 10 mai 1260, une charte d'achat à Reginald II Archevêque de Paris, par Henri Flaming bourgeois de Paris, d'un terrain vague et désert, situé sur la rive de la Seine près de l'emplacement occupé par les moines Bernardins destiné à l'édification d'une grande demeure (édifice) en pierre qui pourrait être une église Saint Nicolas.
L'église fut dédiée à saint Nicolas et sainte Catherine d'Alexandrie, et les jours de leur fête étaient chômés : l'assistance à la messe et les offices étaient obligatoires. L'église était sans doute reliée à l'Université installée dans le Quartier Maubert Saint-Victor depuis le Moyen-Age et dont les nombreux collèges( au XVII ° siècle 51 collèges dans Paris dont un seul rive droite ) étaient proches, puisqu'un ancien sceau (sigillum) de l'Université représentait la Vierge siégeant sur un trône, entourée de ces deux saints. L'Université de Paris était en 1614, invitée à se rendre à la fête paroissiale de Saint Nicolas, en grands habits, fête de leur saint patron.
Le culte de Saint Nicolas de Myre existait déjà dans la capitale : « À Paris, la première chapelle du Palais (île de la Cité), fondée par Robert le Pieux (996-1031), restaurée par Louis VI le Gros et détruite par saint Louis pour édifier la Sainte-Chapelle, était dédiée à saint Nicolas. Le Parlement de Paris, à sa rentrée annuelle, entendait sa messe rouge célébrée à l’autel de saint Nicolas qui était l’un des patrons des juristes et des avocats autant que celui des bateliers ; le président de la confrérie des avocats du palais prit le nom de bâtonnier parce qu’il tenait un bâton surmonté d’une effigie de saint Nicolas. Une lettre du roi de France Philippe VI (avril 1342) atteste que, lors des cérémonies de la confrérie de Saint-Nicolas, le bâtonnier de l’ordre des avocats portait le bâton de saint Nicolas. Ceci éclaire les raisons de la construction ou bien (selon les historiens) l'agrandissement d'une église dédiée à Saint-Nicolas en 1243 à côté de la Chapelle Saint Bernard : en 1242, on détruisait la Chapelle Saint-Nicolas sur l'Île de la Cité, pour construire la Sainte Chapelle abritant la Couronne d'épines ramenée de Terre Sainte par Saint Louis ; on a donc bâti, plus loin, sur le Clos du Chardonnet, peut-être en raison des épines des chardons évoquant eux aussi la Couronne d'épines, une église particulière dédiée à ce saint, peut-être aussi en raison de la proximité de la Seine et de ses bateliers ou marins fluviaux, dont il est le patron, comme à Strasbourg par exemple.
On trouve plus tard mention d'une fabrique Saint-Nicolas in cardonetto à laquelle une bourgeoise lègue douze deniers en 1247. Le canal de la Bièvre, creusé par les moines de Saint Victor, passait alors juste devant l'église. Cette église primitive fut remplacée par une église plus grande, qui fut dédicacée plus tard, par Jean de Nanton, évêque de Paris, le 13 mai 1425. En 1545 on adjoignit à l'église plusieurs chapelles (de Notre-Dame, de Saint-Jean, de Saint-Jacques, de Saint-Honoré), le tout fut béni le 19 avril. Quant au clocher en forme de tour, il date de 1625 et garde gravée dans la pierre le nom de l'architecte, Charles Contesse Juré du Roi.
Au XVIIe siècle, on décide de reconstruire l'église, en dirigeant son axe vers le nord faute de place à l'est occupé par le séminaire de Bourdoise. Le 29 mai 1656, les marguilliers arrêtèrent avec Michel Noblet et François Levé, architecte du roi, le devis général des travaux et l'échelon des prix à la toise et le même jour passèrent marché avec eux pour une première tranche de travaux (le chœur?) suivi d'autres marchés, le 2 mars 1959, puis en 1662 et 1667.
En 1656, on construisit donc une nouvelle église à côté de l'ancienne qui tombait en ruines. Cet édifice a été construit sur les dessins du peintre Lebrun de 1656 à 1690 : le 19 juillet 1656, Christophe Martin, conseiller du roi Louis XIV, contrôleur général de la Marine et ancien marguillier de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, pose dans le cimetière de l'ancienne église avec le curé Georges Froger, Guillaume Compaing et quelques paroissiens (Clermont-Tonnerre, d'Argenson) la première pierre d’une nouvelle église à laquelle travaille Charles Le Brun et dont Hardouin de Péréfixe de Beaumont fait la dédicace le 15 août 1667 ; la nef est achevée en 1716, la voûte posée en 1763, le maître-autel consacré par l’archevêque Christophe de Beaumont le 4 décembre 1768. Mais François Levé meurt le 12 juillet 1666 ; en 1667, les travaux exécutés ne sont pas encore payés. Il reste à construire les travées de la nef encore occupée par l'ancienne église. En 1668, le maçon Jean Bailly donne l'alignement d'une place récemment acquise par la fabrique (conseil financier de la paroisse) par le séminaire, derrière le chœur de l'ancienne église. Plusieurs lots et gains de loteries royales, notamment le mardi 20 juillet 1703 « en faveur du bâtiment de Saint-Nicolas-du-Chardonnet » et en1763, malgré leur peu de succès, permirent de finir de construire l'église et sa façade , financée en grande partie parMarc-René de Voyer de Paulmy d'Argenson.
Elle comporte une tour carrée latérale. C'est une des rares églises du XVIIe siècle qui ne soit pas orientée vers l'est. François-Henri Clicquot est le facteur du grand orgue dont le buffet date de 1725.
En 1862, le percement du boulevard Saint-Germain suite aux grands travaux de modernisation de Haussmann nécessite le remaniement de l'abside par Victor Baltard. La façade donnant sur la rue Saint-Victor n'est enfin construite qu'en 1934.
Carte de Paris et situation du Clos du Chardonnet avec indication de l'emplacement de l'ancienne et de la nouvelle église saint Nicolas du Chardonnet (avant/après 1242). Belleforest, 1575 | Clos du Chardonnet) détail. Belleforest, 1575 | ||
Vitrail et arcade de l'ancienne église saint-Nicolas-du-Chardonnet | Saint-Nicolas-du-Chardonnet juste avant la mort de son curé Hippolyte Féret, plan de Bullet, 1676 | ||
Turgot 5hh.JPG Église et rue Saint Nicolas du Chardonnet, plan de Turgot, 1730 | Plan Verniquet du district, 1790 |