L'Âge de diamant a reçu le Prix Hugo du meilleur roman de science-fiction en 1996 et fut finaliste pour le Prix Nebula dans la même catégorie.
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La Danse du miroir de Lois McMaster Bujold |
| Mars la bleue de Kim Stanley Robinson | ||
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L'Âge de diamant aborde et exploite les thèmes suivants :
Le roman de Neal Stephenson fait appel à de multiples références littéraires telles que :
À l'instar du roman La Reine des anges de l'auteur de science-fiction américain Greg Bear, L'Âge de diamant dépeint un monde complètement métamorphosé par le plein développement des nanotechnologies, tout comme l'avait envisagé Eric Drexler dans son ouvrage intitulé Engines of Creation (1986). Les nanotechnologies sont omniprésentes, généralement sous forme de « matricompilateurs » qui produisent des objets également nanotechnologiques. Certains chercheurs en nanotechnologies sont explicitement présentés dans le roman. Ainsi Richard Feynman, Eric Drexler et Ralph Merkle apparaissent sur la fresque qui orne le Hall Merkle, l'endroit où sont conçus et construits les nouveaux objets nanotechnologiques.
Le récit propose également des technologies plus exotiques, comme les « chevalines » (un cheval mécanique pliable assez léger pour être transporté avec une seule main), ou des anticipations de technologies en développement de nos jours, comme le papier électronique qui peut afficher des gros-titres de presse personnalisés, tandis que les grands villes disposent de défenses immunitaires faites de micromachines aérostatiques. Les matricompilateurs domestiques produisent gratuitement nourriture basique, couvertures et eau pour les plus défavorisés. Ceux-ci sont de véritables anticipation des actuelles imprimantes 3D ou nano-fabriques de bureau pour tous.
Les « matricompilateurs » reçoivent la matière première de l'Alim, un réseau d'alimentation analogue au cablage électrique des sociétés modernes. L'Alim transporte les molécules de base jusqu'aux matricompilateurs qui les assemblent pour produire des biens à la demande. La Source Victoria, d'où provient le flux de matière première, est contrôlée par les néo-Victoriens, même si d'autres sources plus restreintes existent dans d'autres communautés. Dans le roman, le système de l'Alim est concurrencé par celui de la Graine, une technologie ouverte, non centralisée qui induit un autre modèle économique et une autre forme d'organisation sociale davantage centrée sur la liberté individuelle. Le conflit d'intérêts entre les néo-Victoriens et l'Empire Céleste des Chinois est un conflit à la fois technologique et idéologique qui oppose le centralisme élitiste de l'Alim au partage équitable et individuel de la Graine.
L'Âge de diamant est un roman qui porte essentiellement sur la notion de relativisme culturel et qui semble en postuler l'échec. Les néo-Victoriens sont clairement présentés comme une micronation (ou Phyle dans le vocabulaire de l'auteur) technologiquement, culturellement et économiquement supérieure aux autres, simplement concurrencés par les Confucéens. Bien que l'appartenance aux différentes Phyles soit normalement volontaire et non déterminée par des critères raciaux ou des antécédents familiaux, les hiérarchies de classe établies dans le roman établissent de facto une distinction entre les riches et les pauvres. Neal Stephenson décrit également un nombre important d'autres cultes ou communautés, comme la République réformée distribuée qui contraste sévèrement avec les autres Phyles plus élaborés et imposent un protocole social minimal. Dans certains cas, ce protocole met simplement la volonté des membres des phyles à l'épreuve en mettant leur vie en danger au profit d'un intérêt supérieur qui souvent les dépasse.
Les différences culturelles s'expriment également dans les divers effets qu'a le Manuel illustré sur les jeunes filles qui l'utilisent. Les jeunes filles néo-victorienne qui ont grandi avec le Manuel sont toutes devenues des jeunes femmes indépendantes, épanouies et sûres de leurs objectifs. Cepdendant les copies réalisées par le Docteur X pour les jeunes orphelines chinoises n'ont pas cet effet et créent au contraire une armée de clones culturels qui se mettent directement au service de l'héroïne du roman le moment venu. Ces copies, qui ne proposaient pour des raisons techniques aucune médiation humaine (comme c'était le cas avec les racteurs des copies originales), n'étaient que des machines interactives automatisées et formatées sur un même modèle. Une allusion au début du roman suggère que les copies chinoises du Manuel ont été intentionnellement conçues comme des copies bridées par l'ingénieur néo-victorien John Percival Hackworth. Cette différence culturelle notable dans l'éducation des jeunes filles Hans peut être interprétée comme un désidérata expresse des Confucéens qui mettent l'accent en priorité sur le sens de l'honneur, l'honnêteté et l'obéissance.