L'Âge de diamant - Définition

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Prix littéraires

L'Âge de diamant a reçu le Prix Hugo du meilleur roman de science-fiction en 1996 et fut finaliste pour le Prix Nebula dans la même catégorie.

Précédé par L'Âge de diamant Suivi par
La Danse du miroir de Lois McMaster Bujold
Prix Hugo du meilleur roman
1996
Mars la bleue de Kim Stanley Robinson
Prix Locus du meilleur roman de science-fiction
1996

Commentaires

Thèmes principaux

L'Âge de diamant aborde et exploite les thèmes suivants :

  • la prépondérance des communautés culturelles sur les affiliations raciales, même si les communautés culturelles sont elles-mêmes hiérarchisées ;
  • la prépondérance de l'éducation sur l'ascendance biologique et familiale ;
  • la notion littéraire de Bildungsroman qui propose l'évolution d'un personnage central sur plusieurs années ;
  • la forme de cryptographie littéraire et psychologique que représentent les contes de fées à fins éducatives ;
  • le contraste entre les points de vue néo-victoriens et confucéens, leurs approches contrastées des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle ;
  • la disparition des États-Nations et l'avènement de communautés culturelles sans regroupement géographique ;
  • l'émergence d'une conscience collective (conscience de « ruche » dans le vocabulaire de Neal Stephenson) comme expression d'une intelligence distribuée qui utilise les cerveaux humains comme modules de calcul et les fait communiquer par des messagers nanotechnologiques transmis par les fluides corporels (cf. la secte des Tambourinaires) ;
  • l'histoire politique et culturelle de la Chine, avec un rappel insistant de la Révolte des Boxers. Le mouvement révolutionnaire du roman dénommé « Le Poing de la juste harmonie » s'inspire directement du nom chinois de la société secrète à l'origine de cette guerre des Boxers : « Yi he quan » (poings de la justice et de la concorde).

Références littéraires et intertextualité

Le roman de Neal Stephenson fait appel à de multiples références littéraires telles que :

  • l'univers de Charles Dickens, qui sert d'arrière-plan narratif au monde des néo-Victoriens du roman. Le nom de l'héroïne du roman, Nell, est directement inspiré de Little Nell, un personnage tiré du roman de Charles Dickens intitulé Le Magasin d'antiquités (The Old Curiosity Shop), paru en 1840/41 ;
  • la comptine d'Edward Lear. En effet, le nom de code du Manuel de Nell est Runcible, une référence aux derniers vers d'un poème pour enfants de l'auteur et illustrateur Edward Lear intitulé The Owl and the Pussycat (XIXe siècle) ;
  • le monde du conte des frères Grimm. Neal Stephenson reprend l'idée du conte comme moyen d'éducation tel qu'il a été réinventé par les frères Grimm au XIXe siècle, même si les personnages des contes du « Manuel illustré d'éducation pour Jeunes Filles » font des emprunts à de nombreux univers féériques autres que germaniques, par exemple celui des Mille et Une Nuits ;
  • les Mystères du Juge Ti. Le personnage du juge Fang fait directement référence aux romans de Robert van Gulik qui mettent en scène le Juge Ti, un juge chinois confucéen célèbre pour réussir à élucider plusieurs mystères à la fois. Les enquêtes romancées du Juge Ti sont basées sur des romans à mystères traditionnels chinois dont les principaux éléments ont été transposés dans le genre du roman policier.
  • Bud, le père de Nell, représente un archétype du personnage cyberpunk. C'est un criminel équipé d'implants chirurgicaux dangereux. Neal Stephenson se replace dans une mouvance postcyberpunk en faisant mourir symboliquement son personnage cyberpunk au début du roman.

L'univers technologique de L'Âge de diamant

À l'instar du roman La Reine des anges de l'auteur de science-fiction américain Greg Bear, L'Âge de diamant dépeint un monde complètement métamorphosé par le plein développement des nanotechnologies, tout comme l'avait envisagé Eric Drexler dans son ouvrage intitulé Engines of Creation (1986). Les nanotechnologies sont omniprésentes, généralement sous forme de « matricompilateurs » qui produisent des objets également nanotechnologiques. Certains chercheurs en nanotechnologies sont explicitement présentés dans le roman. Ainsi Richard Feynman, Eric Drexler et Ralph Merkle apparaissent sur la fresque qui orne le Hall Merkle, l'endroit où sont conçus et construits les nouveaux objets nanotechnologiques.

Le récit propose également des technologies plus exotiques, comme les « chevalines » (un cheval mécanique pliable assez léger pour être transporté avec une seule main), ou des anticipations de technologies en développement de nos jours, comme le papier électronique qui peut afficher des gros-titres de presse personnalisés, tandis que les grands villes disposent de défenses immunitaires faites de micromachines aérostatiques. Les matricompilateurs domestiques produisent gratuitement nourriture basique, couvertures et eau pour les plus défavorisés. Ceux-ci sont de véritables anticipation des actuelles imprimantes 3D ou nano-fabriques de bureau pour tous.

Les « matricompilateurs » reçoivent la matière première de l'Alim, un réseau d'alimentation analogue au cablage électrique des sociétés modernes. L'Alim transporte les molécules de base jusqu'aux matricompilateurs qui les assemblent pour produire des biens à la demande. La Source Victoria, d'où provient le flux de matière première, est contrôlée par les néo-Victoriens, même si d'autres sources plus restreintes existent dans d'autres communautés. Dans le roman, le système de l'Alim est concurrencé par celui de la Graine, une technologie ouverte, non centralisée qui induit un autre modèle économique et une autre forme d'organisation sociale davantage centrée sur la liberté individuelle. Le conflit d'intérêts entre les néo-Victoriens et l'Empire Céleste des Chinois est un conflit à la fois technologique et idéologique qui oppose le centralisme élitiste de l'Alim au partage équitable et individuel de la Graine.

Relativisme éducatif et culturel

L'Âge de diamant est un roman qui porte essentiellement sur la notion de relativisme culturel et qui semble en postuler l'échec. Les néo-Victoriens sont clairement présentés comme une micronation (ou Phyle dans le vocabulaire de l'auteur) technologiquement, culturellement et économiquement supérieure aux autres, simplement concurrencés par les Confucéens. Bien que l'appartenance aux différentes Phyles soit normalement volontaire et non déterminée par des critères raciaux ou des antécédents familiaux, les hiérarchies de classe établies dans le roman établissent de facto une distinction entre les riches et les pauvres. Neal Stephenson décrit également un nombre important d'autres cultes ou communautés, comme la République réformée distribuée qui contraste sévèrement avec les autres Phyles plus élaborés et imposent un protocole social minimal. Dans certains cas, ce protocole met simplement la volonté des membres des phyles à l'épreuve en mettant leur vie en danger au profit d'un intérêt supérieur qui souvent les dépasse.

Les différences culturelles s'expriment également dans les divers effets qu'a le Manuel illustré sur les jeunes filles qui l'utilisent. Les jeunes filles néo-victorienne qui ont grandi avec le Manuel sont toutes devenues des jeunes femmes indépendantes, épanouies et sûres de leurs objectifs. Cepdendant les copies réalisées par le Docteur X pour les jeunes orphelines chinoises n'ont pas cet effet et créent au contraire une armée de clones culturels qui se mettent directement au service de l'héroïne du roman le moment venu. Ces copies, qui ne proposaient pour des raisons techniques aucune médiation humaine (comme c'était le cas avec les racteurs des copies originales), n'étaient que des machines interactives automatisées et formatées sur un même modèle. Une allusion au début du roman suggère que les copies chinoises du Manuel ont été intentionnellement conçues comme des copies bridées par l'ingénieur néo-victorien John Percival Hackworth. Cette différence culturelle notable dans l'éducation des jeunes filles Hans peut être interprétée comme un désidérata expresse des Confucéens qui mettent l'accent en priorité sur le sens de l'honneur, l'honnêteté et l'obéissance.

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