Pour comprendre les stratégies des grandes entreprises, il est important de garder en tête les différents types d'informatique :
Les principaux impacts se trouvaient dans ce type de systèmes, tant dans le matériel informatique (hardware) que dans le logiciel (software). Pour traiter ces non conformités, il fallait soit migrer vers de nouvelles plateformes matérielles et applications logicielles, soit réparer les anciennes plateformes et applications.
Les impacts sur ce type de systèmes étaient moindres, en raison du plus faible nombre de systèmes de pilotage industriels employant l'année. La plupart des systèmes embarqués ou de pilotage dans l'aéronautique, le spatial, l'armement, les transports, le nucléaire, n'utilisent en effet que le jour, l'heure, la minute ou la seconde.
Pour ces systèmes, les impacts étaient quasi-nuls, le temps n'étant qu'un paramètre d'intégration des calculs scientifiques, pour la résolution des équations différentielles discrétisées.
Revenons aux deux types de stratégies adoptées par les grandes entreprises dans la décennie 1990, pour en analyser les forces et les faiblesses :
très souvent des progiciels de gestion intégrés (PGI), sous Unix (dans l'industrie principalement). En Europe, ce type de stratégie a présenté l'avantage de coupler le passage à l'an 2000 et à l'euro, donc de réduire globalement les coûts. En effet, le passage à l'euro consistait alors en une mise à jour vers une version euro, puis en une bascule à l'euro selon les spécifications du fournisseur de PGI. L'autre avantage réside dans le passage à des systèmes complètement rénovés, avec des architectures informatiques mieux normées. Environ 60% des grandes entreprises françaises ont adopté ce type de stratégie selon un expert du CIGREF.
Ce deuxième type de stratégie a concerné les entreprises moins prévoyantes, ou dont la complexité des systèmes ne permettait pas de mieux anticiper le problème. En Europe, il comportait l'inconvénient de nécessiter une double conversion pour le passage à l'an 2000 et à l'euro, donc d'augmenter les coûts. D'autre part, ces entreprises sont restées avec d'anciennes architectures d'applications informatiques moins normées. Environ 40% des grandes entreprises françaises ont opté pour cette stratégie selon le même expert du CIGREF.
Les plus petites entreprises avaient des problèmes beaucoup plus légers, dans la mesure où elles étaient déjà équipées de progiciels, qu'il suffisait de mettre à jour vers des versions conformes an 2000 et euro.
Quelques fabricants du circuit faisant fonction d'horloge électronique dans les ordinateurs avaient fabriqué des composants incapables de stocker ou d'exploiter les deux chiffres du siècle. Ceux-ci valaient 19 par défaut, comme pour les programmes extrapolés. Évidemment, de tels circuits, et par conséquent les ordinateurs et leurs logiciels, pouvaient difficilement passer avec succès le 01/01/2000 sans commettre une erreur d'interprétation de date.
Ceux-ci se retrouvaient dans nombre d'ordinateurs vétustes, mais pas seulement ceux-là. Certains constructeurs peu scrupuleux ou ignorants avaient continué à utiliser des composants connus comme bugués mais beaucoup moins chers.
Des patches furent distribuées à l'envi pour être mises en place avant le jour fatidique.
Au fil du temps, les cartes à perforer furent remplacées par des rubans magnétiques, des fichiers sur disque, puis des bases de données simples comme ISAM, mais la structure des programmes ne changeait habituellement pas beaucoup. Des logiciels populaires ont continué la pratique de stocker les dates comme du texte. Rares étaient les logiciels utilisant les bases de données qui stockaient ou même prenaient en compte les deux chiffres du siècle, ceux-ci étaient presque systématiquement extrapolés.
Économiser deux caractères pour chaque champ de date était jusqu'au milieu des années 1970 une économie vitale pour certains systèmes. La plupart des programmeurs de l'époque ne s'attendaient pas à ce que leurs travaux demeurent en utilisation durant plusieurs décennies, et ne considéraient donc pas cela comme un problème important. Le problème a été reconnu pour la première fois en 1958 par Bob Bemer par le résultat d'un travail sur un logiciel de généalogie. Il passa les 20 années suivantes à essayer de sensibiliser les programmeurs, IBM, le gouvernement des États-Unis et l'ISO au problème, avec peu de résultats. Ceci incluait la recommandation d'utiliser quatre chiffres dans les clauses PICTURE de COBOL pour les années. Cela aurait pu être fait par les programmeurs à n'importe quel moment à partir de la version initiale du premier compilateur COBOL en 1961. Toutefois, l'indifférence et le manque de vision à long terme ont empêché ce conseil d'être suivi. Malgré des articles de magazines sur le sujet à partir de 1970, la majorité des programmeurs ont seulement commencé à reconnaître l'année 2000 comme un problème dans les années 1990, mais même alors, il a été grandement ignoré jusqu'aux toutes dernières années de la décennie.
En pratique, le codage des dates sur deux chiffres est toujours utilisé sans grand problèmes en 2003, dans de nombreux systèmes, les programmeurs utilisant des techniques de fenêtrage pour déduire le siècle.