Polynôme formel - Définition

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Algèbre linéaire

Espace vectoriel

L'anneau A est identifié aux polynômes constants de A[X]. Ceci permet de définir une nouvelle opération sur A[X], une multiplication externe, qui à un nombre a et à un polynôme P associe le polynôme a.P. Le polynôme a.P est égal au produit du polynôme a, vu comme un polynôme constant et du polynôme P.

Si A est un corps K, comme R ou C, il existe une multiplication externe de KxK[X] dans K[X]. La structure K[X] possède maintenant une addition et une multiplication externe. Ces deux opérations confèrent à K[X] une structure d'espace vectoriel. Il est en effet rapide de vérifier que tous les axiomes d'un espace vectoriel sont bien vérifiés. La famille (Xn) si n décrit l'ensemble des entiers positifs joue un rôle particulier. Par construction, elle est génératrice de K[X], elle est aussi libre car une combinaison linéaire de cette famille n'est nulle que si tous les coefficients sont nuls et la famille forme une base :

Base canonique — La famille (Xn) des puissances de l'indéterminée pour n décrivant l'ensemble des entiers positifs est une base de K[X] appelée base canonique.

Si A n'est pas un corps, A[X] possède une structure un peu analogue, appelé module sur l'anneau A. Un sous-espace vectoriel particulier est celui composée des polynômes de degré inférieur ou égal à un entier positif p. Par définition, il possède comme base (1, X, ..., Xp) contenant p + 1 éléments, c'est donc un sous-espace de dimension p + 1.

La structure d'espace vectoriel de A[X] s'ajoute à la structure d'anneau pour former une structure d'algèbre. L'ensemble A[X] est alors muni de 3 opérations, une addition, une multiplication et une multiplication externe sur le corps K. Sur les trois opérations, les axiomes de la structure d'algèbre sont tous vérifiés.

Substitution et fonction polynômiale

Comme le fait remarquer l'encyclopédie Encarta « Le mot polynôme désigne en fait deux entités mathématiques distinctes : le polynôme formel et la fonction polynomiale. Cette dernière fournit la valeur prise par le polynôme lorsqu’on y remplace la variable x par une valeur numérique donnée. »

À partir d'un polynôme formel comme X2 + 2X + 1, on peut construire une application, qui au polynôme associe une fonction f(x) définie par la donnée d'un domaine de définition Z l'ensemble des entiers et la définition : f(x) = x2 + 2x + 1. Dans le cas général, il suffit d'indiquer l'ensemble de départ B, un anneau contenant les coefficients du polynôme, et de substituer l'indéterminée X par la variable x dans l'écriture du polynôme formel.

L'algébriste considère l'application Φ, de A[X] dans l'ensemble des fonctions polynômes de A définies sur un anneau B contenant A, qui à un polynôme formel associe sa fonction polynômiale. L'ensemble d'arrivée de Φ est par définition l'image de Φ, ce qui montre que l'application est surjective. L'application Φ possède des propriétés supplémentaires. Elle est par exemple compatible avec l'addition et la multiplication :

\forall P, Q \in \mathbb A\quad \Phi(P + Q) = \Phi(P) + \Phi(Q)\quad\text{et}\quad \Phi(P\cdot Q) = \Phi(P)\cdot\Phi(Q)

Ces deux propriétés possèdent un nom en mathématiques, on dit que Φ est un morphisme d'anneau.

Ici, l'addition et la multiplication de deux fonctions polynômes sont définies comme l'addition et la multiplication usuelles des fonctions. Dans le cas particulier où le polynôme P est une constante, c'est-à-dire s'il se résume à un monôme de degré 0 ou moins l'infini, on obtient :

\forall P, Q \in \mathbb A\quad \forall \lambda \in A \quad \Phi(P + Q) = \Phi(P) + \Phi(Q)\quad\text{et}\quad \Phi(\lambda P) = \lambda \Phi(Q)

On retrouve la définition de morphisme d'espace vectoriel, encore appelé application linéaire. Une application qui est à la fois un morphisme d'anneau et une application linéaire est qualifiée de morphisme d'algèbre, car l'application Φ est compatible avec toutes les opérations de l'algèbre.

Une propriété est encore manquante, l'application Φ est-elle toujours injective, la réponse n'est pas toujours vraie. Un premier cas se présente, si l'anneau A contient une copie de Z l'ensemble des entiers. C'est par exemple le cas de Q, R ou C. Dans ce cas là, l'application Φ est de fait injective. La démonstration est donnée à la suite de cet article dans le paragraphe Équation algébrique. Il existe d'autres cas où Φ n'est pas injective, par exemple celui où A est un corps fini. Quelques exemples sont donnés si A désigne l'anneau Z/nZn est un nombre premier. L'ensemble des polynômes formels est toujours infini, tous les polynômes Xn sont distincts, et si n parcourt l'ensemble des entiers positifs, on obtient une infinité de polynômes distincts. En revanche, les fonctions polynômes forment un sous-ensemble des fonctions de A dans A, si A est un corps fini de cardinal p, il existe pp fonctions distinctes et donc au maximum pp fonctions polynômes au maximum. Comme il ne peut y avoir d'injection entre un ensemble infini vers un ensemble fini, l'application Φ n'est pas injective. Il existe quelques cas où Φ est injective :

Proposition — Si B contient une infinité d'éléments et est intègre, alors Φ est injective.

Un anneau est dit intègre si un produit de deux éléments a et b de l'anneau est nul uniquement si soit a soit b l'est. Dans de nombreuses situations, celles où les coefficients sont choisis dans les nombres entiers, rationnels, réels ou complexe, cette proposition s'applique. En conséquence l'anneau des fonctions polynômes et des polynômes formels sont des copies l'un de l'autre et tous les résultats algébriques établis ici s'appliquent sur les fonctions polynômes.

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