Escargot de Quimper - Définition

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Protection

Statut légal

L'escargot de Quimper fut, dès 1979, l'une des premières espèces de mollusques à bénéficier d'un statut de protection sur le territoire français. En dépit d'interrogations sur la pertinence d'une telle mesure au vu de sa relative abondance dans son aire de distribution, en Bretagne en particulier, ce statut lui a été conservé depuis lors. L'arrêté du 23 avril 2007 confirme l'interdiction portant sur « la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou l’achat, l’utilisation, commerciale ou non, des spécimens prélevés dans le milieu naturel », que ce soit sur le territoire français ou sur celui d'autres États membres de l’Union européenne.

À l'échelon européen, l'espèce figure en outre sur les annexes II et IV de la Directive habitats. L'annexe II dresse la liste des espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation. L'annexe IV fixe la liste des espèces animales et végétales d'intérêt communautaire pour lesquelles les États membres doivent prendre toutes les mesures nécessaires à une protection stricte.

L'escargot de Quimper est également concerné par l'annexe 2 de la convention de Berne, un texte entré en vigueur en 1982 qui vise à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.

État des populations

Prédation

Partageant le même habitat, le carabe à reflet d'or est un prédateur régulier de l'escargot de Quimper en Bretagne.

Les prédateurs potentiels de l'escargot de Quimper et de ses pontes sont les consommateurs classiques d'escargots et de limaces : hérisson, grive musicienne, crapaud commun, salamandre tachetée, carabes, ver luisant... La salamandre et plusieurs espèces de carabes sont particulièrement concernés puisque partageant très précisément le même type d'habitat qu'Elona. Fortement spécialisés dans la prédation des escargots, les carabes du genre Cychrus ainsi que le carabe à reflet d'or s'y attaquent, et l'on trouve occasionnellement des coquilles de l'escargot de Quimper autour des « forges » de la grive musicienne. Ce type de prédation constitue toutefois un facteur classique de régulation, et il est peu probable qu'il affecte significativement la santé des populations.

Facteurs de fragilité

D'une manière générale, l'espèce n'est pas considérée comme réellement menacée, ni sur le territoire français, ni sur le territoire espagnol. On reconnaît toutefois que sa forte dépendance vis-à-vis de boisements de feuillus peu ou pas dégradés constitue un facteur de fragilité de ses populations, voire d'extinction de populations isolées comme celle de La Rioja, puisque ces habitats sont eux-mêmes menacés ou susceptibles de l'être. Sur ces bases, certains experts considèrent que le niveau de protection réglementaire actuel ne se justifie pas, que ce soit à l'échelle française ou européenne : ils préconisent plutôt son inscription en Annexe V de la directive Habitats (espèces dont le prélèvement dans la nature est susceptible de faire l'objet de mesures de gestion). Du côté espagnol, ils recommandent l'inscription d'Elona quimperiana au Catalogue national des espèces menacées, dans la catégorie des « espèces d'intérêt spécial ». Ces constats concordent avec le fait que, bien qu'ayant fait l'objet d'une évaluation sur sa vulnérabilité, l'escargot de Quimper ait été classé dans la catégorie « préoccupation mineure » sur la Liste rouge de l'UICN.

Menaces

Le réseau de haies et de talus boisés du bocage joue le rôle de corridor biologique.

L'évolution récente des paysages et des pratiques forestières dans la majeure partie de son aire de répartition pourrait malgré tout conduire à nuancer cet optimisme relatif. Deux types de transformation touchent en effet l'habitat naturel d'Elona quimperiana : la fragmentation des boisements de feuillus et le remplacement de ceux-ci par des plantations d'essences allochtones qui ne lui conviennent pas.

Remembrement

En Bretagne, les travaux connexes du remembrement rural ont conduit à la disparition d'un kilométrage considérable de haies et de talus boisés : en 1997, le linéaire régional de haies et de talus était encore de 251 000 km selon la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt, alors que l'on estime à plus des deux-tiers les suppressions de talus et de taillis depuis 1960.

L'escargot de Quimper est concerné de deux manières par ce processus. Dans la partie la plus occidentale de la Basse-Bretagne, il est susceptible d'habiter les taillis et talus boisés, et leur suppression réduit d'autant son habitat. Par ailleurs, la disparition du linéaire boisé du bocage supprime les corridors biologiques qui accroissent les possibilités d'échanges entre populations et les probabilités de colonisation ou de recolonisation.

Plantations
Le sous-bois des plantations d'eucalyptus est totalement impropre aux exigences de l'escargot de Quimper

Le boisement à partir d'essences étrangères est susceptible de modifier profondément le fonctionnement de l'écosystème local. C'est le cas pour les résineux en Bretagne et les eucalyptus dans le nord de la péninsule ibérique. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de plantations denses sur de vastes surfaces.

Alors que la flore bretonne ne comportait originellement que deux espèces de conifères, l'if et le genévrier, les plantations de résineux (essentiellement épicéa de Sitka, sapin de Douglas et pins) représentaient plus de la moitié de la surface boisée en 1981. Si la tendance actuelle est à un certain rééquilibrage, en particulier à la suite de la tempête de 1987, les résineux occupaient encore 38 % de la surface boisée bretonne en 1998.

D'une manière générale, dans les conditions naturelles en zone tempérée, la diversité floristique et faunistique des forêts de résineux est déjà moindre que celle des forêts de feuillus. Cette tendance s'aggrave dans les plantations de résineux que l'on substitue aux forêts feuillues climaciques d'origine. Persistance au sol d'une litière de feuilles (aiguilles dans le cas des conifères) que la faune et les microorganismes locaux ne sont pas équipés pour recycler rapidement, raréfaction et modification de la flore, mousses en particulier, réduction de l'humidité ambiante, tels sont les principales altérations que connaissent les sous-bois de ces forêts de substitution. Tous ces facteurs vont dans le sens d'une dégradation de l'habitat dont dépend étroitement l'escargot de Quimper ; il est donc exceptionnel de le rencontrer dans ces plantations.

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