Hôtel-Dieu de Caen - Définition

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La fin de l'Hôtel-Dieu

À la fin du XIXe siècle, les salles de l'Hôtel-Dieu ne correspondent déjà plus aux normes modernes de l'hygiène et l'hospice Saint-Louis, construit au XVIIe siècle à proximité de l'ancien Hôtel-Dieu, est devenu trop insalubre. En 1897, l'administration des hospices décident de transférer ce dernier à l'abbaye aux Dames et de construire un nouvel Hôtel-Dieu dans le parc. Le projet est examiné par le conseil municipal lors de la séance du 13 août 1900. La proposition de transplanter l'hospice est acceptée, mais on renonce au projet initial de lotir le parc de l'Hôtel-Dieu. Après avoir envisagé d'ériger le nouvel établissement au nord, dans le Clos des Coutures, on choisit le Clos Vaubenard à l'est du parc de l'abbaye. Charles Auvray, architecte de la ville, est chargé du projet. Après une polémique sur la nécessité d'organiser un concours, le projet est repris par Charles Prosper Vassy. La première pierre est posée le 4 octobre 1903 et le nouvel établissement de soins, dit hôpital civil, est inauguré le 26 juillet 1908 par le président du Conseil, Georges Clemenceau. De novembre 1908 à février 1909, les différents services s'installent dans le nouvel hôpital qui prend ensuite le nom d'hôpital Clemenceau. Le terme d'Hôtel-Dieu disparait alors définitivement.

Le deuxième Hôtel-Dieu

Au XIXe siècle, l'Hôtel-Dieu est jugé insalubre. Construit sur un ancien marécage à proximité de l'Orne, il est désormais entouré par un tissu urbain dense et ne répond plus aux normes modernes d'hygiène. Le 16 août 1818, le dépôt de mendicité ferme ses portes et l'abbaye aux Dames se retrouve donc sans occupant. Le préfet du Calvados, le comte de Montlivault, et surtout le maire de Caen, le comte de Vendeuvre, décident de transférer l'établissement hospitalier dans l'ancienne abbaye. Le site leur apparaît en effet beaucoup plus sain à bien des égards. Il est situé en hauteur dans un lieu encore isolé, mais à proximité immédiate de la ville. Les bâtiments construits au XVIIIe siècle sont bien aérés et orientés vers le sud ; ils s'organisent autour d'une cour ouverte sur un vaste terrain de 14 hectares constitué de jardins et de pâturages. La translation solennelle de l'Hôtel-Dieu a lieu le 6 novembre 1823.

L'ancien Hôtel-Dieu est détruit dans les années 1830. Les rues Laplace et de la Marine sont tracées sur les terrains libérés. Un passage voûté gothique donnant accès à une cour de la rue Laplace était l'une des dernières traces conservées sur place de l'ancien Hôtel-Dieu ; il a été détruit lors de la bataille de Caen. Le portail gothique de la grande salle a également été sauvée de la démolition grâce à l'action d'Arcisse de Caumont, mais il a été remonté sur une façade du musée de la Société des antiquaires de Normandie, aménagé dans l'ancien collège du Mont. Bombardé en 1944, le bâtiment a été en majeure partie détruit, mais le portail a été épargné et remonté quelques mètres plus loin.

Les anciens bâtiments conventuels sont réaménagés. Les services annexes s'installent au rez-de-chaussée du corps central (bains, cuisines, dépense) et de l'aile gauche (salle d'entrée, pharmacie, lingerie). À chaque étage du corps central, se trouvent deux salles de 20 lits : les femmes à droite, les hommes à gauche. Un autel est installé dans le grand vestibule qui sépare les deux salles, afin que les malades puissent assister aux offices religieux sans quitter leur lit. Au rez-de-chaussée de l'aile droite, le service de chirurgie dispose de deux salles de 25 lits, d'un amphithéâtre servant de salle d'opération et d'un cabinet de pièces anatomiques. Au premier étage du même bâtiment, le service de médecine est constitué d'une salle de 56 lits, d'une salle de leçons pour la clinique et d'un autre cabinet de pièces anatomiques. Enfin au deuxième étage, une salle d'environ 56 lits accueille les patients atteints de maladies vénériennes. Les deux étages de l'aile gauche sont constitués de deux salles de 56 lits réservées au service de médecine pour celle du premier et au service de chirurgie pour celle du deuxième. Un petit bâtiment en retour sur cette aile est divisé en trois salles ; l'une est réservée aux femmes syphilitiques, les deux autres servant de maternité. Des chambres individuelles sont également aménagées pour les patients les plus fortunés.

Bien qu'aménagé dans des bâtiments du XVIIIe siècle, l'Hôtel-Dieu est conçu comme un hôpital récent compatible avec la médecine moderne. Un soin particulier est apporté à la bonne aération des bâtiments. Même les rideaux sont proscrits afin que l'air circule au mieux. En annexe des salles principales, des chambres d'isolement sont toutefois attribuées aux malades contagieux et à ceux qui sont en attente d'opération. Les anciennes galeries du cloître sont utilisées comme promenoir autour de la cour fermée par une grille. Le grand parc avec son panorama sur la vallée de l'Orne permet aux patients les plus solides de prendre le soleil. Conçus sur les conseils d'un membre de l'académie royale de médecine, les bains publics sont également à la pointe de la technologie de l'époque ; ils sont ouverts à tous, y compris aux personnes extérieures à l'Hôtel-Dieu. Des deux grandes salles voûtées sont occupées par les bains domestiques ; alors que les bains sont encore mixtes dans le reste de la ville, la séparation des sexes est ici strictement respectée. On trouve également des bains de vapeur "à la russe" ou aromatiques, des étuves et des lits de repos. Des baignoires individuelles sont également disponibles pour les pensionnaires de l'Hôtel-Dieu ou les personnes extérieures pouvant payer. L'enclos sert également à desservir l'établissement de soins. Une grande glacière y est construite pour stocker la glace utilisée pour lutter contre les congestions sanguines et cérébrales. Un puits profond avec une pompe à manège mue par un cheval permet à l'eau de couler au rez-de-chaussée des bâtiments. L'eau de pluie, recueillie dans un réservoir souterrain, est utilisée par la lingerie. Enfin des vaches élevées dans les pâturages de l'enclos alimentent l'établissement en produits laitiers. À 475 m au nord-est de l'hôpital, un cimetière de 1 500 toises est aménagé.

Les soins sont assurés par 24 religieuses cloîtrées de l'ordre de Saint-Augustin. L'établissement est également un lieu d'enseignement important. Les salles de clinique et de consultation, ainsi que l'amphithéâtre sont ouverts aux élèves de la faculté de médecine de Caen.

Statistiques pour l'année 1824
Entrées Décès Taux de mortalité
Civil (homme) 136 11 8%
Civil (femme) 210 18 8,6%
Militaire 359 8 2,2%
Total 705 37 5,2%

De nouveaux bâtiments annexes sont ensuite construits autour du nouvel Hôtel-Dieu. On érige un nouveau logis pour les religieuses (actuel siège de la direction diocésaine de l'enseignement catholique) ; le chœur de l'église de la Trinité leur était également réservé. En 1839, l'inspecteur général Grillon accepte le projet de l'architecte municipal, Guy. Au nord, un nouvel édifice est bâti sur le modèle des bâtiments du XVIIIe siècle. Sur la place Reine-Mathilde, sont construits deux pavillons d'entrée accolés à un long portique qui relie la nouvelle aile du nord aux anciens bâtiments conventuels. Construit dans l'alignement de la galerie ouest du cloître, ce portique en copie également le style.

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