Une arme chimique est une arme utilisant des produits chimiques, toxiques pour les êtres humains. L'arme peut être létale ou simplement neutralisante, et peut se révéler toxique pour la faune et la flore.
La recherche et l'emploi d'armes chimiques s'inspirent de ceux d'armes biologiques, dont l'usage est très ancien. L'usage intense et la fabrication industrielle de ces armes se sont développés pendant la Première Guerre mondiale. La charge toxique (chlore dans un premier temps) a d'abord été diffusée sous forme gazeuse emportée par le vent vers l'ennemi, puis transportée par un vecteur (munition), généralement obus ou bombe, mais des grenades chimiques ont été utilisées au moins dès 1914-1918.
Les agents chimiques sont des armes de destruction massive. Ils peuvent être classé en trois catégories :
Quand ce type d'armes est destiné à être utilisé sur un périmètre important pour tuer de nombreuses personnes, elle est désignée comme arme de destruction massive, au même titre qu'une arme nucléaire.
Actuellement, ce type d'armes fait l'objet d'une interdiction par une convention entrée en vigueur en 1997, par laquelle les pays signataires s'interdisent leur utilisation et promeuvent leur destruction.
Au 20 novembre 2008, seuls les pays suivants n'avaient pas encore ratifié cette convention:
Grâce aux masques anti-gaz et à un assez mauvais pouvoir de dispersion, seuls 7 % des tués furent victimes de ces armes sur le front de l'Ouest contre 11 % de tués dans l'armée impériale russe mal équipés, mais elles ont fait de nombreux blessés, et on s'est rendu compte plusieurs décennies après que l'ypérite était également cancérigène, comme probablement les arsines et d'autres toxiques, qui pourraient par ailleurs être un facteur supplémentaire de risque pour la Maladie d'Alzheimer ou de Parkinson, ou responsables de troubles de la fertilité et de la reproduction. L'horreur inspirée par ces armes s'est traduite par des dispositions visant leur interdiction dans les traités internationaux, dont notamment l'article 171 du Traité de Versailles et l'article V du Traité relatif à l'emploi des sous-marins et des gaz asphyxiants en temps de guerre qui prohibent l'usage des gaz toxiques, sans paradoxalement en interdire la fabrication et le stockage en masse, qui fut une réalité jusqu'à la fin de la guerre froide dans nombre de nations.
Selon les historiens Seiya Matsuno et Yoshiaki Yoshimi l'empereur Showa autorisa en dépit de ces traités et dès 1937, durant la guerre sino-japonaise, l'usage d'armes chimiques contre les troupes ennemies et les populations civiles. À titre d'exemple, des gaz toxiques furent autorisées à 375 reprises par le prince Kotohito Kan'in lors de la bataille de Wuhan, d'août à octobre 1938, et ce, en dépit de la résolution du 14 mai de la Société des Nations condamnant l'usage de gaz toxiques par l'armée impériale japonaise. Ces armes ne furent toutefois jamais autorisées sur le champ de bataille contre des nations occidentales mais seulement contre les populations locales jugées "inférieures" et des prisonniers de guerre.
Dès 1937, l’Allemagne exploite les propriétés neurotoxiques d'un insecticide organophosphoré, le tabun ; puis en 1939, le sarin ; et en 1944, le soman. Après guerre, les amitons furent développés, les trois derniers produits agissant même à travers l’épiderme. L’ypérite a continué à être utilisé dans des conflits «périphériques» malgré les dénégations de leurs utilisateurs.
Les infrastructures de production d'engrais et de pesticides ont respectivement pu fournir de grandes quantités d'explosif (nitrates) et de neurotoxiques et autres produits chimiques pour la guerre. Le non-emploi des produits stockés, pendant la Seconde Guerre mondiale est mal expliqué : efficacité du Protocole de Genève? Les allemands pensaient-ils que les alliés avaient eux aussi découverts les organophosphorés? Il a en tous cas laissé des stocks importants qui attendent qu'on les traite ou qui n'ont pas jusqu'à un passé récent été correctement éliminés (c'est-à-dire éliminés sans impacts écologiques ou sanitaires ni définitivement pour les toxiques non dégradables).
Depuis, de nombreux pays ont fait des recherches sur les possibilités d'utiliser des produits chimiques dans le cadre militaire. Ils ont donc développé, étudié et stocké des quantités, parfois très importantes, de ces substances toxiques qui sont souvent très délicates à détruire.
L'utilisation d'armes chimiques après la Seconde Guerre mondiale fut relativement limitée mais la guerre Iran-Irak vit l'utilisation massive de ces armes par l'Irak, on estime que ces attaques chimiques ont causé 60 000 victimes iraniennes, dont 10 000 morts.
Le 16 mars 1988, l'armée irakienne a bombardé à l'arme chimique la ville kurde d'Halabja, il y eut plus de cinq mille morts et environ sept mille blessés et handicapés à vie.
On a vu la crainte d'un terrorisme chimique se concrétiser avec les attentats au sarin commis au Japon par la secte Aum Shinrikyo en 1994 et 1995. Depuis janvier 2007, on assiste durant la guerre d'Irak à des attentats à l'explosif combiné avec du chlore contre la population.