Grand Palais (Paris) - Définition

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Fermeture et renaissance

Les mesures conservatoires

Travaux sous les filets de la grande nef (2002)

L'alerte est donnée en juin 1993 après le détachement d'un élément de rivetage depuis une hauteur de près de trente-cinq mètres lors d'une exposition consacrée au design.

Le ministre de la Culture d'alors, Jacques Toubon, prend la décision de fermer « provisoirement » le lieu en novembre de la même année en raison du danger que représente la chute de nouveaux rivets sur le public.

La pose de filets accrochés sous la verrière (voir photographie ci-contre) et la convocation d'experts pour pallier cette situation ne suffisent pas pour maintenir l'ouverture au public. Seuls et après de nécessaires travaux de sécurité, les Galeries nationales et le Palais de la Découverte sont à nouveau disponibles. L'utilisation de la nef s'interrompt pendant douze longues années.

Les pathologies rencontrées

Des désordres se manifestent tout au long du XXe siècle et depuis le début même du chantier, dans la zone sud de la grande nef. En cours de construction, ces imprévus sont d'autant plus graves qu'il n'est pas question de repousser la date de livraison du Grand Palais.

Le comportement des maçonneries et de la charpente métallique provient de plusieurs facteurs :

  • Les fondations de l'édifice, pour partie constituées de pieux battus en chêne soutenant des massifs de pierre ou de béton de chaux, sont soumises à des variations et un abaissement progressif de la nappe phréatique. Dû à des campagnes de travaux de réaménagements successives de la voirie et du quai en bordure de Seine, ce phénomène provoque un délavage puis un pourrissement des têtes de poteaux mis en contact avec l'oxygène de l'air. L'affaissement contraint les concepteurs à augmenter d'abord le nombre des pieux pour ensuite rectifier légèrement les maçonneries et le profil de la charpente dans lesquels se répercutent les mouvements du sol. Près de trois mille quatre-cents poteaux sont finalement installés, mais tous sont loin d'atteindre le « bon sol ». Cette couche géologique stable se situe, au sud, à une profondeur de quinze mètres.
  • La nature alluvionnaire du terrain et sa tendance naturelle à glisser vers le lit de la Seine.
  • Les accrochages réalisés directement sur la structure métallique, au gré de réalisations d'imposants décors ou d'expositions, tel le Salon de l'Aéronautique où ballons et avions sont parfois présentés en suspension. A lieu ainsi un vieillissement prématuré de plusieurs éléments métalliques.
  • L'utilisation du Grand Palais pour des présentations hippiques a pour conséquence une altération du pied de plusieurs piliers en raison de l'acidité du sol absorbant l'urine des chevaux.
  • L'emploi majeur de lamelles rivetées en acier dans la conception de la structure métallique au lieu d'éléments en fer comme pour la tour Eiffel. Ce matériau est, à l'époque du chantier, moins souple et se dilate moins que celui fabriqué aujourd'hui (rappelons que cet assemblage de plus de deux-cents mètres ne comporte aucun joint de dilatation).
  • Les déformations de membrures et d'autres éléments dues aux tassements différentiels et ensuite au poids de la coupole du dôme.
  • Les premières fissures apparaissant, les fuites d'eau à travers la verrière provoquant une lente corrosion du métal.

Au cours des études précédant les récents travaux de reprise en sous-œuvre, les calculs évaluent l'affaissement des massifs de fondations de l'aile sud à près de 14 cm et une variation de hauteur, dans la partie métallique de l'ouvrage, à 7 cm. Ces valeurs, d'apparence négligeable, ont été suffisantes pour provoquer des dégâts structurels considérables.

Les premiers travaux de confortation

Des remblaiements ou injections de matériaux de natures diverses ont commencé très tôt et se sont poursuivis à différentes périodes de la vie du monument pour combler les vides entre le niveau bas de l'édifice et celui du sol continuant à s'affaisser. En 1940, les troupes d'occupation allemandes installent véhicules et matériels divers dans la nef. S'apercevant de la fragilité des lieux, elles décident d'injecter plusieurs tonnes d'un coulis de béton dans le sous-sol, stabilisant un temps le terrain et les structures, mais alourdissant l'ensemble dans sa partie méridionale. Ainsi, les désordres iront en s'accélérant jusqu'à cette fameuse année 1993.

La campagne de restauration

La maîtrise d'ouvrage

La maîtrise d'ouvrage des travaux de restauration est assurée entre 2001 et 2007 par la Direction de l'architecture et du patrimoine (DAPA) du ministère de la Culture et de la Communication. Le mandat de maîtrise d'ouvrage est attribué à l'Établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels (ÉMOC). Par arrêté du 17 avril 2007 (pour une entrée en vigueur le 1er mai 2007), le monument « Grand Palais » a été attribué à titre de dotation à l'établissement public du Grand Palais. Ce dernier s'est substitué à l'EMOC pour assurer les travaux du Grand Palais afin de mener à terme la restauration de ce monument historique.

Programmation du chantier

Les travaux se sont déroulés en deux phases :

  • Première phase (Novembre 2001 – Août 2004) : reprise en sous-œuvre d'une partie des fondations accompagnée d'une dépose, remise en état et repose, de 2001 à 2004, des deux quadriges en cuivre repoussé et de leur armature en fer de Récipon.
  • Deuxième phase (2002 jusqu'à fin 2007) : réparation des murs et autres maçonneries fissurées, de la verrière et des couvertures déformées ou vétustes avec, depuis 2005, un ravalement des façades, une restauration de la grande frise extérieure en mosaïques et une seconde et dernière campagne de consolidations des fondations.

Le budget de ce chantier a atteint 101,36 millions d'euros (dont 72,3 pour la première phase). Le financement a été assuré grâce à l'État par l'intermédiaire du Ministère de la Culture.

Quelques chiffres

  • Les fondations :

Huit mille neuf-cents mètres carrés de parois moulées exécutées avec près de six mille six-cents mètres cube de béton, deux mille colonnes de jet grouting mises en place avec environ dix mille tonnes de ciment.

  • La grande nef :

Longueur de deux-cents mètres, largeur de cinquante mètres (de cent mètres entre l'entrée principale et le mur de fond du paddock), hauteur de trente-cinq mètres sous la charpente, quarante-cinq mètres de hauteur sous la coupole, soixante mètres jusqu'au campanile. La surface au sol atteint une superficie de treize mille cinq-cents mètres carrés.

  • La charpente métallique :

Poids au-dessus de la nef : six mille tonnes d’acier (six-cents tonnes remplacées pendant la première phase des travaux) soit un total de huit mille cinq-cents en comptant le Palais d’Antin. Nombre de rivets changés : environ quinze mille. Surface repeinte : cent-dix mille mètres carrés. Poids de la nouvelle peinture : soixante tonnes pour trois couches réalisées, soit pratiquement l'équivalent de deux mille pots de trente kilos.

  • Les différents vitrages :

Surface remplacée : treize mille cinq-cents mètres carrés pour la grande nef (seize mille mètres carrés avec les verrières latérales). Charge de vitrage neuf pour la nef, le paddock et les verrières proche des deux quadriges : deux-cents quatre-vingts tonnes de verre feuilleté (non compris soixante-cinq tonnes de double vitrage pour les galeries latérales situées en périphérie).

  • Les couvertures et les ouvrages de métallerie :

Linéaires remplacés : sept-cents cinquante mètres de chéneaux en plomb et cent-dix mètres en zinc, mille deux-cents mètres d'ornements en zinc estampé. Surface des terrassons en zinc : cinq mille deux-cents mètres carrés.

(Source : ÉMOC).

Petite histoire du vert « Réséda »

Avant même le commencement des premiers travaux de réhabilitation de la nef du Grand-Palais, s'est très vite posée la question du choix de la couleur à donner à la structure métallique, voire si la restitution de l'état initial était possible. Le temps ayant fait son œuvre, de nombreuses couches de peinture ont recouvert l'ensemble des éléments. La couleur visible en 2001 était proche du gris.

L'option de la restitution ne peut être envisagée qu'après de minutieuses études et analyses :

  • L'observation, après dépose des plaques rivetées portant le nom des entreprises ayant participé au chantier. Jamais enlevées, elles révèlent une teinte proche du vert clair.
  • L'analyse physico-chimique de prélèvements. Réalisés par le Laboratoire de recherche des monuments historiques (ou LRMH) de Champs-sur-Marne et à l'aide, entre autres procédés, de la microscopie électronique à balayage, les examens permettent de définir le nombre de campagnes de remise en peinture, les différents composants et pigments utilisés dans les diverses couches, surtout la plus ancienne et, pour terminer, l'évolution de celle-ci en présence d'une exposition prolongée aux ultraviolets.
  • La recherche du produit d'origine en fonction des premiers résultats. La chance est au rendez-vous, car le fabricant ayant fourni la peinture en 1900 a toujours pignon sur rue. Il s'agit de l'entreprise Ripolin qui possède encore des archives sur l'époque concernée. Le nuancier correspondant est vite retrouvé et l'on découvre le nom de la couleur utilisée, un vert « Réséda » dont il existe trois nuances : pâle, moyen et foncé. Les analyses précédentes correspondent sans hésitation possible à l'utilisation du « vert réséda pâle ».

Ainsi aujourd'hui, nous pouvons observer la charpente métallique peinte avec une couleur rigoureusement identique à celle employée lors de l'achèvement de sa construction à la fin du XIXe siècle.

Cette peinture, si l'on en croit un récent communiqué de presse du ministère de la Culture, serait susceptible d'obtenir le label « Vert Grand Palais », à l'image du désormais célèbre « Marron Tour-Eiffel ».

Le nouveau vitrage de la verrière

La restauration de la charpente va conduire également à celle de la verrière et de son tramage devenu peu esthétique. Au cours de l'étude préalable, l'architecte Alain-Charles Perrot suggère que soit restituée la trame initiale et la largeur des carreaux de verre, dénaturée au cours d'une campagne de remise en état. De plus, la constitution des vitres ne correspond plus aux règles de sécurité exigées aujourd'hui. Le verre armé est alors remplacé par un verre feuilleté de conception contemporaine qui possède deux qualités primordiales :

  • Il permet au personnel d'entretien et de maintenance de circuler sur les passerelles extérieures sans danger. Le verre armé, bien que renforcé par un grillage n'empêche pas un homme de traverser la verrière et de faire une chute mortelle. Le nouveau verre évite cet inconvénient majeur sans augmentation notable de poids. Il est, de surcroît, d'un entretien plus aisé.
  • Débarrassé du grillage interne et des défauts de finition de l'ancien matériau, le verre feuilleté bien que plus épais (9 mm) est nettement plus transparent. L'aspect d'ensemble des verrières de la grande nef et l'atmosphère qui règne à l'intérieur de l'édifice en sont transformés. Si cette transparence ne correspond pas tout à fait à l'état d'origine, on ne peut nier l'amélioration apportée lors de l'utilisation des espaces d'expositions. Les reflets visibles de l'extérieur sont aussi modifiés. Les traitements appliqués à la surface du verre apportent une touche finale « hi-tech » et transforment la perception que l'on peut avoir en se promenant dans les proches environs du Grand Palais.

Les profilés supportant le poids des nouveaux vitrages sont également de section plus fine. L'aluminium, en remplaçant l'acier, diminue ainsi le poids de cette structure secondaire.

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