Ce crash est sûrement un des pire de l'histoire de l'aéronautique au vu de ce qu'ont subi les 110 occupants du DC-9.
Le vol 592 devait assurer la liaison Miami-Atlanta le 11 mai 1996. L'avion était un DC-9 agé de 27 ans, ayant appartenu à Delta Airlines. Le commandant de bord, Candi Kubeck, 35 ans était une des rares femmes à occuper ce poste. Elle totalisait plus de 8900 heures de vol dont 1900 sur DC-9. A ses côtés il y a Richard Hazen, 52 ans, un copilote très expérimenté ayant servit comme mécanicien et comme pilote dans l'US Air Force. Il n'y aura aucun survivants parmi les 110 personnes à bord.
L'avion décolle vers 13h45, avec plus de trois quart d'heure de retard. Trois minutes plus tard, alors que l'avion passe les 10.000 pieds, un bruit sourd résonne dans la soute. 12 secondes plus tard, une panne électrique met hors services la plupart des instruments de bord, les pilotes contactent immédiatement la tour de contrôle et demandent à faire demi-tour. Le DC-9 entame son virage quand soudain des passagers se mettent à hurler "Au feu!". Les pilotes alertent la tour de la présence de fumée dans le cockpit, les pompiers sont alertés et se déploient sur la piste de l'aéroport. Quelques secondes plus tard, l'avion disparaît des radars au-dessus des Everglades.
Les Everglades sont des marécages quasiment impraticables abritant de nombreux crocodiles, des témoins ont vu l'avion se faire "avaler" par les marais. Si leur profondeur ne dépasse pas 6m, le fond est composé d'une couche de plus de 10m de plante en putréfaction et de sédiment. Autant dire que l'enquête s'annonce comme particulièrement difficile. Le NTSB parvient à récupérer les boîtes noires: rien d'anormal n'est enregistré jusqu'au bruit sourd. L'enregistreur présente par la suite des valeurs complètement aberrantes concernant l'altitude et la vitesse qui reviennent à la normale par la suite. Sur l'autre enregistreur, on peut entendre les hurlements effroyables des passagers.
L'enquête s'oriente donc vers le chargement de la soute: une des palettes appartenant à la compagnie aérienne comportait 2 roues d'avion gonflées et de mystérieuses caisses enregistré sous le nom "Oxy Can-Empty". Il s'avéra qu'il s'agissait de cannettes à oxygène, embarquées illégalement à bord de l'avion (le transport d'oxygène est très règlementé). Ces cannettes avaient été retirées de différents avions de la compagnie par SabreTech, car leur date limite d'utilisation était dépassée. Ces canettes, qui servent à alimenter les masques à oxygène, encombraient les locaux de SabreTech pressé de s'en débarrasser sans vouloir payer la taxe de destruction en vigueur en Floride. Un technicien de SabreTech emballa alors les canettes dans des caisses, sans mettre les bouchons servant à bloquer leur déclencheur, et les fit embarquer à bord du vol 592 pour Atlanta où la taxe de destruction n'existe pas.
Plusieurs expériences ont mis en évidence qu'en s'entrechoquant, les cannettes ont pu se déclencher entrainant un fort dégagement de chaleur. La chaleur a fait exploser les roues embarquées, à l'origine du bruit sourd et d'une modification de la pression ayant entraîné les valeurs aberrantes d'altitude et de vitesse. Cet enchainement de phénomènes prend un certain temps, et il est fort probable que les canettes se soient déclenchées avant ou pendant le décollage. L'accident aurait peut être pu être évité s'il y avait eu des détecteurs de fumée en soute (devenus obligatoires suite à cet accident). Ainsi, peu après l'explosion des roues, le feu s'est propagé très rapidement à une température de plus de 2600°C sous les pieds des passagers jusqu'à ce que la rangée de gauche s'effondre sous les yeux des autres passagers hurlants alors que le reste du sol fond petit à petit.
Pour la première fois de l'histoire de l'aviation, il y eut des poursuites criminelles à l'encontre de techniciens et dirigeants de SabreTech et de ValuJet. Les dirigeants de SabreTech sont accusés de 110 meurtres au 3e degré, ainsi que de plus de 20 autres chefs d'inculpations. Les dirigeants de ValuJet ne seront que peu inquiétés. Les bouchons qui auraient pu éviter que les canettes ne se déclenchent coûtaient 3 cents à l'unité, et le responsable de l'entretien de SabreTech a avoué ne pas avoir voulu les commander malgré la demande d'un technicien.