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Le Collège de plein exercice (1821-1847)
- 1821-1824. La reconnaissance de l'État.— La législation concernant les établissements privés est en effet modifiée en 1821. C'est une cause à laquelle contribue l'abbé Liautard, notamment par la promulgation de l'ordonnance royale du 27 février 1821. Celle-ci, en réintroduisant les prêtres dans l'Université, faisait que désormais les bases de l'éducation seraient « la religion, la monarchie, la légitimité et la charte ». Elle permet également la conversion des collèges libres agréés en « collège de plein exercice ». L'abbé Liautard obtient ce privilège pour sa maison d'éducation. Cette reconnaissance donne également la permission aux élèves de participer au concours général, épreuves auxquelles de nombreux élèves sont couronnés depuis.
C'est donc de cette époque que date la pleine existence du Collège, car sous sa direction indépendante du conseil royal de l'Instruction publique, les professeurs de l'Université peuvent y donner leurs enseignements : les élèves ne sont plus obligés de se rendre au Lycée Henri-IV. L'intuition des débuts est enfin réalisée, où le collège est à la fois à caractère ecclésiastique et universitaire.
Liautard souhaita manifester sa reconnaissance au roi, duquel il était proche, et veut nommer son institution au nom de règne du roi. Louis XVIII préfère honorer la mémoire de son grand-père Stanislas Leszczyński, ancien roi de Pologne et duc de Lorraine ; et dont il portait le prénom (Louis Stanislas Xavier). L'ordonnance du 13 février 1822 déclare que le collège de plein exercice dirigé par le sieur Liautard portera à l'avenir le nom de Collège de Stanislas, devenu rapidement dans l'usage « Collège Stanislas ».
Les difficultés financières que connaît toutefois l'institution risquent de provoquer sa disparition, l'abbé Augé ayant dû se retirer de l'indivision en août 1821. L'abbé Liautard démissionne en 1824 pour assurer la survie de son œuvre plutôt que de lui faire perdre son autonomie. Il est nommé curé de Fontainebleau en 1825. Il décède en 1842.
- 1824-1838. Direction de l'abbé Augé.— Malgré son âge, l'abbé Augé accepte la succession et se donne pour tâche de développer la tradition naissante à travers les difficultés que rencontrent une œuvre qui ne peut que compter sur elle-même pour vivre et prospérer. Après de longues discussion, la ville de Paris est finalement autorisée à acquérir les bâtiments du collège. La vente du 20 août 1825 par Liautard et Froment comprend également les meubles et les jardins. L'abbé Augé reste toutefois propriétaire de sa partie personnelle. Un bail est alors signé avec la ville, concession renouvelable dont le régime dura vingt ans.
- Lacordaire.— L'éclat des succès du Collège au concours général des lycées et collèges témoignait de la force des études qu'on y faisait. Son nom, d'autre part, se trouva mêlé à ceux qui étaient particulièrement chers aux hommes de la renaissance religieuse de 1830 : c'est dans la chapelle de Stanislas que Henri Lacordaire donna ses premières conférences en janvier 1834. Devant l'enthousiasme imprévu qui, de semaine et semaine, remplit pendant trois mois d'un joyeux trouble la paisible maison, Lacordaire découvrit sa vocation d'orateur et d'apologiste. mais entre succès et critiques, elles furent suspendues ; mais le soutien de Mgr de Quélen lui valut d'honorer les Conférences de carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- 1838-1841. Direction de l'abbé Buquet.— Âgé de quatre-vingts ans, l'abbé Augé fut remplacé par l'abbé Charles-Louis Buquet, âgé de quarante-et-un an, préfet des études et sous-directeur. Inconditionnel de M. Liautard, Buquet y repris ses directives, auxquelles l'abbé Augé n'avait d'ailleurs rien changé, mais il en imposa une observance stricte mais paternelle, où éducation et religion sont inséparables. L'écrivain Barbey d'Aurevilly laissa quelques notes sur lui. L'abbé Buquet était alors secondé par l'abbé Ravinet, sous-directeur, ainsi que le célèbre père Louis Millériot, s.j., controversiste réputé, comme directeur du Petit Collège. En 1840, il attire Frédéric Ozanam, fraîchement agrégé de lettres, pour enseigner en classe de rhétorique de 1840 à 1844.
- La première société civile (1839-1847).— Le nombre des élèves était toujours considérable et comme d'autres part les difficultés de toutes sortes ne cessaient d'augmenter, M. Buquet craignit de ne pouvoir suffire à la direction du spirituel s'il conservait en même temps la responsabilité du temporel. Il se décida à former une société civile qui prenait pour elle les charges et les profits du collège, se déchargeant des soucis matériels. Il réserva la direction proprement dite, c'est-à-dire le soin de la formation religieuse, morale et intellectuelle des élèves. Voyant d'ailleurs quelle force peut provenir d'un tel groupement de jeunes gens, il fonda également une association d'anciens élèves. La société civile s'engageait d'une part à racheter les immeubles et jardins appartenant à l'abbé Augé depuis 1821, vente qui eut lieu en 1838 et 1839, et d'autre part de reprendre le bail en cours avec la ville de Paris. Cette société fut fondée pour une durée de vingt ans. Mais cette dernière année, le bail de la ville arrivant a expiration, la municipalité revendit sans profit sa part à Léon Bérard de Chazelles et ses associés, MM. de Cacqueray, Gibon, Gouraud et Lebaudy.
- 1841-1846. Direction du père Joseph Gratry.— Après la retraite de l'abbé Buquet, les destinées de Stanislas furent confiés à l'abbé Gratry, philosophe, l'un des hommes marquants de l'histoire religieuse du XIXe siècle. C'est lui qui acheva l'organisation des études au Collège Stanislas, par la fondation de deux écoles préparatoires. L'une en 1841, l'école préparatoire aux travaux classiques, était destinée aux tout petits et avait pour objet de leur rendre le collège attrayant en ne leur demandant, pendant plusieurs travaux d'une extrême facilité qui devaient d'ailleurs les préparer à l'abord des études difficiles ; ce sont là les prémices des « cours d'enfants » qui se répandirent par la suite. Mais, avant tout homme d'études de haut niveau, il se dévoua particulièrement à l'école spéciale préparatoire de Stanislas. Depuis longtemps, le Collège préparait ses élèves aux examens des écoles du gouvernement, mais l'École préparatoire proprement dite n'existait pas, faute d'un régime spécial. C'est l'abbé Gratry qui le lui donna en 1842, en s'appliquant dans le choix sévère qu'il fit des professeurs et des élèves admis à cette nouvelle « école de mathématiques », dirigée par Paul Desains, et où enseigne Urbain Le Verrier. Le baccalauréat n'était pas encore exigé pour y être admis. L'École préparatoire, mue par un idéal d'études de société où la foi, les philosophie et les sciences se vivifieraient dans une parfait accord, est resté de ce fait, encore aujourd'hui, l'une des raisons d'être fondamentales de Stanislas. Elle a depuis suscité des dévouements que le nom de Charles Biehler, s.m., résume à lui seul.