Sainte-Anne-du-Bocage - Définition

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Histoire

Origines

Alexis Landry (1721-1798), un marchand né à Grand-Pré et survivant de la Déportation des Acadiens, s'établit à Caraquet probablement vers 1757 avec trois autres familles. Échappant à nouveau à la déportation lors du raid de Roderick MacKenzie en 1761, Landry quitta ses terres avec sa famille pendant quelques années pour assurer sa sécurité. Au printemps 1768, les Landry revinrent sur les lieux et le 13 mars 1769, le magistrat George Walker leur permit officiellement de s'établir sur le site qu'ils occupaient en 1761, à condition qu'il ne soit pas déjà occupé. Alexis Landry en reçut le titre de propriété officiel en 1784.

Une église aurait déjà existé sur le site de Sainte-Anne-du-Bocage dès 1784 ou peut-être aussi tôt que 1772 ou 1771. Cette église, dédiée à Sainte Anne, aurait été construite en bois rond sur un terrain donné par Landry, avec la permission du Jésuite Jean-Baptiste de la Brosse. En fait, Landry aurait fait installer une statue de Sainte-Anne dès son arrivée en 1757. Avant l'envoi des missionnaires, et durant leur absence, Alexis Landry célébrait des messes blanches, c'est-à-dire sans prêtre.

En 1766, à peine dix ans après la Déportation des Acadiens, l'évêque de Québec promit l'envoi d'un missionnaire pour desservir tous les Acadiens des Maritimes. Dû à sa position géographique et à l'importance de sa population, Caraquet reçut fréquemment la visite de missionnaires. Le premier fut Charles-François Bailly de Messein (1768-1773), suivi de Joseph Mathurin Bourg (1773-1785) puis d'Antoine Girouard (1785-1787), qui devint le premier missionnaire résident à Caraquet en 1787. En 1786, l'abbé Girouard tenta sans succès de déplacer l'église vers le centre de la ville puis la fit apparemment rénover. Joseph Mathurin Bourg fut à nouveau résident à Caraquet de 1787 à 1794. En 1791, Alexis Landry entreprit des démarches pour y faire construire une église. Joseph-Mathurin Bourg souhaitait qu'elle soit construite près du cimetière bien qu'il fût déjà projeté depuis plusieurs années de construire une église dans un site plus central. Le 10 juillet 1793, Landry céda une partie de son domaine pour la construction, à condition que lui et ses héritiers aient l'usage gratuit d'un banc fermé de 4 places et que le coût de ses funérailles soit assuré par la fabrique. Olivier Blanchard obtint le contrat de la construction. L'église fut bénie en juillet 1794 par l'abbé Bourg. Elle était en bois rond, pièces sur pièces, le type de construction le plus fréquent chez les Acadiens entre 1755 et le début du XIXe siècle. Après la construction de l'église, les missionnaires suivants y célébrèrent des messes : Jean-Baptiste Castanet (1794-1795), Joseph Mathurin Bourg (1795-1796), Jean-Baptiste Castanet (1796-1797), Louis-Joseph Desjardins (1797-1798), René-Pierre Joyer (1798-1806), Urbain Orfroy (1806-1813) et Phil-Antoine Parent (1813-1817). Thomas Cooke devint missionnaire résident à Sainte-Anne-du-Bocage en 1817.

L'église de Caraquet

L'église de Sainte-Anne-du-Bocage était située trop loin pour les habitants de l'est de la ville. Suite à de nombreuses démarches, une nouvelle église fut construite en 1818 dans le quartier de la Pointe-Rocheuse, près de l'actuelle église Saint-Pierre-aux-Liens, un endroit plus central. Une nouvelle chapelle, celle visible de nos jours, fut tout de même construite au Bocage entre 1832 et 1836, à quelques mètres de l'ancienne chapelle. En plus de son architecture inhabituelle, il semble que la chapelle ne fut pas utilisée de façon régulière pour la messe. Trois hypothèses populaires expliquent donc la raison de sa construction : la première voulant que ce soit un monument aux survivants de la Déportation, la seconde voulant que ce soit un moyen pour les paroissiens d'améliorer leurs chances d'avoir une église installée dans leur quartier et finalement, selon la troisième hypothèse, ce serait une chapelle construite par des marins rescapés d'un naufrage en remerciement pour leur survie. La construction d'une église en pierre mesurant 48 pieds par 120 pieds commença en 1837. Les travaux furent interrompus en 1853, suite au manque d'argent et à une décision de l'évêque. L'église Saint-Pierre-aux-Liens fut finalement construite dans le centre de Caraquet entre 1857 et 1860.

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De chapelle à sanctuaire

La chapelle aurait été dédiée à Sainte-Anne le 22 juillet 1857 alors que, selon la tradition orale, des marins rescapés d'un naufrage ont marché du port jusqu'à la chapelle pour remercier la sainte de sa protection. Le premier pèlerinage d'envergure eut lieu le 26 juillet 1880, lors de la fête de la Sainte-Anne. Louis-Joseph Desjardins, missionnaire entre 1797 et 1798, avait déjà proposé d'instaurer un pèlerinage. Le chemin de fer Caraquet & Gulf Shore fut construit à proximité en 1887 et avant même la fin des travaux en novembre, le train faisait un arrêt à la gare de Sainte-Anne-du-Bocage, permettant aux pèlerins venant d'aussi loin que Bathurst de venir au sanctuaire. Les billets étaient à moitié prix lors de la Saint-Anne, la compagnie encourageant ce genre de célébrations. La chapelle fut rénovée en 1904 et les fenêtres de style gothique furent installées quelques années plus tard. Une extension à l'arrière de la chapelle, permettant de célébrer des messes à l'extérieur, fut inaugurée en 1909. Le 4 juin 1914, les quatre marins de la goélette Mary Jane firent un pèlerinage à Sainte-Anne-du-Bocage dès leur arrivée au port pour remercier la sainte de les avoir sauvés durant une tempête. La source et son escalier furent construits et bénit la même année. La construction d'un chemin de croix dans le boisé du bocage fut commencée en 1951. Une statue de Notre-Dame de l'Assomption, la sainte patronne de l'Acadie, fut inaugurée en 1952. La construction du chemin se termina en 1954, l'année mariale, par l'installation des quinze mystères du rosaire. Le portail est construit en 1955 pour commémorer le 200e anniversaire de la Déportation des Acadiens. Un monument en pierre et en bronze à l'effigie d'Alexis Landry est inauguré en 1956, à l'occasion du 75e anniversaire de la Ire Convention nationale acadienne, à Memramcook en 1881. Il est remplacé par un monument en pierre dévoilé en 1961 par l'écrivain français Henri Queffélec. Une réplique de la chapelle telle qu'elle existait avant les rénovations du XXe siècle fut construite au Village historique acadien durant les années 1970. Ce village est un site touristique situé près de Caraquet, recréant la vie des années 1770 à 1939 au moyen d'une quarantaine d'édifices et d'interprètes costumés. En 1975, une toilette publique fut construite sur le terrain tandis que l'intérieur de la chapelle fut rénové. Des pierres furent installées sur les berges du parc en 1996 pour le protéger de l'érosion grandissante. La chapelle fut rénovée et agrandie en 1999. Elle devint un site historique municipal le 1er novembre 2006. Le 26 juillet 2004, à l'occasion du 400e anniversaire de l'Acadie, le cardinal Marc Ouellet célébra une messe à laquelle assistèrent plus de 10 000 personnes. Un monument commémorant le Grand Dérangement fut inauguré le 28 juillet 2007.

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