Roger Aujame (1922-2010) est un architecte, urbaniste français.
Roger Aujame naît à Paris le 14 octobre 1922 à Paris. Il décède à Fleurieux sur l'Arbresle (69) le 19 mai 2010
En 1941, il entre à l'ENSBA, à l'atelier de Roger-Henri Expert. L’année suivante, il rencontre Le Corbusier à Vézelay : il travaillera à l'Atelier du 35 rue de Sèvres pendant 7 ans (de 1942 à 1949).
A l’atelier Le Corbusier, il côtoie notamment l’américaine Edith Schreiber (né 1919 ; GSD-Harvard 1945 ; chez LC en 1946, qui deviendra sa femme), rencontre Georges Candilis (présent de 1946 à 1949), Ionel Schein (en 1946), l’ingénieur grec Nicos Chatzidakis et la finlandaise Pirko Hirvela (en 1948 ; qui épousera Chatzidakis), l’américain Ernest Weismann (en 1947-1949), Guy Rottier (en 1949) ainsi que Aris Provelenghios. Il participe notamment aux projets suivants : -recherches préliminaires et études détaillées des appartements de l'Unité d'Habitation de Marseille (1943-1949) : Le Corbusier l’envoie en stage de 4 mois dans l’entreprise en charge de la construction de Marseille (études sur l’Unité d’habitation Marseille-Michelot ; pose de la première pierre le 14 octobre 1947, inauguration officielle, avec Eugène Claudius-Petit, le 14 octobre 1952 -logements transitoires et Usine Verte (1944), -le Modulor et le plan de la ville de Saint Dié (1944-1945, avec Gérald Hanning, qui quitte l’atelier en 1944, et Jerzy Soltan, à l’atelier de 1945 à 1948), -mise en forme de l'ouvrage Les Trois établissement humains (publié en 1945, Aujame cité comme collaborateur, avec Hervé deLouze), maison Curutchet à la Plata en Argentine (1949).
Au tournant de l’année 1948 (déc. 1947-avril 1948), Aujame est envoyé par Le Corbusier à New York pour travailler dans l'équipe des designers sur le chantier du Secrétariat des Nations Unies sous la direction de Wallace K. Harrison. En mai 1949, Aujame quitte l'atelier LC pour aller travailler avec Claude Laurens à Bruxelles puis quitte l’Europe avec sa famille pour les USA : il est alors relayé sur le chantier de Marseille par Pierre Rosenberg, Candilis et Woods (qui quitteront pour le Maroc en 1951). A New York (oct. 1949-sept. 1950), alors qu’Edith collabore avec SOM (Skidmore, Owens & Merril) sur le projet de la Lever House (New-York), Roger Aujame travaille d’abord chez Antonin Raymond puis reprend un poste de designer chez Wallace K. Harrison, dans l’équipe d’Oscar Nitchke. Lors de ce séjour, il rencontre JL Sert (alors président des CIAM et Dean de l’école d’architecture d’Harvard), Nivola et Ernest Weismann (alors directeur, à l’ONU, du Centre de la Planification, de l'Habitation et de la Construction des Nations Unies - Bureau des Affaires Sociales).
Rentré en France en 1951, il n'assiste pas au CIAM 8 d'Hoddesdon (juillet 1951) mais décide de s’impliquer dans le mouvement, demeurant ainsi proche de LC (et en relation avec Sert,). Avec Edith, peu de temps avant la rencontre CIAM de Sigtuna (25 au 30 juin 1952), ayant pour objectif de définir le programme du CIAM 9 d’Aix-en-Provence, Roger Aujame envisage la création d’un groupe de jeunes architectes et ingénieurs qui, reconnu comme nouveau groupe CIAM, aurait pour objectif de présenter un travail collectif à Aix. Trois réunions sont tenues en juin 1952 (le 3, 10 et 17) afin de définir le groupe et ses ambitions. Y participent Pierre Riboulet, Jean-Louis Véret et Gérard Thurnauer, Semper, Faucheux, Viéco, Le Lann et Joseph Belmont. Il est convenu de conduire une "analyse des condition d’habitat" à Boulogne-Billancourt, "qui rassemble les caractéristiques essentielles de la région parisienne et correspond à l’orientation générale du groupe : Charte de l’Habitat pour le plus grand nombre" (note du 10 juin 1952). Ce terrain d’analyse est pratique puisque, à ce moment, le couple Aujame l’habitent Boulogne, tout comme Denise Creswell, et qu’ils y conçoivent leur premier projet : un immeuble de logements, rue Bartholdi, qui sera livré en 1957 (les Aujames y habiteront de 1957 à 1970 ; Pierre Riboulet à partir de 1958 à 2004).
Aujame n’assistera pas à la rencontre de Sigtuna : Thurnauer, Riboulet et Véret, qui iront, feront entériner cette proposition. L’étude de Boulogne-Billancourt, dont l’élaboration prendra quelque six mois (de décembre 1952 à juin 1953), sera présentée à Aix, dans le cadre de la 6e commission, par Thurnauer, au nom du groupe "CIAM-Paris", officiellement constitué de Roger et Edith Aujame, Guy Rottier, Denise Cresswell, Gérard Thurnauer, Pierre Riboulet, Jean-Louis Véret, Nicos et Pirkko Chatzidakis, Guy Le Lann et Jean Marcot (mais ont également contribué à cette étude Péré-Lahaille, Préveral et Raccoursier). Roger et Edith Aujame participent au CIAM 9 d’Aix, le premier étant secrétaire de la Commission 1. "Urbanisme", section A (Le Corbusier et J.-L. Sert présidents). En 1954, Roger et Edith Aujame sont membres, en 1954, de l'atelier ATIC (Atelier pour l’industrialisation de la construction), réunissant autour de Jean Prouvé, Maurice Silvy, Gérard Thurnauer, Pierre Riboulet, Michel Bataille, Pirko et Nicos Chatzidakis) qui réalise le projet Emmaüs à Argenteuil (c’est Roger Aujame qui suivra le chantier). Ils suivent par ailleurs les événements organisés par le Cercle d’études architecturales.
Ces acticités professionnelles n’empêchent pas Roger Aujame de demeurer actif à la fois au sein du groupe CIAM-Paris, qui reprend ses réunions dès le mois d’octobre 1954 dans le but de présenter une nouvelle contribution au 10e congrès, et au sein de l’organisation même des CIAM. Le 4 juillet 1955, il assiste notamment à la réunion du CIRPAC/Conseil CIAM tenue à Paris (à l’Unesco), qui réunit Sert, Le Corbusier, Giedion, Tyrwhitt, Bakema, Candilis, Emery, Howell, Rogers, Wogensky ainsi que des délégués de différents groupes, parmi lesquels Tastemain (Ciam Maroc), Lods et Bodiansky (Bâtir), Van Eyck (de 8) et des "membres individuels" tels que Blomstedt et Michel Ecochard. Gérard Thurnauer et Edith Aujame participeront, à titre de délégués du groupe Cité (France), à la réunion des délégués CIAM à La Sarraz, 8-10 septembre 1955 (à laquelle ne participent pas Le Corbusier, et qui réunit entre autres Giedion, Rogers, les Smithson, Wogensky, Van Eesteren, Roth, Bakema, Howell, Emery, Neumann et Max Bill.
En 1956, Roger Aujame obtient enfin son diplôme d’architecte à l’ENSBA (atelier de Expert ; Marcel Lods et Hermant font partie du jury). A l’été, avec Edith, il participe au CIAM 10 de Dubrovnik (tenu à Lappad, 5-13 août), ayant pour thème "L’habitat. Problèmes de relations. Premières propositions CIAM. Constations et résolutions". Membre de la Commission A1 ("Formulation of the Chartre de l’habitat", avec Giedion, Sert, May, Tyrwhitt, Soltan, Yosiyada), il participe aux réunions du CIRPAC (avec Sert, Thyrwitt, Weiner, Emery, Rogers, Smithson, Van Eyck, Bakema, Roth et Maury), où est abordé le problème de "l’avenir des CIAM". Edith, quant à elle, est membre de la commission B5 ("Mobilité", avec Rottier, M. et Mme Howell, Stokla, McKay, Jackson, Laird, Brera, Oyevaar et Pietilä).
Avant ce congrès, le groupe Ciam-Paris avait été rebaptisé "groupe Cité" et sa constitution renouvelée. Réunissant dès lors les Aujame, Charles Péré-Lahaille, Jean Marcot, Henri-Claude Rault et Guy Rottier, ce groupe avait d’abord envisagé une étude sur la "Cité mobile", élaborée à partir du projet de diplôme de Péré-Lahaille, avec la collaboration technique de Jean Prouvé. Ce projet de "maisons préfabriquées en bois, sur rails, comme des wagons de chemin de fer, pouvant se déplacer le long du Rhin pour la construction de 7 barrages" (Guy Rottier, conférence sur l’Unité d’habitation Le Corbusier à Marseille et les congrès CIAM, 1994) n’est finalement présenté au CIAM 10. La contribution du groupe Cité (constitué de R. & E. Aujame, Rottier et Péré-Lahaille), grille n° 14 qui a pour titre "Essai sur un groupe de logements à combinaisons multiples", concerne un projet d’immeuble de logements sur la commune de Boulogne-Billancourt, jouxtant une Maison des jeunes et de la culture (FLC Z152). Roger Aujame aurait par ailleurs été impliqué dans l’étude de l’Ascoral, "Paris. The habitat of the student in the city", s’étant chargé de l’étude des universités existantes.
Suite au CIAM 10, Roger Aujame, malgré certains doutes devant la "crise morale des CIAM" (Compte-rendu du groupe Cité du 12 déc. 1956), demeure impliqué dans le mouvement. En février 1957, il fait partie du "groupe de trente" membres désignés par Sert pour perpétrer le réseau des CIAM, groupe dont il est dès lors secrétaire adjoint, avec Bakema (président), Rogers (vice-président), Emery (secrétaire général) et Roth (trésorier). Il assumera notamment cette mission en faisant circuler les correspondances (entre LC, Sert, Bakema, Candilis, Van Eyck etc.). En août 1957, suite à la lettre de juin 1957 reçue par Giedion, signée par les Smithson, Howell, Lasdun, Volker et appelant à la "dissolution des CIAM", il fait partie des membres convoqués par Bakema à une réunion des membres du Conseil-CIAM et des délégués de groupes, prévue à La Sarraz les 1er et 2 septembre 1957 et ayant pour objectif de "prendre des décisions définitives sur le futur sort du ClAM" ( Jürgen JOEDICKE ed., CIAM’ 59 in Otterlo…, 1961, p. 9). Il n’ira pas à La Sarraz, où il est décidé de dissoudre l’ancien CIAM et d’en créer un nouveau, appelé "ClAM: Groupe de Recherches des Interrelations Sociales et Plastiques" (CIAM : Research Group for Social and Visual Relashionship) et où sont désignés les membres du "Comité de réorganisation" : Bakema, Rogers, Roth, Voelcker et Wogenscky. Mais il participera toutefois, en 1958, à certaines autres réunions, dont une rencontre informelle tenue au Majestic, où il est question de ce "CIAM 2" et qui tourne court car, selon lui, la mort d'Yvonne (en 1957) aurait profondément ébranlé LC, et sa position face au CIAM aurait changé… Il ne répondra pas à l’invitation au colloque d’Otterlo.
En 1957, Roger Aujame intègre l'atelier Lagneau & Weill. Au sein de cet atelier, il collabore aux projets de villes nouvelles en Guinée, liées à l’exploitation du bauxite (comme Boké, projet financé par les bauxites du midi ; urbaniste : Rottival). Il est aussi impliqué dans les projets de création des oasis du désert en Algérie — Préfecture des Oasis sahariennes à Ouargla et ensemble de logements pour cadres à Touggourt (projets de développement pétrolier financés par la Caisse des Dépôts ; auxquels participe également Ladourdette, en charge de l’oasis de Ghardaïa) — puis dans l’étude du Plan directeur d’Abidjan (Côte d’Ivoire, 1958). Enfin, il participe aussi au projet de l’usine de Cadarache (Bouches du Rhône ; usine de recyclage de plutonium, ouverte en 1962 par le CEA). En 1960, alors qu’il est toujours chez Lagneau & Weill, Roger Aujame suit une formation d’« Expert de l’Assistance technique internationale » donnée par le Ministère français des actions étrangères (Guy Rottier suivra également cette formation). Obtenant la charge du Plan Directeur de Kaboul (Afghanistan), il partira pour une mission de 6 mois, qui se transformera en 4 ans de séjour là-bas (avec sa famille, de 1961 à 1965) En 1965, il se porte candidat à l’ONU pour une mission d’urbanisme en Syrie ; mais au cours de son "debriefing" à New York (avril 1965), Ernest Weismann lui propose un poste dans son équipe du Centre de la Planification, de l'Habitation et de la Construction des Nations Unies (Bureau des Affaires Sociales). Nouveau séjour de la famille aux USA, qui durera 2 ans, pendant lequel Aujame part fréquemment en mission à l’étranger. En 1967, de passage à Paris, il demande son transfert au Secrétariat de l'Unesco à Paris. Il sera intégré à la division "éducation". La famille rentre ainsi à Boulogne, avant de déménager à Meudon en 1970 (le fils aîné va à l’école de la Source, où est expérimenté une pédagogie nouvelle).
Edith, de son côté, est activement impliquée dans ce domaine de l’éducation : présidente de l’A.E.P. (association pour l’environnement pédagogique), très active dans les années 1960-1970 (avec, entre autres, Frenet et Montessori), elle est notamment à l’origine du projet de La Source à Paris, puis de nombreux projets d’écoles expérimentales en Bretagne. Roger Aujame restera 16 ans à l’Unesco, comme conseiller technique à la Division du Financement de l'Education, dans le programme de coopération Unesco- Banque Mondiale où il participe à de nombreuses missions dans les pays en voie de développement, jusqu'à sa mise à la retraite en 1982. L’équipe de la division Education comporte quelques 34 experts, de différentes disciplines (enseignement général, techniques, agriculture, économie, architecture, etc.). Aujame conduit de nombreuses recherches sur les écoles actives en Europe (Allemagne, Suisse, Danemark, Suède, etc.) et développe différents projets de réalisations scolaires, financées par la Banque mondiale. De 1982 à 1990, il demeure comme consultant au programme de coopération Unesco- Banque Mondiale pour des missions concernant les constructions scolaires et universitaires.
Edith Aujame est décédée à la fin de l’année 1998. Roger Aujame est mort en mai 2010.
Source: notice établie par Catherine Blain, avril 2006 / revue par Roger Aujame