Philipp Franz von Siebold - Définition

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Introduction

Philipp Franz Balthasar von Siebold, médecin et naturaliste bavarois, est né le 17 février 1796 à Wurtzbourg et mort le 18 octobre 1866 à Munich. De famille noble avec rang de Baron, il est le frère de l'anatomiste et zoologiste Carl Theodor Ernst von Siebold (1804-1885).

Reçu docteur en 1820, il entre au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1822. Arrivé au Japon en 1823 avec la légation scientifique hollandaise, sa rencontre avec ce pays devait sceller son destin et sa vocation.

Une vocation en cache une autre

Durant l'époque d'Edo (1639 à 1854), l'archipel nippon était fermé aux étrangers et seuls les Hollandais étaient autorisés à résider dans leur comptoir commercial de l'île artificielle de Dejima près de Nagasaki. Siebold dût donc se faire passer pour hollandais pour pouvoir y résider de 1823 à 1829. Son fort accent bavarois éveille quelques soupçons auprès des interprètes japonais, qu'il parvient à endormir en invoquant un mystérieux dialecte hollandais.

Six années fastes au Japon

A la faveur d'un assouplissement de la politique de fermeture (dite sakoku), du shogun de Tokugawa, mais aussi des recommandations personnelles de savants japonais, il est autorisé à y ouvrir l'école Narutaki, qui réunit bientôt une élite composée d'une cinquantaine d'étudiants avant-gardistes de tous âges et venus de tout l'archipel, sélectionnés par le shogunat. Ce sont les fameux rangakusha (蘭学者, disciples des « études hollandaises », synonyme d'études occidentales), férus de sciences occidentales et dont beaucoup furent le fer de lance du mouvement progressiste, autour de Chōei Takano. Siebold y enseigne la médecine et l'histoire naturelle. Usant de ses protections, il acquiert sous un nom japonais, une maison de campagne dans les environs de Narutaki où il reçoit ses élèves et admirateurs, qui affluent pour mieux voir et entendre le grand « Meester » étranger.

Chose amusante, comme il n'était pas censé recevoir d'honoraires de la part de ses patients, ces derniers le payaient en nature, le plus souvent en lui offrant toutes sortes d'objets et bibelots qui prirent ensuite une valeur historique, à la base de sa grande collection ethnographique.

Siebold fut ainsi le premier occidental à enseigner la médecine au Japon, mais s'y rendît infiniment plus célèbre en complétant l'œuvre pionnière du médecin et botaniste suédois Carl Peter Thunberg. Après avoir fondé le jardin botanique de Dejima, il est invité à Edo (aujourd’hui Tōkyō), où il connaît le succès et la gloire. Ses remarquables études sur la flore et la faune japonaise passeront à la postérité.

Débordé par ses activités d'enseignant, Siebold parvient néanmoins à réunir la plus grande collection de plantes japonaises au monde (dont plus de 2 200 espèces de phanérogames !). La plupart furent récoltées par ses étudiants et collaborateurs, dont les plus connus sont : Keisuke Itō, Zonshin Ōkōchi, Sugeroku Mizutani et même le médecin du shogun, Hoken Katsuragawa. Tous les spécimens réunis pendant son séjour au Japon n'étaient pas les premiers à atteindre l'Europe, mais ils venaient compléter ceux de Kämpfer (1651-1716) et Thunberg (1743-1828) acquits aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il loua également les services de chasseurs indigènes pour alimenter sa collection d’animaux.

Siebold rencontre, le 29 mars 1826, le botaniste Hōbun Mizutani (1779-1833) ainsi que ses deux élèves, Ōkōchi Sonjin (1796-1883) et Keisuke Itō (1803-1901), qui forment un groupe de naturalistes à Nagoya. Ceux-ci connaissent quelques travaux occidentaux grâce aux publications néerlandaises et notamment Hōbun qui nomme ses plantes en suivant la traduction néerlandaise des travaux linnéens réalisée Maarten Houttuyn (1720-1798), mais semble-t-il, sans bien maîtriser le système linnéen. C'est Keisuke Itō qui, le premier, va sensibiliser les naturalistes japonais au système de classification développée par Linné ainsi qu'au système de nomenclature binomiale.

La Politique et l'Amour

Chargé par le gouvernement hollandais de collecter toutes sortes de renseignements sur le Japon mais ne parlant ni ne lisant le japonais, Siebold sut trouver des interprètes et collaborateurs zélés parmi ses rangakusei, leur faisant rédiger en néerlandais des mémoires touchant à tous les aspects de la civilisation japonaise: flore, faune, linguistique, histoire et géographie...

Mais, de la nature aux hommes, il n’y a qu’un pas, et Siebold rencontre bientôt l'amour, sous les traits d’O'Taki San (楠本滝 Taki Kusumoto), une jeune japonaise qui n’hésitera pas à affronter l’opprobre en se faisant fictivement enregistrer comme courtisane pour contourner l’interdiction de mariage avec un étranger. De leur union naîtra une fille, O'Iné (1823-1903), qui deviendra la première femme médecin du Japon.

Retraite féconde à Leyde

Dès 1827, il avait expédié à Batavia, Bruxelles et Anvers des collections entières, non seulement de plantes mais aussi de livres rares, d’estampes et d’objets d'art. Or, le gouvernement japonais de l'époque avait strictement interdit la vente aux étrangers de tous documents touchants à l'administration, la topographie ou l'histoire du pays, de même que les objets relatifs à la religion, l'art de guerre et la vie de la cour, considérés comme secrets d'état.

Et c’est là que soudain tout bascule. En 1828, ayant obtenu de l'astronome Kageyasu Takahashi plusieurs cartes détaillées du Japon et de la Corée (confectionées par Tadataka Inō), il juge bon d'y ajouter de sa main le tracé des frontières nord du Japon. Mal lui en prit! Suite au naufrage du navire qui emportait une de ses cargaisons, ces cartes sont récupérées par les sauveteurs, parmi une cinquantaine d'autres objets interdits. Le gouvernement l'accuse aussitôt de haute trahison, comme espion à la solde de la Russie. Certains de ses étudiants seront emprisonnés mais lui-même ne sera condamné qu'à l'expulsion, le 22 octobre 1829.

Arraché à ses études et à ses amours, Siebold embarque pour Batavia, emportant toutes ses collections, qu'il léguera ensuite au musée de Leyde. Il arrive aux Pays-Bas le 7 juillet 1830, après un séjour de huit ans au Japon et à Batavia.

Il s'établit à Leyde où une tâche titanesque l'attendait, laquelle l'occupera pendant vingt ans. En 1834, il nomme un type d'arbres paulownia en l'honneur de l'épouse du prince héritier des Pays-Bas née Anna Pavlovna de Russie, fille du tsar Paul Ier de Russie.

Sur les 12 000 spécimens de sa collection, il ne pourra en traiter que 2 300, le reste faisant encore l'objet de recherches aujourd'hui! Il construit aussitôt une serre spéciale pour cultiver ses plantes ramenées du Japon, puis s'attelle à la rédaction des résultats de ses observations. Il fournira une œuvre monumentale, en commençant par Nippon (1832), le premier tome d'un travail ethnographique et géographique, richement illustré, sur le Japon. Il y inclut un savoureux récit de son séjour à la cour shogunale d'Edo. Cinq tomes supplémentaires paraîtront, jusqu'en 1882.

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