Écozone | Nombre d’espèces |
---|---|
Néotropique | 2162 |
Néarctique | 580 |
Europe | 180 |
Afrique | 2500 |
Asie | 2080 |
Mélanésie | 275 |
Australie | 985 |
Polynésie | 42 |
Une estimation du nombre de fourmis vivant aujourd’hui sur terre à un instant donné est environ 10 millions de milliards d’individus. Les fourmis constitueraient 1 à 2 % du nombre d’espèces d’insectes, mais près de 20 % de leur biomasse. Chaque individu ne pèse que de 1 à 10 milligrammes, mais leur masse cumulée est environ quatre fois supérieure à celle de l’ensemble des vertébrés terrestres. Environ 12 000 espèces de fourmis sont répertoriées en 2005, mais on en découvre régulièrement, essentiellement en zone tropicale et dans la canopée (qui n’est explorée que depuis quelques dizaines d’années). Seules 400 espèces sont connues en Europe, alors qu’on peut compter jusqu’à 40 espèces différentes sur un seul mètre carré de forêt tropicale en Malaisie (668 espèces comptées sur 4 hectares à Bornéo) et 43 espèces sur un seul arbre de la forêt péruvienne amazonienne, soit presque autant que pour toute la Finlande ou les îles Britanniques. Environ huit millions d’individus ont été comptés sur un hectare d’Amazonie brésilienne, soit trois à quatre fois la masse cumulée des mammifères, oiseaux, reptiles, et amphibiens vivant sur cette surface. Elles jouent un rôle majeur dans le recyclage des espèces et dans la formation et la structuration des sols. Plusieurs espèces vivent en symbiose avec des bactéries, des champignons, des animaux (papillons ou pucerons par exemple) ou avec des arbres ou des fleurs.
En France, les espèces de fourmis les plus fréquentes sont Crematogaster scutellaris, Camponotus ligniperdus, Formica fusca, Lasius niger, Messor structor, Myrmica rubra, Pheidole pallidula, Tetramorium caespitum.
Les fourmis produisent naturellement, notamment pour protéger leurs œufs et leurs cultures des champignons, des insecticides, des fongicides, des bactéricides, des virucides et une batterie de molécules complexes dont les fonctions ne sont pas toutes connues . Elles font partie des premières espèces pionnières et montrent des capacités étonnantes de terrassement, de colonisation et de résilience écologique, et même de résistance à la radioactivité [réf. souhaitée].
Les ouvrières de l’espèce Atta d’un seul nid peuvent mobiliser et répartir sur 100 mètres carrés jusqu’à 40 tonnes de terre. Certaines espèces jouent un rôle au moins aussi important que celui des lombrics pour les couches superficielles du sol ; ce sont de 400 à 800 kg de sol qui sont creusés, mobilisés, transportés, maçonnés pour construire un nid climatisé dans le désert, et 2,1 tonnes en Argentine par Camponotus punctulatus. De nombreuses espèces décolmatent et acidifient le sol rendant mobilisables des nutriments autrement moins biodisponibles. Elles enfouissent de la matière organique et remontent en surface un sol fragmenté en petites particules propices à la croissance des graines. Les fourmis contribuent à la fois à homogénéiser et aérer le sol, à l’enrichir en surface et en profondeur, tout en diversifiant les habitats en fonction de la proximité de la fourmilière.
Les fourmis jouent un rôle pédologique majeur, elles protègent certains arbres de parasites. On peut citer comme exemple le merisier, qui attire les fourmis grâce à ses nectaires - des glandes nectarifères - situées sur le pétiole de ses feuilles. La fourmi rousse des bois Formica polyctena est ainsi protégée par la loi dans plusieurs pays, à juste titre puisqu’elle consommerait 14 500 tonnes d’insectes par an, rien que dans les forêts alpines d’Italie, conservant des « îlots verts » autour de leurs nids lors des épisodes de défoliation).
D’autres espèces cultivent des parasites des plantes (pucerons ou cochenilles dont elles exploitent le miellat) Elles protègent aussi certaines espèces qui leur fournissent abri ou nourriture. Elles contribuent à disperser et à faire germer de nombreuses graines, près de 100 % des graines d’une euphorbe méditerranéenne sont transportées par 3 ou 4 espèces de fourmis qui consomment l’élaiösome charnu et gras de la graine en rejetant le reste, sans affecter sa capacité germinative. Dans un même environnement, une prairie avec fourmilières est plus productive que celle qui en est dépourvue. De nombreuses épiphytes dépendent des fourmis ou sont favorisées par leur présence. Pour les attirer, ces épiphytes leur offrent du nectar et/ou un abri en échange d’une protection contre divers prédateurs et parfois d’une aide à la dispersion des graines (certaines fourmis (Crematogaster ou Camponotus) végétalisent leurs nids et fabriquent des jardins suspendus en incorporant des graines d’épiphytes dans les parois de leurs nids faits de fibres ou pulpe de bois mâchées) Elles défendent activement leurs jardins et en tirent un nectar extrafloral, un abri supplémentaire et peut-être une protection microclimatique.
Certaines espèces causent cependant des dégâts à certaines plantes cultivées par l’élevage des pucerons et cochenilles. Des espèces introduites et très invasives ne sont pas combattues par les fourmis locales du pays d’arrivée (elles ne les reconnaissent pas comme dangereuses). C’est une cause de régression de la biodiversité, par régression ou disparition d’espèces de fourmis concurrentes ou d’espèces d’autres règnes.
Certaines espèces de fourmis tisserandes sont depuis longtemps introduites dans les cultures fruitières pour défendre les fruits d’attaques d’insectes, des fourmis du genre Ectatomma à petits effectifs mais à nids nombreux (11 000 nids/ha comptabilisés dans les plantations de café ou cacao au Chiapas au Mexique patrouillent en permanence et mangeraient annuellement 16 millions de proies pour Ectatomma tuberculatum et 15 fois plus (260 millions) pour Ectatomma ruidum.. les Solenopsis invicta défendent la canne à sucre de certains parasites majeurs, comme la Wasmannia auropunctata protège les cocotiers des punaises, mais ces espèces sont souvent invasives et provoquent des piqûres très douloureuses.
Les fourmis jouent un rôle majeur de nécrophage, même en pleine ville et en zone tempérée pour des oiseaux, rats, souris et autres petits animaux morts par exemple. En nettoyant rapidement les cadavres dont elles ne laissent souvent que les os, cuticules dures ou arêtes elles empêchent la libération dans l’environnement de nombreux propagules de microbes pathogènes.
On estime que 90 % au moins des cadavres d’insectes, dans la nature finissent dans des fourmilières, avant d’être recyclés dans le sol.
Les fourmis se nettoient sans cesse et s’enduisent, elles, leurs reines ainsi que leurs œufs de molécules bactéricides, virucides et antifongiques. Les fourmis chargées d’éliminer les cadavres du nid, les excréments et autres déchets sont souvent des ouvrières en fin de vie ou des individus qui restent dans les endroits consacrés aux déchets et n’ont plus de contacts directs avec les autres fourmis. Certaines espèces s’enduisent de bactéries filamenteuses « amies » qui repoussent d’autres bactéries, pathogènes. Cependant, leurs élevages de pucerons peuvent induire l’infestation des plantes par des champignons, via le miellat ou les piqûres faites dans les feuilles.
L’industrie, pharmaceutique notamment, s’intéresse aux nombreuses substances synthétisées par les fourmis. Des fourmilières reconstituées et circulant dans des salles et couloirs de plastique sont utilisés comme moyen pédagogique. La fourmi en tant qu’individu ou société intéresse également les cybernéticiens ou les scientifiques qui travaillent sur l’auto-organisation.