Gilles Personne de Roberval, né le 9 août 1602 à Noël-Saint-Martin, désormais commune de Villeneuve-sur-Verberie (Oise) et mort le 27 octobre 1675 à Paris, est un mathématicien et physicien français.
Il fut célèbre en son temps pour son caractère entier et querelleur. Il est l'inventeur de la balance à deux fléaux dite « balance de Roberval ».
Gilles Personne est le fils de Pierre Personne et de Jeanne Le Dru, petits paysans habitant à Roberval (Oise) sous Henri IV. Né à Noël-Saint-Martin, aujourd’hui commune de Villeneuve-sur-Verberie, dans un champ, le 9 août 1602 à 15h00 ,où sa mère faisait la moisson, Gilles est baptisé le lendemain, le 10 août 1602, dans cette dernière paroisse de Noël Saint Martin. Son acte de baptême est conservé aux Archives départementales de l'Oise. Il est le seul de ses frères et sœurs à recevoir une instruction, dès l’âge de 14 ans, grâce au curé de la paroisse voisine de Rhuis, également aumônier de la reine Marie de Médicis, qui avait remarqué sa vive intelligence. Il reçoit ainsi un solide bagage en mathématiques, en latin et sans doute en grec.
Gilles Personne quitte ensuite son village et entreprend un tour de France pour parfaire son instruction. Il vit en donnant des leçons particulières. Il passe à Bordeaux, où il fait la connaissance du mathématicien Pierre de Fermat, qui a le même âge que lui. Il se trouve en 1627 à La Rochelle, où il assiste au siège de la ville, ce qui lui permet de faire diverses remarques sur l’art des fortifications et la balistique.
Outre sa balance, il apporta une contribution importante aux sciences physiques. Ses idées sur la mécanique furent reprises par Newton. Il définit précisément le mot « force », démontra la règle de composition des forces, et corrigea la définition de la notion de centre de gravité. Mais c’est dans le domaine expérimental que Roberval fit preuve d’une extraordinaire habileté. À ce point de vue, il est très en avance sur les savants du XVIIe siècle. En 1647, il aurait réalisé le premier l'expérience décisive qui prouve l’existence de la pression et de la pesanteur de l'air.
Ses contributions en mathématiques sont loin d'être négligeables. On parle encore aujourd’hui de « courbe robervalienne » en géométrie. Il aurait ainsi mis au point la méthode des indivisibles et on lui doit certainement une méthode simple et générale pour trouver la tangente. En 1637, ayant réussi la quadrature d'une arche de la cycloïde, il inventa la sinusoïde. Reliant la détermination des tangentes au calcul des aires, il aurait découvert les quadratrices en 1645.
Roberval eut aussi la volonté de démocratiser la science en s’adressant aux ouvriers, ce qui en fait un précurseur. Ses idées religieuses sont aussi en avance sur son temps : sa foi absolue dans le seul témoignage des sens le font taxer de libertin et de déiste, un siècle avant les philosophes des Lumières.
En 1628, Gilles Personne atteint Paris. Il ne tarde pas à entrer en contact avec les savants Mersenne, Pascal, puis Descartes, Torricelli, Huygens, Gassendi, Hobbes.
Il reçoit la permission du seigneur de son village natal d’adjoindre à son nom celui de Roberval.
Gilles Personne de Roberval obtient en 1631 une chaire de philosophie au collège de maître Gervais où il élit domicile. Il réussit peu après le concours d’entrée au prestigieux Collège royal, où il occupe la chaire de mathématiques de Ramus. Ses cours ont beaucoup de succès, les élèves qui y assistent sont souvent plus de cent, bien qu’il les terrifie par son ton impérieux et magistral. Il occupe bientôt une troisième chaire, celle de Pierre Gassendi, ce qui l’oblige à une activité débordante. Il y enseigne l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, l’optique, la mécanique et même la musique. Il donne aussi des conférences fort appréciées par le Tout-Paris des secrétaires d’État, des conseillers du Parlement et autres officiers de la Chambre des Comptes.
Les chaires du Collège royal étant renouvelables tous les trois ans, Gilles Personne de Roberval se représente au concours pendant 41 ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Pour conserver un avantage sur ses concurrents au concours, il taira toute sa vie le résultat de ses recherches, ne les publiant que rarement. Il participe activement aux débats scientifiques, parfois virulents, avec ses contemporains, Descartes, Fermat, Pascal. Mais son caractère emporté, ainsi que ses origines très modestes, ses manières rustiques et ses difficultés d’élocution, le desservent. En revanche, il choisit parfois de s’adresser directement aux ouvriers et artisans, voire aux apprentis, dans un langage très simple, comme dans son Traité de mécanique et spécialement de la conduite et élévation des eaux, ce qui démontre une certaine intention sociale.
Il fait partie en 1666 des sept savants qui fondent l’Académie royale des sciences, ce qui le fait enfin bénéficier des « largesses » du roi Louis XIV (1 500 livres par an, dégrèvements d’impôts à ajouter au 2 500 livres par an de ses différentes chaires d'enseignement). Il intervient souvent dans les débats de l’Académie sur ses spécialités : la pesanteur, l’astronomie et la mécanique. Ce n’est que le 21 août 1669 qu’il fait connaître à l’Académie son projet de balance qui le rendra célèbre. Cette balance, enfermée dans une caisse de bois d’où sortent deux tiges supportant des plateaux, est basée sur le principe d’un parallélogramme déformable grâce à ses articulations, les plateaux restant toujours horizontaux. Roberval a l'ingénieuse idée de placer les plateaux au-dessus du fléau, alors que depuis des millénaires, ils étaient placés en dessous.
Il meurt le 27 septembre 1675, à l’âge de 73 ans, en son domicile du collège de Maistre Gervais. Il est inhumé dans le chœur de l’église Saint-Séverin, à Paris. Célibataire, il laisse tous ses écrits à l’Académie des Sciences, qui en publia une partie en 1693.