Le vol 38 British Airways est un vol assurant la liaison entre l’aéroport international de Pékin et l’aéroport de Londres Heathrow. Le 17 janvier 2008, à 12 h 42, le Boeing 777-200ER G-YMMM (c/n 30314/342) de la compagnie britannique British Airways a raté son atterrissage, se posant sur l'herbe 350 à 400 m avant la piste 27L, et venant s'immobiliser au début de cette même piste. Sur les 136 passagers et membres d’équipage, seuls 14 passagers ont été légèrement blessés. L'avion est économiquement non réparable.
Lors de l'approche finale à environ 220 m de haut et 3,2 km de la piste, une première demande d'augmentation de la poussée effectuée par le pilote automatique, puis une deuxième demande manuelle des pilotes restèrent sans effets. Le pilote automatique réduisit la vitesse à 108 noeuds à 61 m de hauteur, pour maintenir la pente de descente de l'ILS. Le pilote automatique fut déconnecté à 175 pieds (53m) et l'avion se posa sur l'herbe à environ 300 m du début de la piste 27L. Pendant l'impact et le roulage au sol, le train d'atterrissage avant s'effondra, le train arrière droit fut arraché de l'appareil et pénétra dans le réservoir central et dans l'espace de la cabine, le train gauche fut poussé au travers de l'aile. L'avion finit sa course sur les marques indiquant le début de piste. Une importante quantité de kérosène s'écoula mais aucun incendie ne se déclara. L'avion était passé approximativement 6 mètres au-dessus des voitures circulant sur l'autoroute A30 et sur la route du périmètre sud de l'aéroport.
Quatre membres de l'équipage et huit passagers furent blessés et évacués vers l'hôpital pour des blessures légères et contusions. Un des passagers a eu la jambe cassée.
L'accident a provoqué la fermeture de la piste sud de l’aéroport londonien ne laissant que la piste nord ouverte, contraignant de nombreux vols à être redirigés sur les aéroports de Luton et Stansted.
Le commandant, Peter Burkhill, a indiqué lors d’une conférence de presse qu’il ne ferait pas de déclaration et qu’il réserverait ses commentaires à l’Air Accidents Investigation Branch, qui a ouvert une enquête. Il a juste déclaré que lors de la phase d'atterrissage, c’était le copilote, John Coward, qui était aux commandes et qu'un autre co-pilote était présent dans le cockpit, Conor Magenis.
John Coward dans une interview ultérieure déclara : « Lorsque l'approche finale débuta, je pris conscience qu'il n'y avait plus de puissance. » « Soudain, il n'y avait plus rien sur aucun des moteurs et l'avion a commencé à planer. »
L'avion n'était âgé que de six ans. C’est le premier accident rencontré par un Boeing 777.
L'enquête est menée par l'Air Accidents Investigation Branch, l'AAIB, l'équivalent britannique du BEA français ou du BST canadien. A mai 2008, elle n'est pas encore achevée.
Rapport préliminaire du 18 janvier. Dès le lendemain de l'accident, l'AAIB publia un rapport préliminaire :
Elle compléta ce rapport le 24 janvier :
Bulletin du 18 février. L'AAIB émit un bulletin complémentaire où elle déclara qu'il n'y avait « aucun élément probant d'une défaillance mécanique ou de l'absorption par les réacteurs d'oiseaux ou de glace » , qu'il n'y avait non plus « aucun élément probant d'une contamination du carburant ou d'un niveau d'eau inhabituel dans celui-ci » et que les données enregistrées indiquaient qu'il n'y avait « aucune anomalie sur les principaux systèmes de l'avion. » Certains petits corps étrangers ont cependant étaient détectés dans les réservoirs de carburant et sont en analyse complémentaire.
Le rapport note qu'il a été démontré qu'une cavitation s'est produite dans les deux pompes de carburant à haute pression, ce qui peut être indicatif d'une restriction de l'apport en carburant ou d'un excès d'aération du carburant, cependant le constructeur a estimé que les deux pompes étaient toujours capables de fournir un débit suffisant de carburant. La rapport note que l'avion a volé au travers d'un air inhabituellement froid (mais pas exceptionnel) et conclut que la température n'était pas assez basse pour faire geler le carburant. Des tests se poursuivent pour tenter de reproduire les dommages visibles sur les pompes à carburant et de les faire coïncider avec les données enregistrées du vol. Un examen et une analyse complète vont être menés sur l'ensemble de l'avion et du système d'alimentation en carburant des réacteurs incluant une modélisation des flux de carburant prenant en compte les effets aérodynamiques et l'environnement de l'appareil.
Le rapport note également que les poignées d'extinction d'incendie ont été manuellement déployées par l'équipage avant les interrupteurs d'arrivée de carburant. Les poignées d'extinction d'incendie ont aussi pour effet de désactiver les interrupteurs de carburant, ce qui signifie que le carburant continuait de s'écouler après l'atterrissage forcé, une situation potentiellement dangereuse. Le rapport a repris un précédent Boeing Service Bulletin qui donnait comme consigne de procédure que les interrupteurs de carburant doivent être activés avant les poignées d'extinction d'incendie. Le rapport indique que « Ce n'est pas la cause de l'accident mais que cela peut avoir de sérieuses conséquences en cas d'incendie lors de l'évacuation de l'appareil. »
En fait la nécessité de publier la Safety Recommendation 2008-009, affectant toutes les versions des 777 qui avait déjà été incorporé dans le Boeing Service Bulletin (SB 777-28-0025) - comme cela était le cas pour le G-YMMM - fut donné par l'AAIB comme principale raison d'avoir publié ce bulletin spécial bien avant que l'enquête sur l'accident ne soit achevée.
Bulletin du 12 mai 2008 : Dans ce nouveau bulletin, l'AAIB confirme que l'investigation continue de se centrer sur la délivrance du carburant au réacteur. Il déclare que « la réduction de la poussée sur les deux moteurs est le résultat d'une réduction de l'arrivée de carburant et toutes les paramètres moteurs après cette réduction de poussée sont cohérents avec cela. » Le rapport confirme que le carburant était de bonne qualité et avait un point de congélation plus bas que les plus basses températures rencontrées par le vol. Comme cela était déjà mentionné dans le bulletin de février, le rapport note que les dommages dus à la cavitation dans les pompes à haute pression, sont la preuve d'une pression anormalement basse aux orifices de la pompe. Après avoir exclu la congélation ou la contamination du carburant, l'enquête se centre maintenant sur ce qui a pu causer cette basse pression aux orifices de la pompe. « Des restrictions dans le système d'alimentation en carburant entre les réservoirs de l'avion et chacune des pompes des moteurs, conduisant à une réduction du flux de carburant, sont suspectées. » Le système d'alimentation en carburant est inspecté chez Boeing et les moteurs chez Rolls Royce à Derby.
Le bulletin exclut d'autres causes possibles, déclarant qu' « il n'y a aucun élément probant de la rencontre avec un vortex de sillage, un choc d'oiseau ou le givrage du cœur du moteur. Il n'y a pas non plus d'éléments d'un comportement anormal de quiconque dans l'avion ou des systèmes des réacteurs suggérant une interférence électromagnétique. »