Gaz moutarde | |||
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Général | |||
Nom IUPAC | |||
Synonymes | sulfure de 2,2'-dichlorodiéthyle | ||
No CAS | |||
PubChem | |||
SMILES | |||
InChI | |||
Propriétés chimiques | |||
Formule brute | C4H8Cl2S | ||
Masse molaire | 159,077 ± 0,013 g·mol-1 | ||
Propriétés physiques | |||
T° fusion | 13,5 °C | ||
T° ébullition | 216 °C | ||
Solubilité | 684 mg·l-1 dans l'eau à 25 °C | ||
Pression de vapeur saturante | 0,11 mmHg à 25 °C | ||
Précautions | |||
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Groupe 1 : Cancérogène pour l'homme | |||
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Le gaz moutarde est un composé chimique cytotoxique, vésicants avec la capacité de former de grandes vésicules sur la peau exposée.
Il a été particulièrement utilisé comme arme chimique pendant la Première Guerre mondiale.
Sous sa forme pure et à température ambiante, c'est un liquide visqueux incolore et sans odeur qui provoque des cloques sur la peau. Il attaque également les yeux et les poumons.
Son nom vient d'une forme impure du gaz moutarde dont l'odeur ressemblait à celle de la moutarde, de l'ail ou du raifort. Il est aussi nommé parfois ypérite (dérivé du nom de la ville d'Ypres (Ieper) en Belgique où il fut pour la première fois utilisé au combat le 11 juillet 1917), moutarde au soufre, Kampfstoff LOST, ou gaz LOST. Il peut être létal mais sa première fonction est d'être très fortement incapacitant.
Sa première synthèse connue remonte à 1860 et fut réalisée par Frederick Guthrie, mais il est possible que ses premiers développements remontent à César Despretz aux alentours de 1822.
V. Meyer publia un article en 1886 expliquant une synthèse produisant un bon rendement.
L'abréviation allemande LOST provient de la combinaison des noms de LOmmel et STeinkopf qui développèrent un procédé de production en masse pour l'utilisation militaire alors qu'ils travaillaient pour l'entreprise allemande Bayer AG.
En urgence, les alliés découvrirent que le chlorure de soufre, se fixant sous pression sur l’éthylène, permettait une fabrication trente fois plus rapide que celle du procédé allemand. Ce fut un facteur essentiel pour gagner la seconde bataille de la Marne.
Chien portant masque à gaz. En 1914-18, des chiens étaient utilisés comme mascotte, comme animal de trait, pour transporter des plis, ou par les services sanitaires pour signaler les blessés. On a tenté de les protéger comme les chevaux par des masques, quand ils ne servaient pas de cobayes (cf. témoignage ci-contre). | L'ypérite attaque prioritairement les muqueuses humides (poumons, lèvres), la peau moite et les yeux, rendant les victimes aveugles, ce qui complique encore leur prise en charge et les soins. |
« A 4h. corvée de chiens. C'est ainsi que l'on nomme la corvée qui consiste à mener au champ de tir des chiens pour les asphixier à obus asphixiants. Donc à 4h. nous 17 types allons au chenil chercher 34 chiens (2 chiens chacun). Il y en avait 3 de très chics surtout un épagneul. Nous les conduisons en voiture au champ de tir.
Là nous les attachons dans deux tranchées distantes de 20 m. après le repérage et le réglage par quelques coups. Les chiens prêts, une dizaine de camions automobiles et des autos arrivent chargés d'officiers depuis les généraux jusqu'au sous-lieutenant. Lorsque tout le monde s'en est allé à 50 et 20 m. en hauteur, les tirs commencent. Alors les 75 commencent des coups secs. On en tire environ 100.
Tous les chiens ne sont pas morts en partie. Encore une vingtaine d'aboiements. C'est alors que les 155 se mettent à tirer. Un long sifflement puis un fort éclatement. Après 55 obus tirés, les tirs sont finis et n'étant pas très loin j'arrive un des premiers. Ils y avaient 5 survivants et 2 qui avaient réussis à se sauver pendant le tir.[...] Ce qui était épatant c'est que les généraux jusqu'au sous-lieutenant nous adressaient la parole comme je te parle. Les gaz ont une forte odeur de Kirsch. »