Le palais du Louvre est un ancien palais royal situé à Paris sur la rive droite de la Seine, entre le jardin des Tuileries et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. S'étendant sur une surface bâtie de plus de 135 000 m², le palais du Louvre est le plus grand palais d'Europe, et le second plus grand bâtiment du continent après le Palais du Parlement roumain. Il constitue aujourd'hui l'un des plus riches musées d'art du monde : le Musée du Louvre.
La construction du Louvre est indissociable de l'histoire de la ville de Paris. Elle s'étend sur plus de 800 ans, bien que le plan général du palais ait été imaginé dès la Renaissance. Charles V y établit sa résidence, donnant au palais un statut qu'il a conservé jusqu'au règne de Louis XIV.
La première forteresse du Louvre, sous Philippe Auguste, a été bâtie sur un lieu-dit nommé Lupara, dont l'étymologie est inconnue. Mais une hypothèse couramment admise est le rapprochement avec le latin lupus, qui laisserait supposer que le lieu-dit était habité par des loups.
Une autre hypothèse fait remonter l'origine du nom Louvre à l'ancien français lauer ou lower qui signifiait « tour de guet ». - conséquence directe de l'occupation des Francs saliens (ou Sicambres : Mérovée, Childéric, Clovis...), dont la langue est germanique et non latine - que Henri Sauval (historien français 1623-1676) déduit l'origine du mot « Louvre ». Dans cette langue, qui a déjà fourni l'étymologie de nombreux noms de lieux dans le pays du Parisis (Stains -> Stein, Château du Mail : Mâhl, mot qui signifie « assemblée » dans la langue franque, Ermenonville : Ermenoldi Villa...), le mot « leovar, lovar, lover, leower ou lower » signifie château ou camp fortifié.
Au Ve siècle, les peuples anglo-saxons, avec l'accord explicite de l'Empire romain, s'« emparent » du Nord de l'Europe occidentale. Ils s'y constituent en communautés chargées par l'Empire de le défendre d'une éventuelle attaque extérieure. C'est d'ailleurs en 463 que Childéric Ier et Ægidius ont repoussé les Wisigoths à Orléans.
Puis l'intégration se fait « racines ». La déliquescence inéluctable de l'Empire accélère le processus. Et lorsque de nouveaux Sicambres descendent avec Mérovée jusque dans les plaines du Parisis, les Francs fraternisent avec ceux de leur nation qui s'y trouvent déjà. Ils constituent alors un groupe assez puissant pour pousser jusqu'à Lutèce. S'ils ne parviennent à s'en emparer, ils bâtissent du moins sous ses murs mêmes le solide établissement dont nous parlons : un « lower », un camp fortifié. Ce « lower » devait déjà exister sur la rive droite de la Seine du temps de Mérovée et a dû représenter une menace constante durant les dix années de siège que connut la capitale du temps de sainte Geneviève.
Lutèce, armée et défendue, fut le premier obstacle sérieux que rencontra Clovis, car elle représentait pour lui la clef du reste du territoire. Le siège, faute de moyens pour une attaque de grande envergure, ne fut finalement qu'un blocus, qui prit fin avec la conversion de Clovis au christianisme.
On peut supposer l'importance pour les Mérovingiens d'un tel camp fortifié. Ce fameux « lower » leur permettait, même en n'y laissant que quelques troupes, de tenir la ville en respect, de lui couper les vivres et d'en faire un point d'appui lorsqu'ils voulaient tenter une attaque sérieuse.
Il y eut, à la suite de cette occupation persistante, deux villes face à face : la ville gallo-romaine d'une part et l'installation franque sans cesse renforcée d'autre part.
C'est donc très probablement ce même nom de « camp fortifié » que les Francs, de leowar ou lower (sa forme anglo-saxonne) firent évoluer en Luver, Luvre et enfin « Louvre », le mot actuel que nous trouvons déjà dans une charte de 1198. L'amalgame a été fait par la suite à cause de sa ressemblance avec « louvre », mot dérivé du latin vulgaire lupara, louve ou louverie. En effet, la forêt s'étendait alors jusqu'aux arrondissements périphériques de l'actuelle capitale et la présence de canidés aux portes de la capitale est avérée.
Par la suite, Clovis et ses successeurs n'oublièrent pas que leur domination s'était d'abord exercée sur la rive nord de la Seine. Alors qu'ils négligeaient le développement du Paris de l'autre rive qui leur avait si longtemps résisté, ils créèrent sur la rive droite une ville rivale : un nouveau Paris. Le professeur Nicolas Rodolphe Taranne (1795-1857), conservateur à la bibliothèque Mazarine et membre de la Société de l’histoire de France, dans ses notes de traduction du poème d'Abbon, De la guerre de Paris, mais plus connu sous le titre Histoire du siège de Paris par les Normands, en fait la remarque : « Paris, ville gallo-romaine, s'était accrue considérablement au midi; Paris, ville franque, s'étendit plus vers le nord ».
La ville s'agrandissait donc chaque jour dans cette partie nord lorsqu'elle se trouva sous la menace d'une autre conquête où il n'y eut pour elle que ruines et désolation. Les Normands, qui pouvaient sans obstacle remonter la Seine, firent de Paris pendant au moins cinquante ans leur principale destination de conquête. Pour donner un point d'appui à leurs attaques – et profitant de ce que les Parisiens n'avaient pas repris pour se défendre l'endroit dont on s'était déjà servi pour les attaquer – c'est sur l'emplacement de l'ancien camp de Clovis (et autour de Saint-Germain-le-Rond, actuel Saint-Germain-l'Auxerrois), que les Normands s'établirent. Ses remparts constituaient un solide abri. Il s'agissait d'une véritable forteresse défendue par de larges palissades, un rempart de pierres et de larges fossés. En octobre 886, l'arrivée de l'empereur avec une armée considérable n'y changea rien. Et cela plutôt par lâcheté que par impuissance militaire : au lieu d'en finir par une attaque décisive, Charles le Gros traita avec les Normands. Il leur paya un tribut incommensurable en échange de... leur départ ! Une rançon en quelque sorte. Mais pendant vingt ans encore ils revinrent, jusqu'à ce que soit cédé à Rollon, leur chef, le territoire appelé aujourd'hui Normandie (911 - traité de Saint-Clair-sur-Epte).
Plus tard, près de l'endroit où avait campé Clovis, se trouvait l'un des fours les plus connus de Paris : « Furnus de Lovres », comme il est appelé dans le « Livre Noir », à la date de 1203. Il se trouvait dans une grande rue parallèle à la Seine, qui traversait tout le Paris de la rive droite, en se prolongeant à l'ouest vers la ville nouvelle, où elle prit le nom de rue Saint-Honoré.
Après le passage dévastateur des Normands, il fallut reconstruire. Et c'est par la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois que l'on commença. Cet édifice est actuellement situé face à la colonnade du Louvre. Il est symétriquement opposé à l'actuelle mairie du premier arrondissement qui le jouxte, avec, au centre, un campanile de style gothique flamboyant, images parmi tant d'autres du « Pastiche » du XIXe siècle.
Le roi Robert reconstruisit cette basilique, dont on avait fort mal réparé les ruines. Le quartier dont Saint-Germain était le centre était devenu une sorte de Paris nouveau attaché aux flancs de l'ancien.
C'est à son départ pour les croisades en compagnie de Richard Cœur de Lion, que Philippe Auguste entreprend en 1190 de protéger sa cité de toute attaque extérieure - et notamment de celles de ses parents et néanmoins rivaux prétendants au trône de France : les Plantagenêt. La nouvelle enceinte, dont la construction dure près de vingt ans, entoure alors le Paris ancien et moderne d'alors et se prolonge jusqu'à l'emplacement du camp dont Clovis et les Normands avaient déjà fait leur fief. La consonance du mot resta dans les mémoires et le lieu devint l'ancien « luver » ou « luvre » défini précédemment. C'est donc tout naturellement à la lisière de cette muraille que Philippe Auguste décide d'édifier ce qui deviendra la forteresse parisienne par excellence, et plus tard un des plus prestigieux palais du monde.
Selon Geneviève Bresc-Bautier (Le Louvre, une histoire de palais, musée du Louvre édition), Louvre pourrait être un hydronyme portant le suffixe celtique ara. Louvre désignerait alors le nom d'un cours d'eau.