Jean Kerisel | |
Jean Kerisel en 1948 | |
Jean Kerisel en 1948 | |
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Naissance | 18 novembre 1908 Saint Brieuc, France |
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Décès | 22 janvier 2005 (à 96 ans) Paris, France |
Nationalité | France |
Profession(s) | expert géotechnique et égyptologue |
Formation | X 1928 Ponts et Chaussées |
Jean Kerisel (18 novembre 1908 - 22 janvier 2005), ingénieur général des ponts et chaussées, fut un expert mondialement connu en mécanique des sols, science qu'il développa et enseigna à l'ENPC. Il a apporté une contribution essentielle au progrès de la géotechnique. En plus de 70 ans d'activité professionnelle, il a réalisé une œuvre considérable dans les domaines de l'art de construire et de l'archéologie.
Jean Lehuérou Kerisel, de son nom complet, originaire d’une famille de juristes bretons, est né le 18 novembre 1908 à Saint-Brieuc (Bretagne). Il entre à l'École Polytechnique (Promotion 1928), et sort major de l'École Nationale des Ponts et Chaussées en 1933.
Le destin de Jean Kerisel a été marqué par sa rencontre avec l’éminent ingénieur et savant Albert Caquot, dont il épouse la fille, Suzy, en 1931. Ingénieur des Ponts et Chaussées à Orléans de 1933 à 1940, il s’intéressa au développement théorique et pratique de ce qui allait devenir la mécanique des sols, dont il deviendra un expert mondialement reconnu. Il obtient en 1935 le titre de Docteur es-Sciences Physiques en Sorbonne, sa thèse portant sur l’étude du frottement des milieux pulvérulents et son application à l’étude des fondations.
Durant la Seconde Guerre mondiale, lieutenant du Génie, décoré de la Croix de Guerre avec Citation à l'ordre de la brigade, il poursuit sa carrière en tant que Directeur de la Construction au Ministère de la Reconstruction de 1944 à 1951. Par l'importance des dommages immobiliers, la France était classée juste après l'Union Soviétique et l'Allemagne. Il dirige la reconstruction de l’ensemble des cités françaises, auprès des ministres Raoul Dautry et Eugène Claudius-Petit, et mène alors des chantiers d’expérimentations de prototypes d’habitations (Le Corbusier) et de méthodes industrielles. En 1951, estimant que l’essentiel de la tâche de reconstruction est accompli, il démissionne pour passer dans le privé.
En 1952, il fonde le bureau d'études Simecsol, spécialisé en géotechnique, qu'il dirigea jusqu’en 1979. Il participa, en tant que concepteur, expert ou conseil, notamment aux projets suivants :
De 1951 à 1969, il est professeur titulaire de la chaire de mécanique des sols à l'École Nationale des Ponts et Chaussées où il forme une génération d’ingénieurs. À l'occasion de ses interventions à travers le monde ou des recherches et expériences qu'il n’a cessé de mener en géotechnique, Jean Kerisel publie, de 1935 à 2000, un nombre considérable d'articles qui ont fait autorité, y compris son traité de mécanique des sols (rédigé avec Albert Caquot en 1949) et ses tables de butée et de poussée, maintes fois réédités et enrichis en plusieurs langues.
Il participe à l’évolution des techniques dans le domaine des fondations et travaux souterrains. Il encourage les méthodes nouvelles (comme le pénétromètre et le pressiomètre de Louis Menard) et développe très tôt les essais en vraie grandeur sur ouvrages réels.
En 1979, il abandonne la direction de Simecsol, sans délaisser pour autant la mécanique des sols et l'activité d'ingénieur-conseil. Travailleur infatigable, son activité professionnelle l'ayant conduit au Caire pour les travaux du métro, il entame une deuxième « carrière » d’égyptologue et se passionne alors pour les ouvrages de l'Égypte des pharaons. Avec Albert Caquot, il avait présenté un projet pour le déplacement du temple d'Abou Simbel, nécessité par la montée des eaux derrière le grand barrage d'Assouan. Les recherches approfondies de Jean Kerisel sur la grande pyramide de Khéops, dont le tombeau n’a jusqu’à présent pas été retrouvé, le conduisent en 2002 à émettre une théorie sur l’emplacement de ce tombeau, cohérente avec le témoignage du grand historien grec Hérodote et reconnue comme extrêmement plausible. Il propose aussi une théorie de la méthode de construction de la pyramide.
Cette passion et son talent d’écrivain le conduiront à livrer son analyse et ses réflexions de constructeur dans cinq ouvrages dans le domaine de l'archéologie et de l'égyptologie, publiés entre 1987 et 2005 en français et en anglais, et maintes fois réédités et enrichis.
Plus généralement, la connaissance approfondie qu'il a acquise de l’histoire de la géotechnique l'amène à s'intéresser à la pathologie des ouvrages des anciens. Pour bien en comprendre tous les mécanismes et les leçons, il s’intéresse en particulier à la cathédrale de Beauvais, au Panthéon et à la tour de Pise (dont il présida plusieurs comités scientifiques pour son redressement).
Grand théoricien ayant une large pratique du terrain, sachant se mettre à la portée de ses interlocuteurs, il a vraiment donné à la mécanique des sols ses lettres de noblesse.
Ses disciples et ses pairs l'ont reconnu tant en France qu'à l'étranger, l'élisant président du Comité Français de Mécanique des Sols et Travaux de Fondations, poste qu'il occupera de 1969 à 1973, et qu'il abandonnera pour occuper la présidence jusqu'en 1979 de la Société Internationale de Mécanique des Sols et Travaux de Fondations (ISSMFE), regroupant 50 pays et 10000 membres. Ses mérites ont été reconnus par de nombreuses distinctions accordées par le gouvernement français (Commandeur de la Légion d'honneur), l'Académie des Sciences de Hongrie en 1973 (membre honoraire), la British Geotechnical Society en 1975 (orateur de la fameuse conférence Rankine), l'Université de Liège en 1975 et celle de Naples en 1996 (docteur honoris causa).