Stations dans la "Fondation d'Innocent" le 29 septembre, fête de saint Jean-Baptiste, et à "Saint-Jean l'Ancien" le 14 juin, fête d'Élisée prophète, c'est vraisemblablement le même endroit "sur le Mont" comme dit la rubrique du 14 juin, c'est-à-dire le Mont des Oliviers. Abel rapprochait la Fondation d'Innocent de celle du "martyrium de saint Jean-Baptiste" par un moine Innocent, vers 385, mentionné par Pallade.
Le rapprochement entre Jean-Baptiste et Élisée vient du fait que leurs reliques ont été découvertes au même endroit à Sébaste en Samarie, ensemble avec celles du prophète Abdias, comme le disent Jérôme (Lettre 108, 13) et Jean Rufus dans ses Plérophories (PO 8, p. 70-71), bien que Rufin d'Aquilée rapporte que ces reliques avaient été réduites en cendres sous Julien l'Apostat. Mais il précise qu'une partie des reliques avaient été soustraites aux "païens" (probablement les Samaritains) et amenées à Jérusalem, avant d'être transférées à Alexandrie où celles de Jean-Baptiste serviront à la fondation d'une église (aux dépens du Serapeum de la ville !). Il y a donc des raisons de penser que quelques reliques ou bien objets ayant touché ces reliques se trouvaient dans le monastère d'Innocent (le nom d'Abdias est d'ailleurs mentionné le 22 juin).
Lieu de station du 6 juillet, l'endroit est situé sur le Mont des Oliviers d'après la Vie de Pierre l'Ibère. On y conservait le culte et sans doute des reliques du prophète Isaïe. La station du 30 décembre, veille de la mort de la fondatrice (Mélanie la Jeune), sur le "Mont des Oliviers", se faisait peut-être aussi dans ce monastère.
Situé à l'est de la ville, devant les portes de la ville, endroit où l'on offrait à manger aux pauvres et aux pélerins. Station du 21 novembre avec mémoire du fondateur.
Jean Rufus parle d'un monastère où Juvénal était moine avant de devenir patriarche, qu'il localise dans la vallée du Cédron, et on peut supposer qu'il s'agit de la fondation qui porte son nom dans le lectionnaire, pour une station le 25 août.
Deux stations se tiennent dans cette fondation "près de Gethsémani", le 12 juillet pour une "déposition de l'autel" et le 14 novembre pour une déposition de reliques de Jean-Baptiste et Elisée, avec mémoire d'un martyr (Léonce) et des archanges Michaël et Gabriel.
Lieu d'une péripétie du drame raconté par Grégoire Arzruni (détails ici).
L'église servait de station pour la fête de nombreux saints, le 2 octobre, sans doute en raison de la présence d'une lipsanothèque contenant certaines reliques.
L'histoire de cette église est assez complexe, car elle semble avoir été connue sous diverses appellations. Une église du "Quatrième mille" est mentionnée le 30 juin dans le lectionnaire, où le calendrier sinaï 34 (Garitte) situe une déposition de reliques d'un groupe de saints comprenant aussi Paul, ainsi que les XL martyrs. Cette église, comme l'a démontré Milik, se trouvait sur la route de Jérusalem à Jéricho, et correspond à des ruines non loin d'une source qui a conservé en arabe le nom de "quatre" ('Ein Rawabê: puits des Quatre). Cyrille de Scythopolis attribue à l'impératrice Eudocie dans sa Vie d'Euthyme (ch. 35), la fondation d'une église "Saint-Pierre" qui, d'après sa position "à vingt stades en face du" monastère d'Euthyme, semble bien correspondre à cet endroit. Il faudrait la rapprocher de la dédicace de l'église "Saint-Paul" ou "Saint-Pierre" selon les manuscrits indiquée en date du 21 janvier dans le lectionnaire. Finalement, le 13 octobre, une station se fait dans "la fondation du prêtre Pierre", avec mémoire d'une déposition de reliques des XL martyrs, comme le 30 juin. On aurait donc confondu le prêtre Pierre à Saint-Pierre (l'apôtre), et aussi, comme l'église contenait des reliques d'un certain Paul, à Saint-Paul (apôtre), et cela donne l'église "Saints-Pierre-et-Paul" mentionnée dans ces environs par un récit de pèlerinage du IXe siècle.
Il y a peu de choses à voir sur place. Le plus impressionnant est encore l'ancienne route romaine par endroit très bien reconnaissable, et où le Christ a dû poser le pied. Eudocie a pu financer dans la Fondation de Pierre, son monastère, la construction d'une citerne, qui est la structure la mieux conservée du site actuel (ceci d'après une suggestion de l'archéologue israëlien Hirschfeld).
Deux stations ont lieu dans cette fondation qui paraît assez ancienne, consacrées aux martyrs Phocas d'une part, Babylas d'autre part. La rubrique de l'une d'elles la situe "sur le Saint-Mont", dans les alentours immédiats de l'Éléona.
La date de dédicace est commémorée le 23 avril (d'après le calendrier de Jean Zosime) et une déposition de reliques (?) de divers personnages bibliques est commémorée le 15 octobre. La rubrique du manuscrit L mentionne Jean-Baptiste, Isaïe, Ezéchiel, et Misael (l'un des trois jeunes mentionnés dans le livre de Daniel); le manuscrit P ajoute Daniel, le patriarche Joseph, les deux autres jeunes Ananias, Azarias. Deux autres stations sont prévues, le 3 juin et le 4 septembre.
Cyrille de Scythopolis écrit dans la Vie de saint Théognios (début): “Arrivé à Jérusalem en la cinquième année du règne de Marcien (août 454 - août 455), comme (Théognios) avait trouvé les Aposchistes (les opposants au concile de Chalcédoine) maîtres des monastères de la ville sainte […], il s’attacha à une femme vertueuse nommée Flavia, qui, sous la garde du Saint-Esprit, fondait alors au mont des Oliviers un monastère et une église en l’honneur du saint martyr Julien”. Julien est inscrit dans les rubriques des 3 juin et 4 septembre.
Le 3 juin, on commémore en outre Pamphile, ce qui suggère son identification aux martyrs dont parle Eusèbe dans les Martyrs de Palestine, XI 25-26, dont Flavia avait peut-être obtenu des reliques.
Il y a pas moins de six stations à cet endroit (5 mai, 16 juin, 10 juillet, 30 ou 31 octobre, 12 nov. et 6 déc.), qui pourrait être identifié à l'endroit où se trouve aujourd'hui une chapelle dédiée à saint Ménas, dans la cathédrale arménienne de Jérusalem près de la Porte de Jaffa, côté nord. Les rubriques indiquent en effet à cet endroit le nom du martyr égyptien Ménas, dont parle également un passage de la Vie de saint Euthyme de Cyrille de Scythopolis relatif à Bassa: “De son côté la bienheureuse Bassa, établit (André, frère d’Étienne, l’évêque de Iamnia) higoumène du martyrion de saint Ménas qu’elle avait fondé” (ch. 30), peu avant 460. Comme chez Mélanie (2) et Flavia (12), des reliques d'Isaïe y ont été déposées (16 juin).
Le 23 novembre est la date de la dédicace de cette chapelle dédiée à saint Georges, à laquelle fait allusion la Vie de saint Jean l'Hésychaste (ch. 4) et dont on a sans doute retrouvé l'emplacement exact lors de la découverte d'une inscription sur mosaïque à Sheikh Bader, non loin de l'actuelle Knesset.
Deux stations commémorant sainte Thècle sont signalées à cet endroit, le 5 juin et le 26 juillet. Une déposition de Conon et Thècle est en outre mentionnée le 24 septembre sans précision de lieu, mais l'existence d'une inscription mentionnant Eudocie, avec les noms de Thècle et d'autres martyrs dont sans doute Conon, ainsi que l'attestation à Bethphagé d'une "église Sainte-Thècle" (par le pèlerin Théodose), suggère de situer cette église à Bethphagé.
Station de la fête du 19 novembre, déposition de Thalélée, dans une chapelle correspondant probablement à celle du monastère qui porte le nom du martyr Thalélée, martyr en Cilicie.
Quatre dates sont célébrées dans cette Fondation: le 3 juillet pour une "invention du calice", le 8 août pour une déposition de saint Théodore martyr, le 23 septembre pour une déposition de Thyrse martyr et des martyrs Serge et Bacchus et le 12 décembre pour une déposition de sainte Euphémie.
Cyrille de Scythopolis (Vie de saint Sabas, ch. 78) raconte comment l’orfèvre Romylos de Damas, diacre de Gethsémani, après s'être fait voler, s'était rendu à Saint-Théodore où il retrouva son argent suite à une vision du saint (sans doute peu après la mort de saint Sabas en 532).
Les textes bibliques du 3 juillet ne renvoient aucunement au calice de la Cène conservé, selon des Pèlerins, à Jérusalem, mais parlent simplement d’un serviteur qui comprend le vrai sens de l’argent. On pourrait se demander si le calice de la fête du 3 juillet est vraiment le calice de la Cène. Peut-être Romylos s'était-il simplement fait voler un calice...
La rubrique du 5 octobre dit de cette Fondation qu'elle se trouvait "dans l'église de la Théotokos", celle-ci correspondant à la Fondation du patriarche Élie (494-516) près de l'Anastasis, dont parle la Vie de saint Sabas (§ 31), qui était bien une église mariale (d'après le stavrou 43). La rubrique indique en outre "près de Saint-Michaël", ce qui permet de localiser celle-ci également près de l'Anastasis.
La rubrique du 22 juin parle à la fois d'une dédicace et d'une déposition d'Élisée & Abdias (sans doute d'objets ayant touché leurs reliques, voir ci-dessus C.1). Il est aussi question d'une mémoire d'Élie. Tout cela dans un lieu de culte consacré à l'archange Michaël, qui semble situé près ou même dans l'Anastasis (peut-être l'actuelle chapelle arménienne surplombant le Tombeau vide), d'après la rubrique du 5 octobre.
On peut identifier quatre stations à cet endroit "en bordure de la ville", toutes consacrées à la mémoire du Précurseur: 24 juin (sa nativité), 29 août (décollation, et mémoire d'Élisée), 26 octobre (invention des reliques de sa tête) et la dédicace 15 décembre. Le fondateur semble être le patriarche troisième du nom (Jean III), au début du VIe s., mais on pourrait aussi argumenter en faveur de Jean II, un siècle plus tôt.
Un moine de la région de Jérusalem raconte, dans une lettre adressée à Épiphane et Pierre, lettre conservée en géorgien, comment, vers la fin du Ve s., le "prêtre Zacharie" lui est apparu pour lui révéler l'authenticité des reliques qui viennent d'être découvertes, ainsi que de celles des deux autres grands prêtres de Jérusalem: Siméon et Jacob (Jacques). Ils étaient considérés, dans l'imaginaire des chrétiens de l'époque (qui s'est développé à partir du Protévangile de Jacques) comme les trois derniers grands prêtres de Jérusalem. Les reliques proviennent vraisemblablement de la grotte adjacente, où un récit conservé en latin cette fois situe la demeure d'un ermite, Épiphane (le destinataire du récit géorgien ?), qui donne un autre point de vue sur cette invention de reliques (c'est, ici, Jacques qui apparaît). Il est sûr en tous cas qu'il a existé à cet endroit une Fondation, une chapelle, pour contenir lesdites reliques. Elle est connue comme "Fondation de Paul" (le nom pourrait être une confusion avec le Pierre du récit géorgien, lui-même peut-être le patriarche qui a siégé de 524 à 552). C'est le lieu de station de plusieurs dates liturgiques: les 18 et 25 mai pour l'invention des reliques, le 1er décembre pour la déposition sous le monolithe pyramidal.
La station de la fête du 10 juin est discutée plus haut (A.9); sur Zebina, voir ci-après.
S'il s'agit du même fondateur qu'au lieu précédent, on peut le dater de l'époque de l'invention des reliques de Zacharie (ci-dessus C.24), vers la fin du Ve siècle. Les reliques déposées le 29 avril (André apôtre, seulement d'après le sinai 34) et au moins celles déposées le 11 septembre (Euphémie martyre) n'ont pas pu l'être avant le concile de Chalcédoine (451), Chalcédoine étant le lieu originaire des reliques d'Euphémie. Deux autres stations sont indiquées dans cette fondation pour la mémoire de l'apôtre André: le 5 mars et le 17 août.
D'autres reliques d'apôtres (Paul, Philippe, Pierre, Thomas) sont mentionnées "dans l'Apostoleion", qui était le lieu de sépulture des évêques de Jérusalem (voir A.2). Mais l'origine de ces reliques est douteuse (voir le cas de Pierre et Paul discuté ci-dessus C.8) et ces mentions ne paraissent pas très anciennes (pour les commémoraisons de Philipe et Thomas, voir cependant A.9). Elles cherchent simplement à appuyer l'affirmation (de foi) de la continuité entre apôtres et évêques (et ne sont pas à prendre dans un sens littéral !).
La localisation "dans l'Apostoleion" est intéressante. On possède un texte mentionnant une autre fondation dans cette église, une sorte de chapelle sans doute: "... une fois son frère (Pinien, son mari) endormi dans le Seigneur (en 431), elle resta dans l'Apostoleion qu'elle avait elle-même fait construire peu de temps auparavant, et où elle déposa les restes du bienheureux (Pinien). Là, elle demeura environ quatre ans, se macérant jusqu'à l'excès dans les jeûnes, les veilles et le deuil persévérant." (Gérontios, Vie de sainte Mélanie, ch. 49, trad. D. Gorce, Sources chrétiennes, vol. 90). Sainte Mélanie la Jeune est connue dans le lectionnaire par une autre fondation, son monastère (ci-dessus C.2; voir aussi son rôle dans la fondation de la Stoa de saint Étienne, ci-dessus C.19). Quant à sa fondation de l' Apostoleion lui-même, d'après la citation qui vient d'être faite, elle est à mettre au compte de son biographe Gérontios, qui lui avait succédé dans la charge de ses fondations (et qui était un monophysite, alors que l'église était aux mains des Chalcédoniens).
Au moins six stations ont lieu dans cette église commencée vers 500 (Vie de saint Sabas, 72) mais achevée et consacrée seulement sous Justinien, le 20 novembre 543 (Vie de saint Euthyme, 49).
Les absides de cette église, la plus grande de Jérusalem après l'Éléona, ont été dégagées et se visitent, dans le quartier juif près du rempart sud de la ville.
Une déposition de reliques du martyr romain Laurent a lieu à Constantinople vers 450; la déposition célébrée dans cette chapelle le 18 octobre est peut-être contemporaine.