La cordite est un explosif souvent appelée poudre sans fumée (bien qu'il ne s'agisse pas d'une poudre). Il a l'apparence d'un plastique jaunâtre à brun. Il était généralement diffusé sous forme de fils, de spaghettis ou de plaquettes après extrusion et séchage.
Cette substance ne dégage presque pas de particules lorsqu'elle est allumée et ne produit pas de flash lumineux.
Elle se consume néanmoins plus rapidement que la ballistite d'Alfred Nobel.
C'est un produit dangereux (source de brûlures graves, voire d'explosion violente s'il est enfermé dans un contenant et mis à feu). Il est très peu soluble dans l'eau comme en témoignent les bâtons de cordites que l'on retrouve encore intacts sous la mer, après près d'un siècle.
Sa production n'a été abandonnée au Royaume-Uni qu'à la fin du XXème siècle, avec la fermeture de l'usine ("poudrerie royale") de Bishopton dite « Royal Ordnance Factory » (ROF).
Le mélange des composants dissous dans de l'acétone est séché puis extrudé sous forme de câbles ou spaghettis plus ou moins fins d'où le nom de "cordite" (ou parfois de plaquettes).
Les principales formulations étaient dites RDB (pour Research Department formula B), SC (pour Solventless Cordite) et N (pour nitroguanidine) Sous sa forme moderne (cordite N), cet explosif est composé de
En 1884, le chimiste français Paul Vieille inventa la première poudre explosive qui ne dégageait pas de fumée (la Poudre B ou Poudre Blanche).
Elle était produite grâce à de la nitrocellulose et du collodion, mélangés à de l'éthanol et de l'éther puis malaxés pour obtenir une substance trois fois plus explosive que la poudre noire, sans les inconvénients de cette dernière (fort pouvoir détonnant, sensibilité à l'humidité, production de fumée..).
L'absence de fumée est due à une combustion produisant une bien plus grande proportion de gaz que dans le cas de la poudre noire (laquelle se dégrade à 60 % en produits solides dont du sulfate et du carbonate de potassium).
L'armée française adopta immédiatement cet explosif, mais il était instable et fut la cause de plusieurs accidents. En particulier, deux navires, le Iéna et le Liberté explosèrent à Toulon, respectivement en 1907 et 1911.
Alfred Nobel inventa en 1887 un explosif similaire : la ballistite.
Il était composé à 10 % de camphre, 45 % de nitroglycérine et 45 % de collodion. Dans le brevet déposé par Nobel, il est question d'une nitrocellulose qui doit être du "bien-connu type soluble". Mais avec le temps, le camphre s'évaporait, rendant l'explosif instable.
Un groupe d'experts au Royaume-Uni, le Explosives Committee dirigé par Sir Frederick Abel, s'intéressa au développement à l'étranger en matière d'explosifs.
Abel et un autre membre, Sir James Dewar, brevetèrent en 1889 une nouvelle mixture composée à 58 % de nitroglycérine, 37 % de nitrocellulose et 5 % de vaseline. Avec de l'acétone faisant office de solvant, la pâte était extrudée en tiges en forme de spaghetti, appelées cordes de poudre. Peu après, ces dénominations furent remplacées par cordite.
Les chimistes découvrirent alors que la vitesse de combustion dépendait du diamètre et de la surface exposée de la corde d'explosif. De fins cordons étaient destinés à de petites armes et brûlaient rapidement alors que les cordons d'un diamètre plus élevé, puis des plaquettes beaucoup plus larges, mettaient un peu plus de temps à se consumer tout en produisant plus de gaz (et donc utilisés en artillerie).
Nobel attaqua Abel et Dewer au sujet de son brevet mais il perdit son procès en 1895 car il avait spécifié une nitrocellulose soluble et non solide comme dans le cas de la cordite.