Fritz Haber - Définition

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Introduction

Fritz Haber en 1918

Fritz Haber (9 décembre 1868 à Breslau, Allemagne - 29 janvier 1934 à Bâle, Suisse) était un chimiste allemand qui a reçu le prix Nobel de chimie de 1918 pour ses travaux sur la synthèse de l'ammoniac, importante pour la fabrication d'engrais et d'explosifs. Il est également considéré comme le « père de l'arme chimique » pour ses travaux sur le chlore et d'autres gaz toxiques largement utilisés pendant la Première Guerre mondiale, ainsi que pour la mise au point du Zyklon B. D'origine juive, il fut contraint à l'exil en 1933 et mourut sur le chemin de Bâle en Suisse. Il n'a jamais su comment les nazis utilisèrent le fruit de ses recherches.

Biographie

Fritz Haber en 1905

Fritz Haber est issu de la petite bourgeoisie d'origine juive allemande. Son père, qui faisait le commerce de peintures et produits chimiques et avait perdu sa femme trois semaines après la naissance de Fritz, le tint pour « responsable » de cette mort, ce qui entraîna ultérieurement des tensions entre le père et le fils.

Avant de commencer sa carrière académique, Fritz Haber fait une formation commerciale et travaille dans l'entreprise de son père ainsi qu'à l'école polytechnique fédérale de Zurich avec Georg Lunge.

De 1886 à 1891, il étudie à l'université d'Heidelberg sous la direction de Robert Bunsen, puis à l'université de Berlin dans le groupe de A. W. Hoffmann, et enfin à l'école technique de Charlottenburg avec Carl Liebermann.

En 1893, il abandonne le judaïsme pour se convertir au protestantisme, cette conversion étant dictée plus par l'antisémitisme régnant en Allemagne déjà à l'époque, que par une idéologie religieuse.

Travaux militaires et premier mariage

Pendant la Première Guerre mondiale, il travaille activement à la mise au point d'armes chimiques et l'emploi du chlore comme gaz de combat (« vagues dérivantes ») reçoit l'accord de l'état-major allemand. La première offensive allemande au chlore, sous sa supervision, est réussie mais ne parvient pas à obtenir la percée décisive pour des raisons essentiellement stratégiques.

La première épouse de Fritz Haber, Clara, également chimiste de formation, réprouve ce dévoiement de la science et se donne la mort quelques jours après cette première attaque.

Haber avait connu Clara à l’âge de dix-huit ans (elle en avait alors quinze) et il avait voulu la demander en mariage. Mais leurs parents respectifs s’étaient opposés au projet, jugeant Haber trop jeune. Les deux jeunes gens avaient pu se fiancer quand Haber s’était mis à travailler pour le compte de son père, mais les fiançailles avaient été rompues à la suite de la malheureuse affaire du chlorure de chaux. Sous l’influence de Haber, Clara s’était entre-temps mise à étudier la chimie et elle avait été la première femme à recevoir un doctorat de l’université de Breslau. A Fribourg, Fritz et Clara renouent leur ancienne idylle et se marient trois mois plus tard, au cours de l’été 1901.

Cette surenchère dans la barbarie, c’est plus que la femme de Haber ne peut en supporter. Dès le début, Clara Haber a fait l’impossible pour dissuader son mari d’entreprendre des recherches qu’elle juge criminelles et contraires à l’éthique scientifique la plus fondamentale. Elle a tenté en vain de faire comprendre à Fritz Haber à quel point son travail sur les gaz toxiques corrompait et pervertissait l’essence même de la chimie. Elle a plaidé au nom des principes humanitaires et, finalement, elle a exigé qu’il abandonne immédiatement ses recherches.

Mais Haber a refusé de l’écouter au nom des intérêts supérieurs du pays. Un savant, lui a-t-il répondu, appartient au monde en temps de paix et à son pays en temps de guerre. Les gaz pouvaient permettre à l’Allemagne de gagner la guerre et lui-même luttait pour une Allemagne triomphante, pilier de justice et d’ordre, soutien de la culture et de la science.

L’obstination de son mari va révolter Clara. « Elle aurait pu décider la séparation ou le divorce, note Morris Goran. Elle aurait alors tenté d’être à nouveau reconnue en tant que Clara Immerwahr, savante et militante humanitaire. Elle aurait aussi pu effacer la tache que le nom de Haber associé aux gaz empoisonnés, lui avait infligée. Mais elle ne réfléchissait pas de manière logique et elle agit dans le feu de la dispute. » Désespérée par l’attitude de son mari, Clara se suicide d’un coup de revolver, un soir du printemps 1915, alors que Haber dirige une attaque aux gaz sur le front Est.

La constante de Haber désigne la dose minimale de gaz fatale à l'homme. La « constante de Haber » s’applique selon la formule P = C / T, où C est la constante, P le poids de gaz en milligrammes par mètre cube et T le temps d’exposition en minutes. On peut, grâce à elle, calculer la dose mortelle d’un gaz en fonction du temps d’exposition.

Un institut berlinois porte toujours son nom (Fritz-Haber-Institut der Max-Planck-Gesellschaft) ainsi qu'un autre à Karlsruhe et le centre de recherches en dynamique moléculaire de l'Université hébraïque de Jérusalem, le Fritz Haber Center for Molecular Dynamics Research.

Membre du conseil de surveillance du groupe militaro-industriel IG Farben dès sa création en 1925, Haber fut aussi actif dans les recherches sur les réactions de combustion, sur la séparation de l'or de l'eau de mer, sur l'effet adsorption et en électrochimie. La plus grande partie de son travail eut lieu de 1911 à 1933 à l'Institut de physique et d'électrochimie de Berlin-Dahlem. Il s'intéressa également aux pesticides et ses recherches permirent à Leonid Andrussow de mettre au point le procédé Andrussow servant à fabriquer industriellement le Zyklon B, produit qui sera employé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d'extermination.

En 1932, il fut encore lauréat de la Médaille Rumford.

Haber étant juif selon l'idéologie des nouveaux maîtres de l'Allemagne, les lois nazies l'obligèrent à prendre sa retraite après la promulgation des lois antisémites et à émigrer en 1934, malgré tous ses bons et loyaux services. Il avait obtenu un poste à Cambridge mais mourut la même année lors de son passage à Bâle.

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