Cyclone Nargis - Définition

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Préparatifs

Le service météorologique indien a recommandé aux pêcheurs de ne pas sortir durant les événements. Il prévoyait des vagues importantes et des vents violents pour les côtes du Tamil Nadu et de l'Andhra Pradesh en Inde. Les prévisions originales de la trajectoire faisaient ensuite passer le cyclone par le Bangladesh. Ce pays a un système d’alertes cycloniques et d’abris paracycloniques assez développé à la suite de désastres antérieurs. Cependant, comme ce pays souffrait encore d'un problème d'approvisionnement en nourriture à la suite du passage du cyclone Sidr en novembre 2007 et d'inondations en début de 2008, les autorités ont demandé aux fermiers le 29 avril de terminer le plus rapidement possible la récolte de riz avant l'arrivée de Nargis, et ont mis le pays en veille météorologique.

Après le changement de trajectoire vers l'est, deux jours avant que Nargis n’atteigne la Birmanie, le service météorologique indien (IMD) a prévenu du point d'impact et de la gravité du cyclone à la fois les agences birmanes et l'Organisation météorologique mondiale. L'agence birmane de météorologie n'a envoyé ni accusé de réception ni réponse, selon Mrityunjay Mohapatra, directeur du centre d'alerte pour les cyclones de l'IMD. Celui-ci a même précisé que son service avait envoyé à la Birmanie un premier bulletin dès la formation du cyclone dès le 26 avril. L'Agence de l'ONU pour la prévention des catastrophes (SIPC/ISDR) a déploré l'absence d'alerte précoce en Birmanie. Selon Avaaz.org, une organisation de pression pour les droits humains, la junte birmane n'a ni prévenu ni évacué la population à temps et a coupé les communications.

Réponse humanitaire et controverse

Avant et après le passage du cyclone (image de la NASA)

Après le cyclone qui a ravagé le sud-est de la Birmanie, le régime militaire du pays est resté de glace face aux offres d'aide. Les autorités ont déclaré le vendredi 9 mai dans le quotidien officiel New Light of Myanmar : « Le Myanmar n'est pas prêt à recevoir des équipes de recherche et de secours, ainsi que des équipes de journalistes, de pays étrangers ». Le pays, dit-on, « donne la priorité à la réception d'aides d'urgence et fait des efforts acharnés pour les faire transporter sans délai par ses propres travailleurs dans les zones affectées. À ce stade, la meilleure façon pour la communauté internationale d'aider les victimes est de donner de l'aide comme des médicaments, de la nourriture, des vêtements, des générateurs électriques et des matériaux pour les abris d'urgence, ainsi qu'une assistance financière. ».

C'est donc au compte-gouttes que vivres et médicaments sont arrivés par avions ou navires, depuis la Thaïlande et l’Inde, après le passage du cyclone. La junte a insisté pour faire la distribution par ses propres moyens, alors que ses bateaux et hélicoptères étaient en nombre restreint pour rejoindre les zones sinistrées, difficiles d'accès. Cette décision a été qualifiée de « sans précédent » par le Programme alimentaire mondial. Lors d'une conférence de presse organisée à Bangkok, le directeur régional du PAM, Anthony Banbury, s'est montré inquiet que l'organisme ne puisse envoyer les secours nécessaires et les travailleurs humanitaires dont l'expertise est essentielle pour organiser la distribution des vivres et des matériaux requis. Il a fait cette déclaration alors que la communauté internationale avait jusqu'à ce moment promis 115 millions de dollars en aide. Selon AFP, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a tenté dès le jeudi 8 mai de joindre le chef de la junte militaire birmane, le général Than Shwe, afin de l'inciter à accepter l'aide internationale. Son intervention fut vaine.

Le commandement de l'US Air Force dans le Pacifique a reçu finalement la permission d'envoyer des avions de transport C-130 Hercules pour transporter du matériel sur l'aéroport international de Yangon, à partir du 14 mai. Les six premiers appareils ont livré 400 000 tonnes métriques d'eau potable, de toiles de plastiques, de nécessaires d'hygiène, de couvertures, de filets anti-moustiques, de contenants pour transporter l'eau et de nourriture. Cependant, la junte insista pour faire la distribution par l'armée birmane.

Le 15 mai, les agences humanitaires de l'ONU ou non gouvernementales (ONG) estimaient à 2,5 millions le nombre de sinistrés mais n'avaient toujours pu atteindre que 270 000 de ceux-ci, le gouvernement refusant toujours de délivrer des visas aux spécialistes étrangers et de leur permettre de se rendre dans les zones les plus durement frappées. Seule une équipe médicale de la Thaïlande a été autorisée à se rendre dans le delta de l'Irrawaddy (ou Ayeyarwady), à partir du lendemain. La junte a aussi accepté la venue de 160 travailleurs humanitaires indiens, chinois, bangladais et thaïlandais sans préciser leur liberté de mouvement. L'ONU a annoncé qu'une équipe d'évaluation rapide de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) se rendrait en Birmanie dans les 24 heures pour déterminer les besoins les plus urgents.

La population birmane s'organisa elle-même pour recueillir des denrées alimentaires et pour dégager les débris. Ceci s'est fait par des initiatives individuelles et de groupes communautaires, comme le FFSS du populaire acteur Kyaw Thu. La junte contraria les efforts de ces bénévoles alors qu'ils ont été arrêtés aux barrages fermant la région sinistrée et qu'il leur fut ordonné de laisser là leur cargaison pour qu'elle soit distribuée par l'armée. Plutôt que de risquer que cette aide se retrouve sur le marché noir, certains font demi-tour et d'autres en offrent une partie comme pot-de-vin aux soldats pour les laisser passer. Un étudiant en médecine a déclaré au retour d'un des centres gouvernementaux de réfugiés de Bogalay : « Je suis terriblement en colère. Ils ne veulent pas que nous restions, que nous parlions aux gens. Ils veulent que nous laissions notre aide pour qu'ils la distribuent ».

Vent et pluie avec Nargis le 3 mai 2008

Le 20 mai, l'ONU a reçu le feu vert de la junte militaire birmane pour affréter neuf hélicoptères et acheminer des vivres aux victimes du cyclone alors que seuls 20% des survivants avaient eu accès à l'aide internationale jusque là. John Holmes, sous-secrétaire général des Nations-Unis pour les affaires humanitaires, avait été envoyé en Birmanie pour tenter de convaincre le gouvernement d'autoriser une plus grande intervention de l'aide internationale. Le 23 mai, après une rencontre entre Ban Ki-moon et Than Shwe dans la capitale Naypyidaw, l'ONU a annoncé que la junte militaire acceptait d'autoriser l'entrée de tous les travailleurs humanitaires pour aider les survivants, « tant qu'il s'agit de véritables travailleurs humanitaires et que l'on sait clairement ce qu'ils font ». L'ONU, qui comptait déjà une centaine d'employés sur place, précisa que les experts seraient les premiers sur le terrain afin d'évaluer les besoins.

Malgré cet accord, le 25 mai les autorités birmanes refusaient toujours de laisser accoster le bâtiment militaire français Mistral transportant 1 000 tonnes métriques d'aide humanitaire. Il mouillait au large de la zone sinistrée depuis le 17 mai. Le gouvernement français a alors décidé de procéder au déchargement du bateau à Phuket, en Thaïlande où elle serait réceptionnée par le PAM (Nations unies) avant d'être acheminée dans les zones sinistrées en Birmanie. D'autres navires des marines américaines et britanniques étaient également dans le secteur, prêts à débarquer aide et personnel, mais la junte refusait également de les laisser entrer de peur d'une invasion armée. Pendant ce temps à Rangoon, une conférence internationale des donateurs, organisée par l'ONU et l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), réunissait les représentants de 52 pays.

Le mardi 27 mai, l'ONU et Médecins sans frontières ont confirmé que les travailleurs humanitaires internationaux commençaient à gagner le delta de l'Irrawaddy, la Birmanie ayant enfin accordé un nombre significatif de visas à ceux-ci. Des hélicoptères ont également commencé à acheminer de la nourriture dans la zone. La porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Maureen Birmingham, a déclaré que le risque d'épidémies demeurait important, surtout pour les maladies transmises par l'eau ou les moustiques. Le 2 juin, un mois après le passage de Nargis, la moitié des victimes du cyclone n'avaient toujours pas été secourues selon les ONG sur place et les blocages imposés par le gouvernement birman étaient toujours importants.

Le 4 juin 2008, après le refus du Mistral de la Marine Nationale, c'est au tour des quatre navires de l'US Navy, conduits par le bâtiment d'assaut amphibie USS Essex (LHD-2), de quitter la zone après le refus de leur aide par la junte. Les autres navires sont les transports USS Juneau (LPD-10), USS Harpers Ferry (LSD-49) et le destroyer USS Mustin (DDG-89).

Référendum

D'autre part, la junte militaire a refusé de reporter un référendum constitutionnel, prévu le 10 mai, visant à ratifier une nouvelle Constitution. Seules les régions sinistrées ont vu le référendum repoussé au 24 mai. Ce texte, comportant des élections multipartites en 2010, a été unanimement décrié par l'opposition, menée par la lauréate du Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qu'elle juge n'être qu'un essai d'officialiser l'emprise des militaires sur le pouvoir. Le vote s'est donc déroulé dans la majeure partie du pays et la télévision d'État a diffusé des clips musicaux enjoués appelant à voter « oui ». Les militaires se sont réjouis des résultats en déclarant le 15 mai avoir obtenu 92,4% de « oui » et une participation de plus de 99% des 22 millions d'électeurs inscrits. Un résultat visiblement truqué selon l'opposition et les organisations de défense des droits de l'homme à l'étranger.

En prévision du scrutin le 24 mai dans les zones touchées par Nargis, le gouvernement birman, davantage préoccupé par l'organisation du référendum que par l'aide aux sinistrés, a chassé les réfugiés qui avaient trouvé abri dans les écoles. En effet, la junte prévoyait de les utiliser comme bureaux électoraux malgré le fait que la majorité de la population dormait toujours dans des tentes plantées près de leurs maisons effondrées ou s'entassait dans des monastères et autres abris de fortune, sans pratiquement aucune aide sanitaire et alimentaire.

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