École nationale des chartes - Définition

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Introduction

École nationale des chartes
Informations
Fondation 1821
Type Grand établissement
Localisation
Ville Paris
Pays France
Direction
Directeur Jacques Berlioz
Divers
Site internet www.enc.sorbonne.fr/

L'École nationale des chartes est une grande école située dans le 5e arrondissement de Paris, dans la Sorbonne, spécialisée dans les sciences auxiliaires de l'histoire. Ses élèves, historiens, philologues, paléographes font généralement carrière comme conservateurs d'archives, conservateurs des bibliothèques ou enseignants-chercheurs.

Fondée en 1821, l'école possède le statut de grand établissement public français d'enseignement supérieur placé sous le contrôle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Elle délivre le diplôme d'archiviste paléographe et, depuis 2005, des masters.

Histoire de l'école

La porte de l'hôtel de Clisson, entrée de l'École des chartes de 1846 à 1866

Après plusieurs tentatives de création sous Napoléon Ier, l'École royale des chartes est fondée par une ordonnance de Louis XVIII du 22 février 1821. Quelques années auparavant, les confiscations révolutionnaires avaient amené dans les dépôts littéraires puis dans les bibliothèques des masses de livres qu'il fallait traiter, cataloguer et donner à consulter. Parallèlement, l'engouement romantique pour le Moyen Âge invite à former des spécialistes capables de renouveler l'historiographie française, en se fondant sur les archives confisquées sous la Révolution : l'appréhension de l'histoire a changé et les érudits religieux (surtout bénédictins) ne sont pas à même de permettre au pays de renouer avec son histoire nationale. L'ordonnance prévoit que douze élèves soient nommés par le ministre de l'Intérieur, sur proposition de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et rémunérés pendant les deux ans de leurs études. Ces dernières comprennent essentiellement de la paléographie et de la philologie dans un but purement utilitaire : les élèves doivent lire et comprendre les documents qu'ils seront chargés de conserver. Les professeurs et les élèves de école sont placés sous l'autorité du conservateur des manuscrits du Moyen Âge de la Bibliothèque royale située rue de Richelieu à Paris, et sous celle du garde général des Archives du Royaume.

Cette première expérience n'est pas concluante, en particulier parce qu'aucun débouché n'est proposé aux élèves : les cours doivent être suspendus le 19 décembre 1823. Le Ministère de l'Intérieur désire néanmoins la réouverture de l'école : La Bourdonnaye demande un rapport auquel collabore Dacier, à l'origine de l'ordonnance du 11 novembre 1829 qui réorganise les enseignements. L'école est désormais ouverte à tout bachelier mais, à la fin de la première année, six à huit lauréats sont choisis sur concours ; ils reçoivent un traitement et suivent deux années supplémentaires de formation. À leur sortie, ils reçoivent le diplôme d'archiviste paléographe et se voient réserver la moitié des postes vacants dans les bibliothèques et archives. Le premier major est Alexandre Teulet.

Le « moment Guizot » favorise l'École, qui réussit rapidement à s'imposer dans le champ historique, en particulier médiéval. Le 24 mars 1839 est fondée — entre autres par Louis Douët d'Arcq — la Société de l'École des chartes, qui publie la Bibliothèque de l'École des chartes afin de diffuser les travaux des chartistes. C'est une des plus anciennes revues scientifiques françaises. Enfin, une ordonnance du 31 décembre 1846 réorganise la scolarité, cela pour plus d'un siècle. Les élèves, bacheliers, sont recrutés sur examen (bientôt transformé en concours) puis suivent une scolarité de trois ans. Une thèse d'établissement est instituée, la première soutenance publique ayant lieu en 1849. Un Conseil de surveillance est créé, composé du garde des Archives, du directeur de la Bibliothèque royale, du directeur de l'École et de cinq membres de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Enfin, l'école déménage et s'installe dans l'hôtel de Soubise, avec entrée par la porte de l'ancien hôtel de Clisson, à proximité immédiate des Archives du royaume.

L'École des chartes fait alors figure de référence en Europe : la pédagogie (grâce à des fac-similé de documents anciens) et la méthodologie de la recherche historique sont profondément renouvelées. Les élèves reçoivent des enseignements de paléographie, sigillographie, numismatique, philologie, classement des archives et des bibliothèques, géographie historique, système des monnaies et des poids et mesures, histoire des institutions politiques de la France, archéologie, droit civil, droit canonique et droit féodal. Les enseignements ont à la fois une visée scientifique et professionnelle.

Les chartistes permettent ainsi à la France de posséder un réseau dense et efficace de services d'archives départementales. Il n'en est pas de même dans les bibliothèques : l'ordonnance de 1829 n'est jamais appliquée et, malgré l'ordonnance de 1839 leur réservant des places à la Bibliothèque royale, moins de 7% des chartistes travaillent en bibliothèque en 1867. Par la suite, le « monopole chartiste » est mis en place dans les archives : des décrets réservent aux anciens élèves de l'école les places d'archivistes départementaux (décret du 4 février 1850) et toutes les places aux Archives nationales (sauf celles de commis, décret du 14 mai 1887).

Les élèves de la promotion 1857

L'école déménage en 1866 à l'hôtel de Breteuil, rue des Francs-Bourgeois, dans des locaux plus adaptés. Sans que cela affecte beaucoup l'enseignement, sept chaires sont créées par le décret du 30 janvier 1869 : paléographie ; langues romanes ; bibliographie, classement des bibliothèques et des archives ; diplomatique ; institutions politiques, administratives et judiciaires de la France ; droit civil et droit canonique du Moyen Âge ; archéologie du Moyen Âge. Mis à part des modifications de détail, elles demeurent inchangées jusqu'en 1955.

L'École nationale des chartes est une nouvelle fois déplacée en 1897 : elle s'installe alors au 19, rue de la Sorbonne, dans les locaux originairement prévus pour la faculté de théologie catholique de Paris. L'école se rapproche ainsi géographiquement des autres organismes de recherche et d'enseignement hébergés à la Sorbonne, telles que la faculté des lettres et l'École pratique des hautes études. L'école jouit d'une salle de cours dotée de fenêtres des deux côtés, ce que l'on a jugé nécessaire à la pratique de la paléographie. Bien qu'ils aient été réaménagés, l'école se trouve toujours actuellement dans ces locaux.

Pendant tout le XIXe siècle, le recrutement de l'école est d'un assez haut niveau social. Bien que la formation soit très prestigieuse, les postes proposés à la sortie ne fournissent qu'un assez modeste traitement de fonctionnaire. C'est pourquoi une part non négligeable des élèves est constituée de rentiers se livrant à la recherche historique pour le plaisir. Cela a pour corollaire des élèves situés politiquement à droite : quand leurs professeurs Arthur Giry et Émile Molinier prouvent l'innocence de Dreyfus et participent à la fondation de la Ligue des droits de l'homme, les élèves de l'école prennent la plume et s'opposent vigoureusement à leur action. L'école est avec la faculté de droit une des bases de l'Action française au début du XXe siècle. Le conservatisme n'empêche cependant pas qu'au concours de 1906, pour la première fois, une femme, Geneviève Aclocque, intègre l'école17 ans avant que la même chose n'arrive à l'ENS, 66 ans avant l'École polytechnique.

Un cours d'archéologie au début des années 1880

Le concours d'entrée et les examens sont réformés au début des années 1930. À cette époque, l'école prend également en charge la formation des bibliothécaires en préparant au diplôme technique de bibliothécaire (DTB), nécessaire à l'obtention d'un poste en bibliothèque municipale classée ou bibliothèque universitaire. Les non chartistes sont alors admis à suivre les cours d'histoire du livre et de bibliographie pour préparer le diplôme. Cette pratique prend fin en 1950 quand le diplôme supérieur de bibliothécaire (DSB) remplace le DTB.

Le milieu du XXe siècle est une période difficile pour l'école, qui se sclérose et peine à se renouveler. Ses effectifs diminuent fortement (9 élèves pour 8 enseignants en 1974). Son enseignement est alors considéré comme vieillissant, ne prenant que peu en compte les nouvelles approches historiques, notamment le renouveau historiographique de l'école des Annales. Ce n'est que dans les années 1990, avec une réforme du concours d'entrée et des enseignements, et une nouvelle politique qu'un renouveau se fait réellement sentir : l'école entre dans une période de mutation sous la direction d'Yves-Marie Bercé (1992-2001) puis celle d'Anita Guerreau-Jalabert (2001-2006). L'actuel directeur, Jacques Berlioz, se place dans cette même conception des choses. Une formation solide aux nouvelles technologies appliquées à l'étude et à la conservation de l'héritage culturel d'une part, des relations beaucoup plus étroites et structurées avec les universités françaises et les institutions analogues dans les autres pays européens d'autre part, sont les deux axes principaux du développement actuel.

Il existe depuis plusieurs années un projet de déménagement de l'École des chartes rue de Richelieu, dans une partie des locaux anciennement occupés par la Bibliothèque nationale de France sur le site Richelieu, afin d'y créer un pôle d'excellence en histoire de l'art (en relation avec l'Institut national d'histoire de l'art). Ce déménagement devrait avoir lieu en 2012 mais les activités de recherche de l'École des chartes rejoindraient le « campus Condorcet Paris-Aubervilliers » dans le cadre du plan campus.

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