Canal de Neufossé | |
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Caractéristiques | |
Statut actuel | En service |
Longueur | 18 km |
Gabarit | à partir de 1820-1830 : Becquey à partir de 1884 : Freycinet à partir de 1967 : gabarit européen |
Altitudes | Maxi: 19 m Mini: 3 m |
Mouillage | 3,40 m |
Hauteur libre | 4,45 m |
Nombre d'écluses | XVIIIe siècle : 3 dont une quintuple 1887 : l'ascenseur des Fontinettes double l'écluse quintuple 1967 : une écluse de haute chute remplace l'écluse quintuple et l'ascenseur |
Histoire | |
Année début travaux | 1046 |
Commanditaire | Baudouin V de Flandre, Vauban |
Concepteur | Pierre du Buat |
Géographie | |
Début | Aire-sur-la-Lys |
Fin | Saint-Omer |
Traverse | Pas-de-Calais |
Pays | France |
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Le canal de Noeufossé, de Neufossé ou canal du Bassin minier est sur une grande partie de son tracé un cours d'eau totalement artificiel (et non une rivière qui a été canalisée).
Il a originellement été créé non pas d'abord pour relier le fleuve côtier de l'Aa du Pas-de-Calais à la rivière de la Lys (dans le Nord), entre les communes de Saint-Omer et d'Aire-sur-la-Lys, mais pour des raisons de stratégie militaire défensive, peu après l'an 1000.
Il est intégré dans le canal Dunkerque-Escaut.
Des documents médiévaux parlent d'un "« fossé neuf »" réalisé au XIe siècle (entre 1046 et 1054) à la demande expresse de Baudouin de Lille, comte de Flandre. Ce nom (noeuf fossé) était assez courant en France, mais dans ce cas, l'ensemble fossé et talus était une ligne de défense destinée à protéger une partie des domaines du comte d'un assaut qu'il savait être imminent de l’empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique Henri III, lequel s'était déjà emparé de Lille.
On peut supposer qu'il s'agissait d'un large et profond fossé voire d'un petit canal, creusé sans écluses ou presque, pour des raisons de défense,
Ce neuf-fossé alimenté par la Lys traversait Arques en y accueillant au moins une partie des eaux de l'Aa. En reliant ces deux cours d'eau, il coupait efficacement le nord de la France en deux parties, de Dunkerque à La Bassée sur un axe est-ouest.
L'ouvrage initial - renforcé d'un talus - aurait été creusé sur 12 ou 16 km de long, en urgence, par toute une armée et en vingt-quatre chantiers se rejoignant les uns les autres, ou en trois nuits selon la légende.
Il semble qu'il ait réellement bloqué l’avancée de l’Empereur, mais Baudouin, privé de l'aide de Godefroid IV qui lui avait antérieurement permis de résister à l'Empire ne put repousser Henri III plus au nord. Ce dernier a ravagé la Flandre plus au nord, mais il a été bloqué par la résistance organisée par Baudouin de Arques à La Bassée, derrière le « Neuf-fossé ». Henri III, aidé de Jean de Béthune (ancien châtelain de Cambrai) devra se contenter de Tournai et sa région (qu'il soumet en juin 1054) alors que Baudouin stagne devant Anvers défendue par Frédéric de Luxembourg (1055).
Un siècle plus tard, ce petit canal « de Neuf-Fossé » a été complété de petits forts défensifs dits Boulevers ou Blocus qui ont joué un rôle dans diverses batailles sur cette frontière artificielle. Une garnison importante a longtemps été maintenue à Saint-Omer et Aire sur la Lys, avec sur le proche Plateau d'Helfaut une zone d'entraînement et de campement.
Ce canal aurait pu avoir pour origine des fonctions secondaires de drainage (ne serait-ce que pour les nécessités du chantier) et de liaison commerciale entre le fleuve côtier de L'Aa et la rivière de la Lys et entre les communes d'Aire-sur-la-Lys et de Saint-Omer, qui étaient à l'époque deux grands centres urbains,culturels, militaires et religieux importants, mais cette hypothèse n'est pas attestée par les chroniqueurs de l'époque ou les archives.
Au XVIIIe siècle (en 1688 au moins), Vauban a décidé d'élargir ce canal pour en permettre la navigabilité pour de petits bateaux grâce à un ou deux deux larges chemins de halage, mais aussi pour en améliorer les fonctions défensives (talus élevés et raides), ponts faciles à contrôler. Ces travaux ne furent vraiment achevés qu'un siècle plus tard, au milieu des années 1780, la jonction par dérivation (de 18 km de long) n'ayant été commencée qu'en 1753, pour être mise en service 21 ans plus tard, en 1774.
Ces travaux d'agrandissement et rectification du « chenal de Saint-Omer » ont été supervisés par l'ingénieur des fortifications Pierre du Buat. Les archives du Service Navigation montrent qu'à cette occasion de très importantes levées défensives de terre ont rehaussé celles de Baudouin, à partir des terres issues du creusement d'élargissement qui a permis d'atteindre entre Aire et Arques localement 50 m de large et une hauteur de 9m, avec au pied de cet ouvrage « (..) un contre-fossé qui reçoit les eaux du coteau sur le flanc duquel le canal a été établi ». Le canal n'était alors franchissable que via quelques ponts, faciles à contrôler.
En 1835, les Mémoires des « antiquaires de la Morinie » de Saint-Omer signalaient la mise au jour de nombreux restes d'animaux préhistoriques lors de travaux effectués dans le canal de Neufossé : en particulier des molaires et des défenses provenant de plusieurs espèces furent extraites des terres. Une série de travaux a abouti à la mise au gabarit Freycinet (300 tonnes) en 1887 puis au gabarit européen (1350 tonnes) en 1967, mais une partie du réseau ferré construit sur les restes de l'ancienne muraille défensive de terre a été abandonnée.