Église Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz - Définition

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Bibliographie

  • Marie-Thérèse Baudry, Les premiers monuments chrétiens de la France.
  • François Heber-Suffrin, Saint-Pierre-Aux-Nonnains.
  • Xavier Delestre, Saint-Pierre-Aux-Nonnains. De l'époque romaine à l'époque gothique, Éditions Imprimerie Nationale (collection "Guides archéologiques de la France"), Paris, 1988 .
  • R. Will, Étude archélogique et historique de Saint-Pierre aux Nonnains à Metz (Moselle), 1972.
  • Friedrich Oswald, Vorromanische Kirchenbauten, Katalog der Denkmäler bis zum Ausgang der Ottonen, coll, Zentralinstitut für Kunstgeschichte, Munich, 1967-1969, vol. 2, pages 214-215. ISBN 379131548X
  • Friedrich Oswald, in K. Hauck, Frümittelalterliche Studien, Münster, 1967, vol. I, pages 156-169.
  • E. Knitterscheid, Trierer Zeitschrift, 1899, pages 194-216.

Architecture

Plan et caractéristiques générales

L’église du monastère est installée dans une salle à une seule nef, mesurant extérieurement 36,8 mètres par 2 mètres. À l’est, elle est dotée d’une abside extérieurement polygonale et semi-circulaire de l’intérieur, large de 9,85 mètres et profonde de 5,1 mètres. La salle est accessible à l’ouest par une porte monumentale.

L’abbaye subit plusieurs modifications, au cours des VIIe et VIIIe siècles notamment.

Au VIIe siècle :

  • transformation de l’église ;
  • l’abside est définitivement occultée, obturée par la construction d’un mur actuellement noyé dans la construction médiévale ;
  • création d’un chœur surélevé et profond de 10 m à l’est de la salle ; une plate-forme similaire, mais plus étroite, occupait certainement le revers de la façade occidentale ;
  • le mur de soutènement de la plate-forme orientale a peut-être supporté un premier chancel (un sol correspondrait en effet à ce remaniement à 45 cm au-dessus du béton romain) ;
    • la salle rectangulaire est divisée transversalement en trois parties de superficies inégales ;
  • la façade est recouverte d’un enduit rouge.

Au VIIIe siècle :

  • le chancel est installé.

Le chancel

Constituée de douze plaques et vingt-et-un piliers en calcaire blanc ou jaune, cette barrière de pierre séparant le chœur des fidèles est relativement bien conservée, ses plaques ayant été protégées car scellées dans les piliers, face sculptée vers l’intérieur.

Les plaques ont une hauteur de 1,09 à 1,10 m en hauteur, de 50 à 74 cm en largeur et de 18 à 24 cm en épaisseur. La hauteur des piliers est de 1 à 1,10 m.

L’assemblage se fait par des languettes dans les plaques correspondant à des rainures dans les piliers, c’est-à-dire par un système tenons et mortaises. Un des piliers présente trois mortaises, ce qui laisse penser au départ d’un couloir à cet endroit et ce qui prouve la présence d’un plan non rectiligne.

La technique utilisée pour la réalisation des décorations est le semi-méplat, le relief étant constitué de deux plans parallèles, celui du fond, évidé, et celui de la surface des formes, reliés l’un à l’autre par une surface courbe.

Les éléments décoratifs témoignent d’une inspiration variant de motifs paléochrétiens à un art « barbare ». Ces derniers sont de trois sortes :

  • tout d’abord sont présentes des représentations végétales : arbre de vie sortant d’un calice, palmettes, rinceaux, terminés parfois par une tête de serpent ;
  • ensuite viennent les décors géométriques, constitués d’arcades, de damiers…
  • pour finir, les entrelacs animaliers, faits de serpents surtout. Le corps est constitué d’un ruban composé, dont la tête en « canard » marquée d’un œil à l’orbite circulaire traitée en relief.

Le chancel présente également le Christ : placé entre deux piliers supportant un arc en mitre, nimbé et vêtu d’une longue tunique à encolure carrée et d’une toge, il présente sa main droite, et tient, dans la gauche un disque. Diverses interprétations sont proposées à ce sujet : une première voudrait que la main soit levée en signe de bénédiction et que le disque soit issu d’une symbolique du pouvoir. On peut aussi y voir une représentation de l’Eucharistie, le vin étant alors symbolisé par un calice sans pied et le disque correspondant au pain de la consécration. Parfois, le disque est analysé comme étant une fibule.

Restauration

Elle a posé de nombreux problèmes, en partie de part sa très riche et très longue utilisation. Des aménagements variés et continuels se juxtaposent, il suffit de constater la transformation de palestre, à thermes, à palais aulal, abbaye bénédictine, église, caserne militaire puis salle d'actions artistiques.

Pour mettre à jour ces utilisations, les fouilles commencèrent en 1897-1898 par E. Knitterscheid dans St-Pierre de la citadelle une caserne militaire sur deux étages; citadelle du XVIe siècle aménagée de façon continue jusqu'au XIXe siècle et dédié cet usage jusqu'à l'après deuxième guerre mondiale.

La deuxième phase de fouilles est entreprise par Ludwig Reusch, 1942-1944, qui trouve un édifice de construction romaine de 36,5 m sur 21,5 m avec une élévation de 20m. Elle avait une abside semi-circulaire en face interne et polygonale depuis l'extérieur. les murs, 1,26 m d'épaisseur, en pierre de calcaire et de petit appareil avec des chaînages de briques, le mur oriental ayant été fort remanié.

Niveaux de construction : Romain, Gallo-romain, Roman 1, Roman 2, Gothique et Actuel

Une troisième phase, française, par J.-J. Hatt, en 1959-1960 et C. Heitz en 1964 et enfin de R. Will en 1975 mettent au jour des parties plus anciennes et d'utilisation laïque, sous l'édifice et devant la façade occidentale, villa romaine, palestre, thermes.
Il est alors proposé que ce fut une bâtisse aula palatina à l'image de celle de Trêves, sous Constantin en 310, l'utilisation du bâtiment reste floue jusqu'à des traces écrites de Otton Ier et la création d'une abbaye béndictine pour femmes dédiée à Saint-Pierre. Puis des traces écrites de travaux, bien courtes, sous Adalbéron II font penser que la majeure partie des transformations seraient de cette époque. L'apparition d'une salle, peut-être capitulaire, mise à jour par R. Will en 1977, au nord daterait de cette phase de remaniement. Ensuite des travaux du XVe siècle amènent deux murs d'un cloitre au nord et au sud un mur percé d'une baie et de deux lancettes ainsi que des modifications des colonnades de la nef.
Avec le siège , par Charles Quint en 1552, la part militaire prend le dessus, des ouvertures, escaliers et une refonte du toit, pour la commodité des mouvements et des stockages. Les archives écrites sont toutefois assez rares. L'armée abandonnera le bâtiment en 1920.

La question se pose donc, dans les années 1970, comment envisager la restauration du bâtiment ? Comment faire, ne rien démolir et ne rien ajouter comme il était envisagé ?
La part romaine est faible, la part romane importante est rare en France dans le style ottonien, la part gothique dénaturée par les travaux du XVIe.
Il est transigé par démolir le moins possible et rebâtir avec parcimonie, l'idée étant de remettre en valeur un équilibre esthétique cohérent. L'allure générale d'une église ottonienne en sur-élevant la toiture, de rares vestiges romains, des traces des aménagements militaires en gardant les structures des ouvertures dans le mur, des volontés de maintient d'une part de l'apport gothique avec les qualités du chant grégorien pour l'usage artistique actuel.

C'est donc une nouvelle métamosphose qui fait renaitre cet édifice, qui fut une des plus ancienne église de France et qui retrouve une aura d'importance par une vie culturelle au coeur de la ville de Metz.

Intérêt de l’édifice

Ce bâtiment religieux de la période des VIIe et VIIIe siècles illustrent l’acculturation lisible dans la décoration du chancel, à mi-chemin entre paganisme et christianisme. L’on peut remarquer la permanence de signes de la culture romaine à travers la civilisation barbare, l’édifice ayant trouvé une affectation nouvelle à cette période. Les problèmes liés à la datation sont également partie intégrante de cette période. Enfin il est possible d’étudier les relations entre religion et royauté, matérialisées par la mention de l’abbaye sur des actes officiels liée au rôle de la cité dans la réforme carolingienne.

Cet édifice conserve le témoignage multiple des évolutions successives esthétiques et historiques : styles ottonien, gothique, puis son intégration à la citadelle militaire dans laquelle il est forclos lorsque la ville devient une place forte défendant le royaume de France.

Il est maintenant intégré à l'Arsenal (salle de spectacle) par Ricardo Bofill en 1989, et continu ainsi sa mutation tout en existant toujours en tant qu'entitée.

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