Le roman est un recueil de quatre nouvelles publiées à l'origine dans Astounding Stories entre 1939 et 1950, puis regroupées en un seul volume. Les quatre nouvelles qui composent le roman sont :
Chaque nouvelle raconte une aventure distincte du voyage de l'astronef Le Fureteur (Space Beagle en anglais) dans la galaxie, mais une série de renvois et de rappels d'une nouvelle à l'autre garantissent la cohérence relative de l'ensemble.
La Faune de l'espace est un roman de science-fiction qui s'inscrit dans le sous-genre du space opera ou du planet opera. Les quatre rencontres de l'astronef terrien avec des intelligences extra-terrestres se déroulent soit dans l'espace, soit sur des exoplanètes.
L'idée de mettre en scène une mission d'exploration qui conduit à la découverte de créatures extra-terrestres fut initiée par John W. Campbell - sous le pseudonyme de Don A. Stuart - dans une nouvelle parue en 1938 et intitulée La Bête d'un autre monde (titre original : (en) Who Goes There ?), plusieurs fois portée au cinéma.
Dans trois des nouvelles qui composent le roman, A. E. van Vogt fait alterner les points de vue de manière à décrire les évènements soit du point de vue de l'équipage du vaisseau, soit du point de vue de l'extra-terrestre. Ce renversement de perspective narrative dynamise l'action et permet souvent au lecteur de mieux comprendre les motivations des aliens que les protagonistes du récit.
Tout au long du roman, le moteur narratif de l'intrigue est fondamentalement conflictuel. A. E. van Vogt décrit les conflits internes à l'expédition humaine et les conflits externes dus à des rencontres avec des extraterrestres. Les premiers sont des conflits politiques (conflits d'intérêts et de suprématie au sein de l'équipage), les seconds sont des conflits biologiques (survie des espèces).
À la fin de nombreux chapitres du roman, l'auteur utilise des techniques classiques de relance narrative qui entretiennent le suspens dramatique et soutiennent l'attention du lecteur de chapitre en chapitre. De manière typique, A. E. van Vogt utilise des formules conclusives du type : « C'est à ce moment que la chose arriva. ».
Ce roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants :
Le nom du vaisseau spatial de La Faune de l'espace, en langue originale Space Beagle, fait directement référence au HMS Beagle, le navire qui emporta le naturaliste Charles Darwin en expédition au XIXe siècle. C'est pendant le voyage du Beagle que Darwin établit les fondements de sa théorie de l'évolution. A. E. van Vogt fait directement allusion à Charles Darwin, parce qu'il imagine au fil de ses quatre nouvelles différentes espèces extra-terrestres qui ont suivi une évolution spécifique, gage de leur survie dans des conditions souvent extrêmes. Ces espèces intelligentes ont développé des capacités physiques, moléculaires ou psychiques hors du commun et représentent en conséquence un grand danger pour l'équipage humain du Fureteur. Confrontés à ces dangereuses créatures, les membres d'équipage de l'astronef sont contraints à développer des stratégies originales de survie, aidés par une science nouvelle, le « nexialisme », qui apparaît elle-même comme un nouveau stade de l'évolution de l'intelligence humaine.
Les différentes entités rencontrées dans l'espace présentent différentes typologies de survie :
Les parties I, III et IV du roman suivent un schéma narratif à peu près équivalent ;
Situation initiale | Complication | Action | Résolution | Situation finale |
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Voyage du Fureteur dans l'espace à la recherche d'espèces extra-terrestres | Rencontre avec un extra-terrestre que l'équipage scientifique souhaite étudier. | Confrontation physique avec l'extra-terrestre qui se révèle être une menace pour la mission et la survie de l'équipage. Conflit entre les différentes solutions proposées au sein de l'équipage. | Mise en place d'une stratégie de survie grâce au nexialisme, élimination ou évacuation de l'intrus. | Regain d'intérêt accru d'une partie de l'équipage pour le nexialisme qui a permis d'écarter le danger. |
La deuxième partie du roman est en revanche très différente. Les Riims, ces êtres aviens organisés en société, ne sont pas soumis à une stratégie de survie, mais expriment leur volonté de communiquer avec d'autres intelligences. L'élément déclencheur de la narration sera le danger que représente pour les humains la forme particulière de communication par hypnose utilisée par ces êtres-oiseaux. Cet épisode permet à A. E. van Vogt d'interroger le concept de civilisation, même si l'auteur laisse la question de sa définition ouverte. Il se contente d'opposer deux conceptions différentes de la civilisation : celle qui considère l'organisation sociale comme un critère civilisationnel suffisant (thèse défendue par Elliott Grosvenor) et celle qui attend d'une civilisation des réalisations techniques avancées (anti-thèse défendue par Gregory Kent).
À l'occasion d'une conférence donnée par le personnage d'Elliott Grosvenor, A. E. van Vogt présente le nexialisme comme suit : « Le nexialisme est une science qui a pour but de coordonner les éléments d'un domaine de la connaissance avec ceux des autres domaines. Il offre des moyens d'accélérer le processus d'absorption de la connaissance et d'utiliser efficacement ce qui a été appris. » Le nexialisme est une science qui vise l'intégration de toutes les branches de la connaissance contre le cloisonnement en domaines spécifiques. Le nexialisme est ainsi proche du holisme ou d'une approche systémique de la connaissance.
La méthode nexialiste est associative et fait appel à des « tables de probabilités ». Elle utilise différents mécanismes cognitifs associés aux dernières recherches sur les réflexes conditionnés de Pavlov et à la suggestion subliminale. L'apprentissage lui-même se fait sous hypnose grâce à un « hypnogénérateur » qui projette des films « tachistoscopiques ».
Comme l'a affirmé Jacques Sadoul dans son Histoire moderne de la science-fiction : « Cette nouvelle science inventée par A. E. van Vogt (du latin nexus, participe passé de nectere, lier, d'où l'idée d'une science carrefour où se rejoignent toutes les autres) est la véritable héroïne du roman. ». On pourrait voir dans le nexialisme un successeur aux ingénieurs devenus trop spécialisés. Cette vision serait dans la lignée fondatrice des philosophes-mathématiciens grecs transmettant ce rôle centralisateur aux architectes du Moyen-Âge et le Renaissance que l'époque moderne a alors transmis aux "polytechniciens" devenus ingénieurs. Les applications possibles sont multiples, y compris dans le monde du travail qui souffre encore de son cloisonnement très élevé.
A. E. van Vogt présente l'Histoire comme un processus cyclique qui voit naître, croître, culminer puis disparaître les civilisations. L'auteur emprunte cette idée au philosophe allemand Oswald Spengler (1880-1936) qui l'avait développée dans Le Déclin de l'Occident paru entre 1918 et 1922. Spengler appliquait à l'Histoire mondiale un paradigme biologique qui faisait des différentes civilisations historiques des organismes vivants avec une durée de vie limitée. Le concept de Fellah, qu'A. E. van Vogt utilise à maintes reprises dans son roman, est une citation directe du Déclin de l'Occident et désigne chez Oswald Spengler le caractère d'une population arrivée au stade ultime de la civilisation, juste avant son effondrement. Ce terme désigne une population redevenue primitive et totalement incapable d'évoluer.
Dans l'économie narrative du roman, l'Histoire cyclique joue un rôle de tout premier ordre aux côtés du « nexialisme ». Si Van Vogt confronte toujours ses personnages humains à des créatures extra-terrestres beaucoup plus évoluées qu'eux du point de vue physique et psychique, ce sont en revanche toujours des fellahs au sens spenglerien du terme. Cet état civilisationnel primitif empêche dès lors les créatures extra-terrestres d'utiliser leurs pouvoirs avec une parfaite efficacité et les conduit toujours à sous-estimer les avantages que présente une communauté organisée sur un individu isolé.
Van Vogt n'épargne pas non plus la société humaine qui, si elle ne s'est pas encore effondrée, est également parvenue à son « hiver civilisationnel ».
Tout au long du roman, A. E. van Vogt aime à souligner la supériorité de l'organisation sociale et de la coopération au sein d'une communauté sur le simple individualisme ou égotisme - qu'il s'agisse de combattre des créatures dangereuses ou de se comporter en société à bord de l'astronef.
L'un des monstres du livre, Zorl, qui possède des tentacules et des facultés parapsychologiques, est repris dans l'anime japonais Dirty Pair sous le nom de Mugi ou Mughi.
Un autre monstre du roman, Ixtl, rassemble beaucoup de caractéristiques du monstre mis en scène par Ridley Scott dans son film Alien - Le huitième passager. A. E. van Vogt intenta d'ailleurs un procès à la Twentieth Century Fox et obtint gain de cause.