L’aqueduc qui relie Gorze à Metz est un aqueduc romain construit vers le début du IIe siècle. Il a été classé monument historique depuis la première liste de 1840.
La situation de Divodurum (Metz), capitale des Médiomatriques, au croisement des axes sud-nord et est-ouest, c’est-à-dire sur les voies romaines allant de Lyon à Trèves et de Reims à Strasbourg. La ville, qui comptait environ 20 000 âmes au IIe siècle, nécessitait un approvisionnement en eau de source pour alimenter les fontaines, les trois thermes romains, les latrines publiques et les artisans.
À l’endroit d’élévation des piles, les Romains préparaient un radier sur une série de pieux en chêne enfoncés profondément dans le sol. Sur ce radier, était montée, sur une hauteur d’épaule (de sol jusqu’à la hauteur de l’épaule), une pile en pierres de taille cimentée, puis remplie d’un mélange de gravats et de chaux. Une fois la première hauteur passée, on construisait un échafaudage avec des madriers pour monter d’une autre hauteur, et ainsi de suite.
Le tracé s’étendait sur 22 km et reliait la source des Bouillons près de Gorze (208 m) à Metz (184 m).
Il comporte 12,7 km de souterrain, un pont à arcades (niveau 197 à 193 m) de 1,125 km entre Ars-sur-Moselle et Jouy-aux-Arches, puis 8 km de souterrain.
Une partie du souterrain est visible entre Gorze et Novéant-sur-Moselle. Il ne reste de la partie aérienne de l’aqueduc, qui comptait plus d’une centaine de piles, que deux bassins et une vingtaine d’arches :
À Ars-sur-Moselle, le canal déversait ses eaux dans un réservoir rectangulaire dont la paroi, adossée au versant de la colline, est convexe pour résister à la poussée du terrain. Au centre de ce réservoir, un bassin carré (4,4 m sur 3,2 m et 1,3 m de hauteur) recevait les eaux qui y décantaient avant de repartir, après une petite chute et un virage à 90°, vers la conduite double du pont canal, dont chaque conduit a 0,85 m de large. Ce réservoir recevait aussi les eaux d’un ruisseau et servait de régulateur de débit en déversant l’excédent vers le village d’Ars.
Au départ, côté pont, chaque conduite avait une vanne de fond ou vanne guillotine, c’est-à-dire que l’eau s’écoule par dessous, ce qui permet une meilleure régulation du débit de sortie quel que soit le débit d’arrivée, dont l’excédent est évacué par le canal vers Ars grâce à une vanne de débordement.
L’ensemble était couvert d’une voûte en pierre de taille et d’une toiture de tuiles. Les sculptures et peintures retrouvées sur place indiquent que le bassin était dédié aux divinités de l’eau.