Le système d’éducation de l’Église adventiste du septième jour est le système d’éducation chrétienne le plus important dans le monde après celui de l’Église catholique, avec plus de 1,5 millions d’étudiants, 80 000 enseignants, environ 120 centres universitaires, 7600 écoles secondaires et primaires, opérant dans plus de 150 pays, dûment accrédités par les ministères de l'éducation des pays concernés. Ce système holistique d’éducation démarra au cours des années 1870 mais la première école adventiste fut fondée en 1853. « Le développement des facultés physique, mentale, sociale et spirituelle, la croissance intellectuelle, et le service de l’humanité, sont les valeurs principales des aspects essentiels de la philosophie adventiste de l’éducation. »
Les adventistes du septième jour accordent une grande importance à l'éducation. Le système d’éducation adventiste naquit de leur l’intérêt pour une approche holistique de l’éducation, favorisant le développement de toutes les facultés (physique, mentale, sociale et spirituelle) afin de servir l’humanité, réduire l'analphabétisme et l'illétrisme, améliorer la qualité de la vie, et se préparer au retour du Christ. De plus, les adventistes cherchèrent à former des pasteurs, des missionnaires et des professionnels dans divers métiers pour répondre aux exigences de leur mission.
Au 19e siècle, le système d’éducation américain était peu développé. Beaucoup d’écoliers se rendaient dans des petites écoles urbaines ou de campagne. Ils passaient des heures assis et immobilisés dans une salle, sous la direction d’un instituteur. L’environnement éducatif était primitif et peu hygiénique. L’acquisition des connaissances se faisait essentiellement de mémoire. Le niveau général d'éducation était peu élevé. A la maison, certaines mères apprenaient à leurs enfants à lire, à écrire et à compter, mais beaucoup d'autres enfants travaillaient pendant de longues heures à la ferme ou à l'usine dans des conditions déplorables. Beaucoup d'enfants d'immigrants réussirent, "en dépit de, et non à cause de l'école publique, qui n'était pas obligatoire."
En 1853, Martha Byington démarra la première école primaire adventiste à Buck’s Bridge dans l’état de New York. Son initiative fut personnelle car avant 1860, l’Eglise adventiste du septième jour n’était pas encore formellement organisée. Durant les années 1850 et 1860, l’éducation des enfants adventistes demeura en grande partie l’affaire des parents, non une responsabilité de l’Eglise adventiste.
Selon Ellen White, en janvier 1872, elle eut sa première vision détaillée sur les principes de l’éducation chrétienne. Dans un essai de trente pages, « la bonne éducation », publié le 22 juillet 1872, elle incita les adventistes à fonder une école. Elle affirma, « nous sommes des réformateurs », s’identifiant à un mouvement de réforme de l’éducation aux États-Unis qui se développa après la guerre de Sécession. Ces réformateurs considéraient que l’éducation devait être démocratique, et non élitiste. Parmi eux, Noah Webster publia le premier dictionnaire d’anglais américain, propulsant de la sorte la langue populaire dans les milieux académiques. Horace Mann popularisa l’idée d’une éducation publique, ouverte à tous, bon marché, voire gratuite. Il institua le premier programme de formation des enseignants.
Au début du 19e siècle, la majorité des colleges (des universités de premier cycle) aux Etats-Unis, comme anciennement l’université Harvard, étaient des institutions religieuses, bien qu’on y étudiait les auteurs classiques, la philosophie, le grec et le latin. Mais les réformateurs estimaient qu’une éducation complète devait utiliser les mains autant que le cerveau. Ils militèrent en faveur de l’apprentissage d’une profession au college, qui remplacerait même l’étude des classiques. Fondée en 1833, Oberlin College dans l’Ohio, dont l’évangéliste presbytérien Charles Finney fut le deuxième président, introduisit des changements choquants à l’époque en incorporant le travail manuel au curriculum, l’enseignement « co-éducationnel » (des filles et des garçons) et de la diététique, et en supprimant l’étude des classiques.
Comme les réformateurs, Ellen White souhaita un changement du système d’éducation mais elle y apporta une orientation adventiste. Sa contribution spéciale fut la dimension du salut dans l’enseignement. D’autres éducateurs chrétiens mirent aussi l’emphase sur l’aspect rédempteur de l’éducation et la restauration de l’image de Dieu en l’être humain, mais faisant un tri parmi leurs idées, elle affirma se baser uniquement sur les principes de la Bible.
Les dirigeants adventistes agirent promptement sur les conseils d’Ellen White. En juin 1872, la première école financée par l’Eglise adventiste démarra sous la direction de Goodloe Harper Bell (1832-1899), qui avait étudié à Oberlin College. Le 4 janvier 1875, la première institution adventiste d’éducation d’envergure, le college de Battle Creek dans le Michigan, un bâtiment de trois étages, fut inauguré sous la direction de Sidney Brownberger (1845-1930), un licencié de l’université du Michigan.
Le nombre d’étudiants de l’institution grimpa rapidement, mais les objectifs proposés par Ellen White en matière d’éducation ne furent pas atteints immédiatement. En effet, les dirigeants adventistes ne suivirent pas tous ses conseils. Étant en milieu urbain, et non à la campagne, Battle Creek College n’offrait pas de programme travail-études, ni de travail manuel. Le programme le plus populaire et le moins cher fut le « tronc commun » (l’anglais, la grammaire, la rhétorique, l’écriture, les mathématiques, la géographie et la comptabilité), mais on enseignait toujours les classiques. L’enseignement comprenait aussi la philosophie, la physiologie et les langues (le grec, le latin, l’hébreu, le français et l’allemand). Les cours sur la Bible et les doctrines étaient optionnels. Les licences étaient longues (3 à 5 ans), et théoriques plutôt que pratiques.
Le médecin et chirurgien, John Harvey Kellogg, démarra en connexion avec le Sanitarium de Battle Creek plusieurs écoles de formation dans le domaine de la santé :
Les adventistes établirent également quelques institutions d’éducation tertiaire :
En 1887, les dirigeants de l’Eglise adventiste créèrent la Société de l’éducation à la Conférence Générale pour superviser et orienter les écoles adventistes, en constante augmentation. William Prescott devint le premier secrétaire de l’éducation. Il était l’éducateur adventiste le plus capable et expérimenté, mais durant quelques années, il concentra beaucoup de responsabilités. Alors qu’il était encore président de Battle Creek College, il fut le premier président d’Union College et de Walla Walla College.
A partir des années 1890, les adventistes démarrèrent une réforme de leur système d’éducation. Dès sa création en 1892, Avondale College en Australie mit en application les principes d’éducation préconisés par Ellen White, qui résidait alors sur cette île-continent. Forte de cette expérience, elle encouragea la prolifération des « écoles d’église », c’est-à-dire des écoles primaires financées par les congrégations adventistes locales. Elle popularisa chez les adventistes l'apprentissage avec un mentor, les petites classes et l’inscription ouverte. Dans les collèges adventistes, les cours de Bible furent ajoutés au curriculum habituel, comprenant l’anglais, l’histoire, les mathématiques, la science et l’apprentissage de langues étrangères modernes. Ellen White réclama une bonne formation des pasteurs, « un corps pastoral instruit et intelligent, pas des novices ». Les écoles adventistes furent placées en milieu rural. Suivant cette philosophie, en 1901, Battle Creek College fut relocalisé dans le cadre champêtre du village de Berrien Springs dans le Michigan, et renommé " Emmanuel Missionary College " (aujourd'hui l'université Andrews). Des écoles s'ouvrirent dans plusieurs parties du monde : en Suisse, en Scandinavie, en Australie et en Amérique du sud. Des écoles de médecine, de cours par correspondance, pour les immigrants ou les minorités, notamment pour les noirs aux Etats-Unis, furent établies.
Après ce qu’on appela le « mouvement de 1897 », une date qui marqua une prise de conscience au sein du système d’éducation adventiste, les éducateurs adventistes cherchèrent à développer un curriculum avec une orientation chrétienne. Les premiers livres d’école écrits par des enseignants adventistes commencèrent à être publiés, notamment :
Dans la même période, le système d’éducation aux États-Unis et en Europe connut aussi une évolution. Au début du XXe siècle, les gouvernements passèrent des législations, rendant l’éducation obligatoire pour les enfants.
En 1895, l’Eglise adventiste possédait 18 écoles primaires à travers le monde. Sous l’impulsion de réformateurs adventistes de l’éducation, comme Edward Suntherland et Percy Magan, ils atteignirent l'instauration de 594 écoles primaires en 1910. Des institutions secondaires et tertiaires, qui devinrent majeures plus tard dans l’adventisme, furent aussi établies, notamment :
Entre 1920 et 1945, la première génération d’écoles adventistes se développa pour devenir des institutions majeures d’éducation en dépit d’une situation économique mondiale difficile, suivant les affres de la Première guerre mondiale (1914-1919) et la Grande dépression (1929-1932). Accompagnant le mouvement de progression de l’Eglise adventiste, d’autres institutions d’éducation continuèrent à se développer à travers le monde.
Après la Seconde guerre mondiale (1939-1945) et la période de reconstruction, les premières universités adventistes furent officialisées : Potomac (1957) qui intégra Andrews (1960), Loma Linda (1961), Montemorelos (1973) et l’université adventiste d’Afrique centrale (1978). Depuis les années 1990, le passage au niveau du statut universitaire (notamment au-dessus du premier cycle) de nombreuses institutions adventistes tertiaires s’est accéléré. Aujourd’hui, l’Eglise adventiste compte environ 120 centres universitaires à travers le monde, dûment accrédités par les ministères d'éducation des pays respectifs.