Les maisons d'éducation de la Légion d'honneur sont des établissements scolaires secondaires français créés par Napoléon Ier et destinés, à l'origine, à l'éducation de jeunes filles dont les parents, grands-parents ou arrière-grands-parents ont été distingués par la Légion d'honneur. L'accès y est aujourd'hui encore de droit héréditaire.
On ne peut pas ne pas faire de rapprochement entre les maisons d'éducation de la Légion d'honneur et la Maison royale de Saint-Louis, créée par Madame de Maintenon à Saint-Cyr, dans les bâtiments construits par Mansart que Napoléon Ier affecta en 1808 à l'école des officiers de l'armée française. Il y a beaucoup de points communs entre cette nouvelle institution et l'ancienne que le jeune Bonaparte avait connue puisque sa sœur Élisa y était élève et qu'il était venu l'y chercher en 1792 : être relié à l'Ordre de la Légion d'honneur qui est lui-même dans la continuité de l'Ordre de Saint-Louis, être destiné à des filles d'officiers pauvres ou orphelines, être divisé en classes ayant chacune leur couleur marquée par des rubans dans le costume, vouloir donner une éducation complète et moderne, etc. Cependant, il y a des différences, comme le fait d'être tenu par des religieuses et non par un personnel laïc, et on sait que l'empereur voulait se démarquer de Saint-Cyr, dont il n'avait pas une bonne opinion. Ainsi, dans sa lettre du 15 mai 1807, il précisait : « Gardez-vous de suivre l'exemple de l'établissement de Saint-Cyr où on dépensait des sommes considérables et où on éduquait mal les demoiselles. »
À cette époque, il existait de nombreux lycées militaires pour éduquer les garçons et en faire de futurs soldats, mais les filles étaient délaissées à cause de la dispersion par la Convention de toutes les congrégations d'enseignement. Napoléon Ier créa ces maisons d'éducation pour subvenir à l'éducation et aux besoins des filles — très souvent orphelines — de ses soldats les plus méritants. Son premier souhait avait été de prendre en charge les fils et les filles des officiers et des soldats morts à Austerlitz; mais ce projet, présenté le 7 décembre 1805, fut finalement abandonné.
Le décret de création des maisons d'éducation de la Légion d'honneur fut signé par Napoléon Ier à Schönbrunn le 15 décembre 1805. Ce décret prévoyait la création de trois maisons, où les filles de récipiendaires de la Légion d'honneur seraient admises entre 7 et 10 ans, l'âge de sortie étant fixé à 21 ans.
La direction de la première maison d'éducation fut confiée à Madame Campan, ancienne lectrice des filles de Louis XV puis première femme de chambre de la reine Marie-Antoinette. Depuis 1794, Madame Campan tenait elle-même un pensionnat de jeunes filles à Saint-Germain-en-Laye, qui comptait parmi ses élèves Hortense et Stéphanie de Beauharnais, ainsi que Pauline et Caroline Bonaparte. Madame Campan voulait que la première maison d'éducation soit installée dans son pensionnat de Saint-Germain, mais Napoléon choisit le château d'Écouen, propriété de la Légion d'honneur depuis le 6 juillet 1806.
L'empereur, dans une lettre du 15 mai 1807, donna lui-même les grandes lignes de l'éducation qu'il voulait procurer aux jeunes filles : « Élevez-nous des croyantes et non des raisonneuses ». Il préconisait des études simples, visant à « maîtriser la vanité qui est la plus active des passions du sexe » et à faire en sorte que les élèves deviennent des mères de famille modestes.
Le 25 mars 1809, Napoléon Ier signa le décret de création d'une deuxième maison dans le cloître de l'ancienne abbaye royale de Saint-Denis, qui était propriété de l'État depuis 1790. Saint-Denis fut inauguré le 1er juillet 1811, mais l'emménagement des premières élèves n'eut lieu qu'en 1812.
Le 15 juillet 1810, Napoléon créa par décret les « Maisons d'orphelines de la Légion d'honneur », destinées aux orphelines de récipiendaires de la Légion d'honneur quel que soit leur grade. Ces maisons étaient tenues par des religieuses, la Congrégation de la Mère de Dieu. Trois maisons d'orphelines furent créées : l'hôtel de Corberon à Paris (ouvert en hiver 1811), l'ancien couvent d'augustins des Loges à Saint-Germain-en-Laye (ouvert au printemps 1812), et l'abbaye de Barbeaux à Fontainebleau (ouvert en juillet 1813). Dissoutes par ordonnance royale le 19 juillet 1814, les maisons d'orphelines furent rétablies le 27 septembre 1814 grâce à l'intervention de veuves d'officiers auprès de Louis XVIII. Seule l'abbaye de Barbeaux ne rouvrit pas.
En 1821, l'organisation des maisons d'éducation fut repensée : Saint-Denis fut réservée aux filles d'officiers supérieurs, et les autres maisons, considérées désormais comme des « succursales », aux filles d'officiers et de soldats de rang inférieur.
En 1881, les réformes de l'enseignement par Jules Ferry laïcisèrent les maisons religieuses. En 1890, les maisons dispensèrent des enseignements distincts : les Loges donnaient une éducation manuelle et professionnelle, Écouen préparait au commerce et à l'enseignement, tandis que Saint-Denis préparait au brevet supérieur.
En 1920, les Maisons d'éducation de la Légion d'honneur adoptèrent le même programme que les lycées ; les élèves les plus jeunes étudiaient aux Loges, les moyennes à Écouen et les plus grandes à Saint-Denis. De nos jours, c'est encore le cas : les Loges suivent le programme du collège et Saint-Denis celui du lycée.
Le château d'Écouen est l'endroit où fut installée la première maison d'éducation. La première rentrée y eut lieu le 17 novembre 1807 sous la direction de Madame Campan, nommée le 5 septembre 1807. Cependant, le premier règlement ne fut réellement établi qu'en 1809.
En 1814, Louis XVIII rendit le château aux Condé, qui le laissèrent plus ou moins à l'abandon à partir de 1830 ; le château redevint propriété de la Légion d'honneur à partir de 1838.
En 1851, l'ancienne « maison des orphelines de la Légion d'honneur » de l'hôtel de Corberon à Paris, devenue succursale de la maison d'éducation de Saint-Denis depuis 1821, fut transférée à Écouen par Napoléon III.
En 1962, le Grand chancelier de la Légion d'honneur mit le château à la disposition du ministère des Affaires culturelles, afin qu'il accueille le musée national de la Renaissance.
Inaugurée le 1er juillet 1811, Saint-Denis fut placée sous la direction de madame du Bouzet, veuve d'un colonel mort à Jemmapes. L'emménagement des élèves eut lieu en 1812.
De 1820 à 1837, elle fut dirigée par Marie-Benoîte-Joséphine de Prévost de la Croix.
Le 1er septembre 1989, Saint-Denis a ouvert une classe préparatoire de Lettres Supérieures (hypokhâgne), et le 1er septembre 1994, une classe de Première Supérieure (khâgne). Le 1er septembre 1990 s'est ouverte une classe de BTS de commerce international, avec option de préparation au concours d'entrée dans les écoles supérieures de commerce.
La maison accueille aujourd'hui, dans le cloître de l'ancienne abbaye royale, 500 élèves de lycée de la 2e à la terminale ainsi que les classes d'hypokhâgne, de khâgne, et de BTS de commerce international.
Fermé au public, le site se visite exceptionnellement dans le cadre des Journées du Patrimoine. Le cadre sert aussi parfois pour des tournages de films. Ainsi, la Maison a été utilisée pour figurer l'« Institut des Aveugles de Duroc » dans le film Les Femmes de l'ombre.
Le réfectoire est orné d'un grand tableau représentant Le Martyre de saint Denis, de saint Eleuthère et de saint Rustique.
À sa première rentrée en 1811, la maison d'orphelines de la Légion d'honneur des Loges était dirigée par madame de Lezau, supérieure de la Congrégation de la Mère de Dieu. En 1814, Louis XVIII supprima par ordonnance les maisons d'orphelines, mais la maison des Loges fut rouverte la même année, et devint plus tard une maison d'éducation comme Saint-Denis et Écouen.
En plein cœur de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, près du camp des Loges, l'ancien couvent des Augustins accueille aujourd'hui environ 500 élèves de collège.