Philippe Tailliez, né le 15 juin 1905 à Malo-les-Bains et mort le 26 septembre 2002 à Toulon
Marin de carrière, son père Félix Tailliez alors en poste à Tahiti, raconte dans ses lettres les histoires de plongeurs de perles, qui fascinent son plus jeune fils (qui avait un frère, Jean, marin également, et une soeur, Monique). Philippe Tailliez, sorti de l'école navale en 1924, est affecté à Toulon. Il se passionne pour l'apnée, la chasse et les images sous-marines, et devient le champion de natation de la Marine. Inspiré par la philosophie du naturiste suisse Jacques Grob, rencontré à Carqueiranne où il vivait de jardinage et de pêche sous-marine, prend déjà conscience de la fragilité de la mer: "la bande côtière fertile, riche en couleurs et en poissons", écrit-il en 1937, "n'est pas plus large qu'un fleuve". Officier torpilleur sur le "Condorcet", Philippe Tailliez fait la connaissance d'un jeune enseigne de vaisseau à qui il fera découvrir la plongée et la nature : le cannonier Jacques-Yves Cousteau. Passionné de cinéma, possesseur d'une caméra, ce dernier songe aussitôt à faire des films sous-marins, mais faute de temps le rêve mettra plusieurs années à se réaliser, et c'est l'allemand Hans Hass qui tournera le premier film sous-marin aux Antilles en 1939.
En 1938, Philippe Tailliez rencontre aux îles des Embiez un chasseur sous-marin déjà réputé : Frédéric Dumas.
Le trio Tailliez-Cousteau-Dumas (que Tailliez surnommera en 1975 "les 3 Mousquemers") marquera l'histoire de la plongée. Pour commencer, se trouvant en congé d'armistice et disposant donc de temps, ils réalisèrent en 1942 et en apnée le premier film sous-marin français: "Par dix-huit mètres de fond", suivi l'année d'après par "Epaves", cette fois avec le scaphandre autonome "Cousteau-Gagnan" inventé pour l'occasion, et avec les fonds de l'entreprise de renflouage marseillaise "Marcellin". En 1945, l'amiral gaulliste Lemonnier, ayant visionné ce film, confie à Philippe Tailliez la direction du G.R.S. (Groupe de Recherches Sous-Marines), qui devient le G.E.R.S. (Groupe d'Etudes et de Recherches Sous-Marines) en 1950 (et le Cephismer aujourd'hui). Il y fait affecter Cousteau et Dumas, et obtient un navire, l'aviso "Elie Monnier", avec lequel le trio remplira d'innombrables missions de déminage, d'exploration sous-marine, de tests physiologiques (découvrant le principe des tables de plongée), d'archéologie sous-marine (à Mahdia en Tunisie) et de soutien des premiers bathyscaphes du Professeur Jacques Piccard: le FNRS II en 1949 à Dakar. Ces aventures sont racontées dans le livre de Philippe Tailliez "Plongées sans câble" et dans le livre de James Dugan, Frédéric Dumas et Jacques-Yves Cousteau "Le Monde du silence" (antérieur au film du même nom). En 1949, Philippe Tailliez part en Indochine, laissant la direction du G.E.R.S. à Cousteau et Jean Alinat.
A son retour, il se lance avec Hans Sellner dans une aventure technologique innovante: la construction d'un bathyscaphe à air liquide (en lieu et place d'essence, comme principe hydrostatique), l'"Aquarius". Faute de financements, la réalisation technique est défectueuse et le prototype coule lors des essais: le principe du bathyscaphe, de toute façon, est en perte de vitesse face aux R.O.V.
De 1960 à 1963, Philippe Tailliez est président de la Commission Technique Nationale de la FFESSM et un des membres fondateurs de la CMAS (Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques).
Il s'investit parallèlement dans l'archéologie sous-marine et conduit de nombreux chantiers avec le concours de la Direction des recherches archéologiques sous-marines et de la Marine. Il préside, dès sa création (1982), le GRAN (Groupe de Recherche en Archéologie Navale).
Après 1960, date de son départ à la retraite de la Marine, il se consacre à la protection de l'environnement marin. Fuyant les média à l'inverse de Cousteau, il est néanmoins très actif. Membre fondateur du Comité scientifique du parc national de Port-Cros, créé en 1964 et de l’Institut océanographique Paul Ricard, il aide et conseille avec une générosité constante de nombreux passionnés de l'exploration, du cinéma et de la mer, dont certains sont devenus célèbres.
Considéré comme le "père de la plongée sous-marine" moderne et l'inspirateur de la conscience environnementale de Cousteau, Philippe Tailliez a reçu de nombreuses distinctions, en France et à l'étranger, pour ses multiples contributions.
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