Principe de moindre action et relativité générale - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Champ de gravitation

Afin d'en déterminer la densité lagrangienne, puis les équations, il est nécessaire de développer un peu certaines considérations abordées ci-dessus, et même quelques nouvelles.

Densité lagrangienne dans l'espace courbe

Du fait de l'invariance de la trajectoire du champ par rapport aux référentiels d'où on l'observe, l'action qui la caractérise S_g = \int L d \Omega doit être invariante par changement de référentiel.

En notant \ \Lambda le scalaire du champ, invariant par rapport aux changements de référentiels, la densité lagrangienne sera : \ L = \Lambda .|g|^{\frac{1}{2}}

Définitions des tenseurs de Riemann, de Ricci, et de la courbure

À la manière d'Élie Cartan

En termes mathématiques, l'espace quadri-dimensionnel défini par les considérations ci-dessus est une variété C2 où les quadri-vitesses sont des vecteurs appartenant à l'espace vectoriel tangent au point où on a dérivé, cet espace vectoriel étant muni de la métrique \ g^{ij} .

Rappelons que les coordonnées (x0;x1;x2;x3) sont les coordonnées des points de la variété, munie d'un système de coordonnées quelconque, représentant le choix arbitraire du référentiel physique de l'observateur.

La mesure de la gravitation, qui influe sur les géodésiques, peut se faire à travers la différence d'orientation entre deux vecteurs résultant du transport d'un seul vecteur d'origine par deux chemins géodésiques différents vers un même point final.

  • L'équation des géodésiques \dot{V}_m + \Gamma_m^{ij}V_iV_j = 0 est équivalente à \frac{dV_k}{dt_0} = - \Gamma_k^{ij}V_i V_j .
Du fait que V_j = \frac{dx_j}{dt_0} , on déduit : dV_k = - \Gamma_k^{ij} V_i dx_j  ; sachant que l'on a \Gamma_k^{ij} = \Gamma_k^{ji} comme on le voit à partir de sa définition, on pourrait aussi bien écrire dV_k = - \Gamma_k^{ij} dx_i V_j  .
De manière similaire, on obtient dV^k = - \Gamma^k_{ij} V^i dx^j
  • Un vecteur  \left( A_i \right) est dit transporté parallèlement le long d'une géodésique si les variations de ses coordonnées vérifient dA_k = - \Gamma_k^{ij} A_i dx_j quand il est déplacé de \ (dx_j)_{j=0;1;2;3} le long de la géodésique.
  • On définit le tenseur de Riemann par :

R_i^{j,kl} = \partial^j \Gamma_i^{lk} - \partial^l \Gamma_i^{jk} + \Gamma_p^{lk} \Gamma_i^{jp} - \Gamma_p^{jk} \Gamma_i^{lp}

  • Le tenseur de Ricci est une contraction du tenseur de Riemann :  R^{ij}=R_k^{i,kj}
Sa formule montre que c'est un tenseur symétrique : \ R^{ij}=R^{ji}
  • La courbure riemannienne est le nombre obtenu par contraction du tenseur de Ricci : \ R=g_{ij}R^{ij}
  • Toutes les égalités utilisées dans « détails de la méthode d'Élie Cartan » étant indépendantes du référentiel choisi, et c'est aussi le cas pour les définitions des tenseurs de Riemann et de Ricci (c'est d'ailleurs pourquoi on se permet de les nommer tenseur ). C'est aussi le cas de la courbure \ R qui est donc candidat pour être \ \Lambda le scalaire invariant du champ de gravitation.
  • Élie Cartan a démontré que les scalaires invariants par changement de référentiel sont de la forme \ \alpha R + \beta~ .
~\ \alpha indique simplement qu'un changement d'unité est toujours possible, \ \beta permet d'introduire la constante cosmologique.

Outils analytiques

Une application du principe d'inertie dans l'espace courbe

Pour que notre travail soit bien une conséquence du principe de moindre action, la méthode utilisée ici consiste à déterminer les propriétés de la variété à partir de la métrique de ses espaces tangents.

  • Les espaces vectoriels tangents (de dimension 4) sont munis de leur base « naturelle » { \ \ { \vec{e}^{~0}; \vec{e}^{~1} ; \vec{e}^{~2}; \vec{e}^{~3}} }  : si \ M(x_0;x_1;x_2;x_3) est le point où l'on considère l'espace tangent, on pose \vec{e}^{~i} = \left(~\frac{\partial x_j}{\partial x_i}~\right)_{j=0,1,2,3}  ; ce que l'on écrit souvent \vec{e}^{~i} = \frac{\partial ~}{\partial x_i} .
Les équations des géodésiques sont des propriétés concernant les coordonnées \frac{dx_i}{dt_o} ou \frac{dx_i}{ds} de la quadri-vitesse le long de cette trajectoire, elles ne donnent pas d'indication pour la variation (la dérivation) d'un quadri-vecteur \vec{e}^{~i} d'un point à un autre de l'espace, ni même pour la dérivation du quadri-vecteur vitesse \vec V = V_i \vec e^{~i} .
Pour cela, nous pouvons utiliser un principe physique réécrit sur mesure pour la relativité générale :
  • Principe d'inertie : le long d'une géodésique, et en l'absence d'intervention extérieure, le (quadri-)vecteur vitesse d'une particule est constant.
C'est-à-dire : d\vec V = \vec 0
On en tire : d\vec V = \vec 0 = dV_i .\vec e^{~i} + V_i .d\vec e^{~i} = - \Gamma_i^{jk} dx_j V_k. \vec e^{~i} + V_i .d\vec e^{~i}
Le quadri-vecteur vitesse initial étant quelconque, on obtient :

 d\vec e^{~i} = \Gamma_k^{ij} dx_j \vec e^{~k}

En analysant les équations des géodésiques ou en tenant compte du fait que les « axes » des coordonnées ne sont pas obligatoirement des géodésiques, on ne peut pas affirmer que les coordonnées du quadri-vecteur vitesse sont constantes.

La dérivée covariante

Soit \vec{A}(x) = A_i\vec e^{~i} un quadri-vecteur dans l'espace tangent au point \ M(x_0;x_1;x_2;x_3) .

On a : d \vec{A}(x) = (dA_i) \vec e^{~i} + A_i d(\vec e^{~i}) = ( \partial^j A_i + A_k \Gamma_i^{jk})\vec e^{~i}dx_j = D^j A_i .\vec e^{~i}dx_j

En définissant la dérivée covariante par :

D^j A_i = \partial^j A_i + \Gamma_i^{jk} A_k

Propriété :

D^j A_{il} = \partial^j A_{il} + \Gamma_i^{jk} A_{kl}  + \Gamma_l^{jk} A_{ik}

D^j A_i^l = \partial^j A_i^l + \Gamma_i^{jk} A_k^l  - \Gamma_k^{jl} A_i^k

Et ainsi de suite avec tous les indices d'un tenseur, suivant leurs positions.

Où l'on retrouve les tenseurs de Riemann, etc.

À l'aide de la dérivée covariante, et après quelques calculs, on trouve :  \left( D^iD^j -D^jD^i \right) A_k = R_k^{l,ij} dx_i dx_j A_l .

On obtient donc les notions déjà introduites « à la manière d'Élie Cartan ».

Égalités et propriétés utiles

  • En posant \ g = \det (g^{ij}) \qquad , on a :   |g| = -g \qquad  g^{ij}.g_{ij} = \delta^i_i = 4 \qquad  \ dg = g~g_{ij}~dg^{ij}
  • Théorème d'Ostrogradski : \int_V \sqrt {-g}~ D_iA^i~d\Omega = \oint_{\part V} \sqrt {-g} A^i~dS_i , quand \ A^i est un tenseur.
  • La somme, la différence et la sommation d'Einstein de tenseurs définis dans le même espace tangent donnent un tenseur ; par contre s'il s'agit de tenseurs définis dans des espaces tangents différents, il n'est pas sûr que cela donne un tenseur.
Par exemple : le symbole de Christoffel est défini à partir du tenseur métrique. L'équation des géodésiques \Gamma_i^{jk}.V_k = \part^jV_i nous montre qu'il peut être défini à l'aide de \ \part^j V_i qui, bien que tenseur, est construit par une différence entre deux tenseurs (les quadri-vecteurs \  V_l(x_m) et \  V_l(x_m + dx_m)  ) définis dans deux espaces tangents différents : le symbole de Christoffel, lui, n'est pas un tenseur (sauf cas particuliers), comme on peut le montrer à l'aide de sa formule de définition.
  • Une égalité tensorielle démontrée en un point quelconque, mais en utilisant un référentiel particulier, est une égalité vraie en ce point et pour tous les référentiels : c'est là le principal intérêt d'utiliser des tenseurs.
Par exemple, en tout point il existe un référentiel en apesanteur (en chute libre dans le champ de pesanteur), c'est-à-dire pour lequel \Gamma_i^{jk} = 0 . Dans un tel référentiel, on a R_i^{j,kl} = \partial^j \Gamma_i^{lk} - \partial^l \Gamma_i^{jk} et D^j A_i = \partial^j A_i quand \ A_i est un tenseur : ce qui est plus simple à utiliser pour justifier une égalité tensorielle qui sera vraie quel que soit le référentiel.

Les équations d'Einstein du champ de gravitation dans le cas extérieur

Les tenseurs sont utilisés pour s'assurer que les égalités sont vraies quel que soit le point d'observation du physicien et quel que soit son référentiel. Les tenseurs ne transportent que des informations liées au point d'observation et à son espace tangent, du coup, les informations qui y sont utilisées et qui en sont produites ne sont que locales : ce sont des informations sur les tenseurs, mis à part les données universellement valables comme les constante c, G, et autres que l'on pourra y trouver.

Le premier cas des équations du champ est le cas où il n'y a pas de matière (localement) : on parle du « cas extérieur », sous entendu « à la matière ».

Dans ce cas, la seule composante de l'action est la composante du champ gravitationnel \ S_g = K. \int \sqrt{-g}.R.d\Omega , où \ K est une constante liée au choix des unités : pour les unités MKSA, on prend \ K = - \frac{c^3}{4 \pi G} , le signe \ - étant dû au principe de minimisation de l'action.

Pour trouver les équations du champ de gravitation sous la forme de tenseurs de densité d'énergie qui soient symétriques, il est plus simple de transformer le lagrangien sous l'intégrale de l'action que d'utiliser les équations d'Euler-Lagrange. Le principe variationnel est appliqué en faisant varier les termes de la métrique \ g^{ij} , qui est la manifestation lagrangienne de la gravitation, d'après le principe d'équivalence tel qu'appliqué plus haut.

Les équations déduites sont :

\ R_{ij} - \frac{1}{2}g_{ij}R = 0

En faisant la « contraction » \ g^{ij}R_{ij} - \frac{1}{2}g^{ij}.g_{ij}R = 0 , on obtient \ R = 0 , ce qui ne signifie pas que l'espace est plat, mais plutôt qu'il s'agit d'une surface minimale à quatre dimensions, tendue entre les différentes masses qui y évoluent.

Les équations d'Einstein dans le cas extérieur sont donc :

\ R_{ij} = 0

Les équations d'Einstein du champ de gravitation dans le cas intérieur

Le deuxième cas des équations du champ est le cas où il y a de la matière (localement) : on parle du « cas intérieur », c'est-à-dire « dans la matière ».

Dans ce cas, l'action est composée de l'action du champ gravitationnel \ S_g = K. \int \sqrt{-g}.R.d\Omega et de l'action de la matière, en y incluant le champ électromagnétique, que l'on écrit \ S_m = \frac{1}{c} \int\sqrt{-g}. \Lambda_m d\Omega .

Les équations déduites sont :

\ R_{ij} - \frac{1}{2}g_{ij}R = \chi T_{ij}

Avec la contraction similaire au cas extérieur, sachant que \ g_{ij}g^{ij} = 4 et en posant \ T = g^{ij}T_{ij} , on a \ R = - \chi T . La courbure principale est donc proportionnelle à la densité d'énergie totale \ T = g^{ij}T_{ij} (ou trace du tenseur \ T_{ij} ).

On peut donc aussi écrire :

\ R_{ij} = \chi \left( T_{ij} - \frac{1}{2}g_{ij}T \right)

Page générée en 0.216 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise