Albert Caquot | |
Naissance | 1er juillet 1881 Vouziers (Ardennes) |
---|---|
Décès | 28 novembre 1976 (à 95 ans) Paris (France) |
Nationalité | France |
Profession(s) | savant et ingénieur |
Formation | X 1899 Ponts et Chaussées |
Distinctions | Grand-Croix de la Légion d’Honneur Croix de guerre 1914-1918 |
Albert Caquot, né le 1er juillet 1881 à Vouziers (Ardennes) et mort le 28 novembre 1976 à Paris, fut considéré comme « le plus grand des ingénieurs français vivants » pendant un demi-siècle.
Croix de guerre 1914-1918, membre de l'Académie des sciences (1934-1976), Grand-Croix de la Légion d’Honneur (1951) et titulaire de nombreuses décorations étrangères (notamment DSO et Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges britanniques et Distinguished Service Medal des États-Unis).
Doté d’une faculté d’invention féconde et variée, son génie mécanicien et visionnaire s’appliqua aussi bien à la construction aéronautique naissante qu’à la réalisation d’ouvrages en béton armé, avec plus de 300 ponts et barrages de tous types, dont plusieurs furent des records du monde, et des œuvres de génie civil les plus variées. Il est un exemple des premières décennies du vingtième siècle qui virent de jeunes intelligences issues d’un milieu modeste manifester la volonté de s’élever dans la société en s’illustrant dans les sciences s'appliquant à l’art de construire.
Ses parents, Paul et Marie-Irma Caquot tenaient une exploitation agricole familiale à Vouziers dans les Ardennes. Son père ouvrit au modernisme cette exploitation, en installant chez lui l'électricité et le téléphone dès 1890. Un an seulement après sa sortie du lycée de Reims, Albert Caquot est reçu à dix-huit ans à l'École polytechnique (promotion 1899) et en sort dans le corps des Ponts et Chaussées.
De 1905 à 1912, il fut Ingénieur des Ponts et Chaussées dans l’Aube, à Troyes, et se fit remarquer par les mesures d’assainissement importantes qu’il développa. Celles-ci sauvèrent de nombreuses vies humaines et protégèrent la ville de la grande crue de la Seine de 1910.
En 1912, il rejoint comme associé le bureau d’études de béton armé d’Armand Considère (1840-1914) où il donnera libre cours à son talent de concepteur d’ouvrages d’art. En 1914, après la mort d'Armand Considère, le bureau devient Pelnard-Considère & Caquot. C’est dans ce même cadre qu’il œuvrera de 1919 à 1928, de 1934 à 1938, puis à partir de 1940.
Ses brillantes recherches, Albert Caquot ne les a entreprises qu’en vue des applications qu’elles trouvent dans les ouvrages d’art. Ses travaux de recherches les plus connus concernent :
Au cours de sa vie, Albert Caquot enseigna longtemps la résistance des matériaux dans les trois Écoles nationales supérieures des Mines, des Ponts et Chaussées et de l’Aéronautique.
Au cours de sa carrière, habile dessinateur et infatigable calculateur, il réalisa plus de 300 ouvrages de génie civil de toutes sortes dont plusieurs furent des records du monde, notamment :
Deux prestigieuses réalisations contribuent à sa renommée internationale : la structure interne en béton armé de la grande statue du Christ rédempteur sur le Mont Corcovado (1931), à Rio de Janeiro (Brésil) (hauteur de 30 m et 1.145 t de poids) et le pont George V à Glasgow (Écosse) sur la Clyde pour lequel les ingénieurs écossais demandèrent son aide.
A la fin de sa vie, il étudie un immense complexe devant capter l’énergie des marées dans la baie du Mont Saint-Michel (projet d’usine marémotrice de la baie du Cotentin).
Il consacra sa vie à l’aéronautique et au génie civil par périodes alternées au rythme imposé par les Première et Deuxième Guerres Mondiales. Les apports d’Albert Caquot à l’aéronautique sont inestimables, de la mise au point du moteur à hélice et l’ouverture du Ministère de l’Air aux innovations techniques, à la fondation des premiers Instituts de Mécanique des Fluides. Marcel Dassault, qui fut chargé par Albert Caquot de construire un prototype du programme de trimoteurs postaux, a écrit de lui : «C'est un des meilleurs techniciens que l'aviation ait jamais connu. C'était un visionnaire qui, dans tous les domaines, abordait l'avenir. Il était en avance sur tout le monde».
Dès 1901, déjà visionnaire, il effectue son service militaire dans un bataillon d’aérostiers. Au début de la Grande Guerre, il retrouve un bataillon d’aérostiers comme capitaine. Il met en évidence la grande instabilité du ballon sphérique dont sont dotées les unités pour une vitesse de vent supérieure à 22 km/h et, en 1915, il réalise un modèle de ballon captif fuselé et équipé de stabilisateurs arrières, permettant l'observation par des vents de 90 km/h. L’atelier aérostatique de Chalais-Meudon se met alors à fabriquer des "ballons Caquot" pour toutes les armées alliées. Le treuil à couple de freinage constant qu'il crée lui permet d'adapter ses ballons aux flottes alliées (conduite de tir et détection de sous-marins) et de leur faire supporter des vents de 125 km/h. Également appelé "saucisse", ce ballon captif donne à la France et à ses alliés un avantage stratégique majeur. En janvier 1918, Clemenceau le nomme directeur technique de l’aviation militaire. Grâce à Caquot, la France et ses alliés obtiendront en 1918 la maîtrise de l'air qui contribuera largement à leur victoire finale. En 1919, Albert Caquot est à l’origine de la création du musée de l'air français (aujourd’hui le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget). C’est le plus ancien musée aéronautique du monde.
En 1935 Construction d’un hangar à double auvent de 120 m de long, 60 m de largeur sur 9 m de hauteur libre et ses annexes pour environ 10.000 m² à Fréjus sur la base aéronavale. Ce hangar est toujours en activité.
En 1928, il devient le directeur général technique du ministère de l'Air nouvellement créé. Il pratique une politique de recherche, de prototypes et de production en séries qui redonne à la France l’industrie qu’elle mérite. Il lance aussi :
En 1934, les moyens lui étant refusés pour poursuivre, il préfère se retirer et se consacrer de nouveau au génie civil.
En 1938, sous la menace de la guerre, Albert Caquot est rappelé pour assurer la présidence commune de toutes les sociétés nationales d’aéronautiques. En juillet 1939, il reprend aussi le rôle de directeur général technique du ministère de l'Air mais, bien qu'ayant spectaculairement redressé la production d'avions, les obstacles qu’il rencontre de la part de l'état-major et la direction du Contrôle le conduisent à offrir sa démission en 1940.
Son action a toujours été animée d’une grande indépendance d’esprit et d’un immense désintéressement. Les nombreuses distinctions honorifiques de tout pays qui lui furent décernées, entre autres la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur (1951), ont rendu hommage à ses mérites exceptionnels. Il présida de nombreuses organisations scientifiques françaises pendant plus de vingt ans, comme le Conseil National des Ingénieurs Français et la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale et fut administrateur d’Électricité de France pendant plus de dix ans. Il siégea 41 ans à l’Académie des Sciences et en fut le président en 1952. En 1961, à 80 ans, Albert Caquot se démit volontairement de toutes les présidences qu’il avait toujours assurées bénévolement. Chaleureux, attentif et disponible, il était très épris du cadre familial.