Pandémie de la grippe de 1918 - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Avant 1918 : Virus pères

Apparition et propriétés

Du fait de l'absence d'étude sur des souches originales du virus de la grippe espagnole, aucune souche n'ayant pu être conservée, il est impossible de déclarer, aujourd'hui du moins, quelle est la source qui a vu apparaître le « virus père ». Il y a cependant deux hypothèses possibles concernant l'apparition du « virus père » de la grippe espagnole : la première est que ce virus proviendrait de la mutation d'un virus humain préexistant (voir les différents phénomènes dans la partie suivante qui expliquent les différentes mutations possibles du virus de la grippe); dans ce cas, il devrait n'être que faiblement différent de l'original, et les populations humaines devraient, en bonne partie, être immunisées. La seconde est qu'il proviendrait d'une souche nouvelle, provenant d'une autre espèce, notamment les espèces aviaires, qui sont des réservoirs naturels de bon nombre de virus.

C'est effectivement souvent ainsi qu'apparaissent les nouvelles souches de virus de la grippe : par l'interaction de populations humaines, porcines et aviaires (voir aussi la seconde partie).

Si cela demeurait inconnu à l'époque, nous savons désormais que les différentes espèces d'oiseaux, notamment les canards domestiqués, sont des réservoirs naturels de quantité de virus et que ceux-ci peuvent, sous certaines conditions, se transmettre à d'autres espèces, tels les porcs. Or, le mode d'organisation traditionnel de la paysannerie mettait en contact direct et continuel les oiseaux de basse-cour, les porcs et les humains. Les premiers, souvent des canards, servant de réservoir naturel de virus. Les populations porcines, servant d'éprouvettes, subissent ainsi continuellement l'assaut des virus grippaux aviaires, qu'ils ne craignent normalement pas du fait de la barrière des espèces. Mais ce contact continuel permet, le cas échéant, aux variantes des virus de s'adapter au système immunitaire mammalien. Et du fait que le système immunitaire des porcs est proche de celui de l'homme, les virus grippaux aviaires peuvent donc atteindre l'homme par le biais des porcs.

Des chercheurs américains ont d'ailleurs publié en octobre 2005, dans les revues "Science" et "Nature" (voir Bibliographie), une étude sur un virus de la grippe espagnole reconstitué (à partir d’un prélèvement de poumon d’une femme décédée lors de la pandémie de 1918 en Alaska et enterrée dans le pergélisol), qui tend à montrer que son origine était aviaire.

Voici comment serait apparu le « virus père » dans la population humaine :

Ce que l'on sait de ce virus père tient en ses propriétés pathologiques. Il était somme toute assez commun : durée d'incubation très courte (de 1 à 2 jours), immense majorité de cas bénins et mortalité habituelle d'environ 0,15 %. Soit un cas mortel sur 666 malades, particulièrement chez les vieillards et les nourrissons, comme c'est encore le cas aujourd'hui. Ces cas mortels n'étant pas dus au virus lui-même mais, du fait de l'affaiblissement de l'organisme qu'il entraîne, à des complications de maladies normalement non mortelles (bronchite, pneumonie...).

Ce virus père ne différant de ceux des autres grippes que par une contagiosité plus élevée qu'à l'accoutumée, lui permettant d'engendrer une épidémie timidement internationale, cela n'est pas encore assez pour être appelé pandémie.

Des origines géographiques incertaines

Les débuts de cette pandémie ont été discrets, car le virus n'était d'abord pas mortel. L'origine géographique du virus-père de la grippe de 1918, dite « grippe espagnole », reste donc très incertaine, d'autant que, à tout moment de l'année, divers points du globe subissent des épidémies de souches grippales différentes, bénignes et parfois endémiques. Faute d'études rétrospectives suffisantes sur le virus de la grippe espagnole lui-même, il demeure impossible de trancher sur son origine généalogique, de déterminer lequel des virus bénins alors en cours était le virus père. Impossible donc de déterminer son origine géographique précise.

Les connaissances certaines sur son origine sont ainsi inexistantes : l'origine même de son nom est encore débattue mais semble majoritairement considérée comme étant due au fait que ce ne fut que lorsque cette grippe frappa l'Espagne que l'on prit conscience de sa portée internationale.

Aussi, malgré le fait que les hypothèses sur l'origine géographique soient multiples, toutes convergent vers une même région : le Nord-Est des États-Unis d'Amérique, dans la région de Boston, lieu premier semble-t-il où la grippe devint mortelle, vers la mi-septembre 1918. Ce n'est qu'à partir de là que l'on suit avec certitude le virus en question. Cependant, la pandémie commença bien avant avec le « virus père ». En voici les origines les plus développées expliquant son arrivée dans la région de Boston.

L'origine la plus communément admise, notamment par les instituts de santé publique tels que l'Institut Pasteur, est l'Asie, la région de Canton plus précisément, en Chine. Bien qu'elle ne repose sur aucune preuve indéniable, cette hypothèse s'appuie sur deux constats effectifs :

  • Une épidémie de grippe bénigne, mais à forte contagiosité, sévit effectivement en Chine au printemps 1918 (ce qui est fréquent).
  • Second argument : cette région du monde, par son interaction entre les populations humaines, aviaires et porcines, a toujours été la source principale des épidémies de grippe.

Le virus aurait atteint les États-Unis par le biais d'un bataillon américain revenant de cette région chinoise vers une base de Boston. Ce fut ici qu'elle fit ses premiers morts recensés.

Une autre hypothèse américaine, peu développée, pose comme origine possible de cette épidémie les États-Unis, dans la région de la Caroline du Sud, où quelques cas mortels auraient été annoncés dès le printemps 1918.

D'autres hypothèses prétendent qu'elle serait originaire d'Europe. Ainsi, l'autre hypothèse la plus solide fait apparaître les premiers cas de grippe espagnole dans les tranchées françaises en avril 1918. Notamment dans des bataillons britanniques stationnés dans les environs de Rouen. Il y eut effectivement des morts dus à une épidémie de grippe particulièrement contagieuse, mais les conditions d'hygiène des tranchées étaient amplement suffisantes à transformer une grippe des plus banales en maladie mortelle.

Toujours est-il que cette épidémie, liée ou non à l'épidémie chinoise, se répandit rapidement, par le biais des mouvements de troupes alliées, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis, et enfin en Italie et en Allemagne, atteignant son apogée vers juin 1918. En juillet, l'Europe considère l'épidémie comme pratiquement terminée, bien qu'ayant atteint un nombre élevé d'individus, surtout dans les armées, mais s'étant manifestée sans gravité, étant de courte durée, et avec des symptômes classiques peu alarmants.

Il existe également d'autres hypothèses, isolées et non confirmées par d'autres documents, prétendant que son origine pourrait être réellement l'Espagne ; elle aurait été amenée aux États-Unis par le biais de la famille royale espagnole, à l'époque en voyage diplomatique dans la région de Washington.

Simultanément à ces épidémies internationales, d'autres foyers épidémiques plus restreints ont été observés en Inde et en Nouvelle-Zélande, en juillet, et en Afrique du Sud, en août. On ignore aujourd'hui encore s'il s'agit d'une seule ou de différentes souches, toutes cependant n'engendraient que des symptômes bénins.

Page générée en 0.101 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise