L'évaluation psychologique est à la base du diagnostic. Ainsi, l’évaluation d’un enfant dans le milieu scolaire est l’une des grandes spécificités de la psychologie scolaire. Grâce à l’évaluation, les psychologues scolaires seront en mesure d’émettre des recommandations pouvant servir de base à des stratégies de suivi, d’intervention ou d’orientation vers d’autres professionnels de l’éducation ou de la santé. Ces recommandations pourront être présentées aussi bien à l’enseignant qu’aux parents et se retrouver par la suite dans le plan d’intervention individualisé obligatoire, selon certaines législations nationales, par exemple, si l’élève est identifié en « difficulté scolaire ». D'un point de vue statistique, les données du Canada, de même que celles des États-Unis, démontrent que les élèves en difficulté d'apprentissage constituent la principale clientèle parmi les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. Les psychologues scolaires québécois allouent plus de la moitié de leur temps à l’évaluation. Lorsqu’il s’agit de l’évaluation d’élèves en difficulté d’apprentissage au primaire, ils consacrent environ les trois quart de leur temps à celle-ci, soit 72%. Les psychologues disposent de plusieurs instruments d’évaluation à leur disposition.
Le premier but d’une l’entrevue est d’obtenir une information appropriée, fiable et valide au sujet de la problématique de la personne interviewée. Dans tous les cas, le psychologue devra avoir en tête le motif de référence qui sert de fil conducteur à son travail d’entrevue.
Dans le cadre d’une entrevue, le psychologue scolaire pourra être amené à rencontrer l’enfant, ses parents, son enseignant mais également d’autres membres de la communauté scolaire afin préciser les raisons de la référence en psychologie scolaire et pour faire un bilan des forces et des faiblesses de l’élève.
Le psychologue scolaire cherchera, dans une entrevue avec un élève, à obtenir des informations directes sur les perceptions et les sentiments de l’enfant devant le problème qu’il rencontre. L’entrevue est conduite en fonction de l’âge de l’enfant, son niveau de compréhension et d’expression. Selon l’âge de l’enfant, le psychologue scolaire pourra évoquer ses intérêts, ses amis, ses perceptions de l’école et de son rôle, ses difficultés rencontrées dans les différentes matières scolaires, ses forces et ses faiblesses, les facteurs le motivants ou décourageants.
On obtiendra dans ce cadre, des informations plus intimes sur le plan des relations familiales et affectives de l’enfant. Ce type d’entrevue vient donner un autre point de vue, une autre vision des difficultés ressenties par l’enfant ainsi que la possibilité de faire des liens entre un problème apparu en classe et des événements survenus à la maison (ex : problème de comportement suite à la séparation des parents). Elle permet également d’obtenir des informations sur les antécédents médicaux, développementaux et scolaires de l’enfant. Lors de son entrevue avec les parents, le psychologue scolaire devra faire preuve de tact et d’empathie. Il devra être vigilant à adapter son discours aux caractéristiques propres aux parents telles que leur religion, leur ethnicité ou encore la vision qu’eux-mêmes ont de l’école et des attentes qu’ils ont de leur enfant. Le psychologue scolaire profitera de cette entrevue pour informer les parents sur les préoccupations de l’école, sur le processus d’évaluation de leur enfant ainsi que la communication du bilan de son évaluation.
Les informations recueillies dans le cadre de l’entrevue avec l’enseignant donnent des indications sur les perceptions de ce dernier face au problème rencontré par l’enfant. L’entrevue peut, dans certains cas, permettre au psychologue d’aider l’enseignant à se décentrer, à aborder le problème sous un autre angle et par conséquent à ajuster certaines de ses perceptions. Les informations recueillies pourront, dans ce cadre, aider le psychologue à connaître les antécédents et conséquences qui surviennent dans le cas d’un problème de comportement et les interventions déjà mises en place par le passé par l’enseignant. Le comportement de l’enfant pourra être replacé dans le contexte de la classe, avec les autres enfants et les adultes de l’école.
Au cours de l’entrevue, le psychologue scolaire couvrira différents champs d’exploration . Une multitude d’informations telles que la personnalité, le tempérament, la motricité, les relations avec les pairs, le cheminement scolaire pourra être envisagées. On gardera à l’esprit le fait que l’investigation doit permettre de faire des liens avec d’autres matériels d’évaluation et de donner des clés et des pistes d’interventions.
On utilise une entrevue structurée pour aller chercher des informations spécifiques en relation avec des questions précises. Les questions posées attendent une réponse de type oui-non. Par exemple, pour écarter l’hypothèse d’un Trouble Envahissant du Développement, on cherchera à savoir si l’enfant présente ou non de l’auto-stimulation ou des comportements stéréotypés. Ce type d’entrevue peut être réalisée à l’aide de questionnaires auprès des parents ou des enseignants.
Les entrevues semi structurées suivent des directives générales mais flexibles en fonction du but de l’évaluation. On pourra, par exemple, poser des questions nous servant à obtenir des informations sur une dimension particulière de la personnalité de l’enfant tout en lui laissant un champ assez large pour qu’il puisse élaborer. Exemple de question pour connaître le profil affectif de l’enfant : Qu’est-ce qui te rend le plus heureux ? le plus triste ?, qu’est-ce qui te met en colère ? qu’est-ce qui te fait peur ou t’inquiète ?... Qu’est ce que tu préfères chez toi ?, Quelle est la meilleure chose qu’il te soit arrivé ?, la pire ? Si tu avais un enfant du même sexe que toi, en quoi voudrais-tu qu’il te ressemble ? en quoi voudrais-tu qu’il soit différent de toi ? Quels sont tes rêves ? Quel est ton souvenir le plus joyeux ? le plus triste ? On pourra élargir la réponse de l’enfant en lui demandant les raisons de sa réponse (pourquoi ?).
L’entrevue ouverte peut être utilisée pour identifier un problème de façon générale en posant a l’interviewé une question aussi large que « qu’est-ce qui vous amène à me consulter? » ou « que puis-je faire pour vous? ». L’élève? aura donc la liberté de raconter son problème sans être « guidée » par les questions du psychologue.
D’après l’Ordre des Psychologues du Québec (2000) « l’utilisation de tests psychologiques pour l’évaluation d’un client constitue un moyen largement utilisé en vue d’établir une impression diagnostique détaillée ou pour formuler une recommandation ». Le psychologue scolaire va donc y avoir recours dans le but de cerner différents aspects du fonctionnement et du potentiel de l’enfant que ce soit aux plans intellectuel, affectif, ou encore adaptatif.
Les évaluations permettant de déterminer le quotient intellectuel constituent bien souvent l’un des tests d’entrée lors d’une évaluation en psychologie scolaire. Les échelles de Weschler restent généralement l’instrument privilégié pour obtenir des informations sur les performances verbales et cognitives de l’élève. En effet, 90% des psychologues scolaires en Amérique du Nord préfèrent les tests de Weschler à tous les autres K-ABC, Stanford-Binet, McCarthy, etc. (Chattin et Bracken, 1989). Parmi les informations obtenues servant à évaluer le quotient intellectuel, on pourra obtenir des informations sur le potentiel d’apprentissage, de la mémoire, de la structuration spatiale, du langage et des apprentissages de base.
Le psychologue scolaire utilisera des tests lui permettant de dépister les enfants ayant des difficultés à intégrer et à coordonner leurs perceptions visuelles et motrices avec des tests tels que le VMI; developmental test of visual-motor intégration. Il peut ainsi chercher à obtenir des informations concernant les habiletés de constructions visuo-spatiales de l’enfant et sa mémoire visuelle (ex : Figure complexe de André Rey (psychologue)).
Différentes batteries de tests permettent d’évaluer la santé mentale de l’enfant. Le Dominique, par exemple, dont l’objectif est de dépister et d’évaluer les problèmes de santé mentale est construit selon les critères du DSM III-R. Sa passation donne des informations sur l’éventuelle présence de phobie simple, angoisse de séparation, hyperanxiété, dépression majeure, hyperactivité et déficit de l’attention, trouble oppositionnel, troubles des conduites.
L’évaluation socio-affective permet au psychologue scolaire d’obtenir des informations sur les aspects d’adaptation et de maturité de l’enfant, de son bien-être à l’école, de ses relations avec ses pairs. Des aspects particuliers du profil émotionnel et affectif peuvent être abordés par des tests tels que l’Inventaire d’estime de soi de Piers Harris, l’Échelle d’anxiété Multidimensional anxiety scale, l’Échelle d’anxiété sociale: Social phobia and anxiety inventory for children
Certains tests permettent d’obtenir une idée sur les compétences sociales et adaptatives de l’enfant. (Vineland, Échelle Québécoise des Comportements Adaptatifs ). Un autre type d’évaluation des relations entre les élèves peut être fait par l’utilisation de sociogramme..
S’il le juge pertinent, le psychologue pourra poursuivre ses investigations sur les troubles des conduites et du comportement (Échelle des dimensions du Comportement EDC, Échelles d’Achenbach CBLC).
De nombreuses batteries de tests peuvent être utilisés dans le cadre de problématiques particulières telles que le dépistage de l’autisme (Autism Diagnostic Observation Schedule ADOS), les désordres alimentaires, la dépression, (Children Depression Inventory (CDI), échelles de Beck pour les enfants et adolescents).
Une attention particulière peut être également accordée aux productions scolaires de l’enfant. Par exemple, le psychologue scolaire pourra demander à l’enseignant les productions artistiques ou les évaluations scolaires d’un enfant au primaire pour contrôler ses apprentissages des aspects formels de ses apprentissages en français ou en mathématiques. Il pourra ainsi avoir une idée des stratégies que l’enfant utilise. En entrevue, il peut également collecter lui-même ces informations en demandant à l’enfant de lui faire un dessin, de répéter des mots, ou encore de passer un bref test de lecture.
Le portfolio scolaire est un outil pouvant être utilisé par le psychologue œuvrant dans les écoles lors du processus d’évaluation informelle des élèves. Le portfolio regroupe un ensemble de productions recueillies et organisées de façon systématique par les élèves et par les enseignants. Les productions sont sélectionnées afin de montrer les connaissances et le savoir-faire de l’enfant dans une ou plusieurs disciplines. Le but du portfolio est donc de faciliter le processus d’apprentissage de l’élève en lui permettant de développer une réflexion sur ses apprentissages et de voir sa progression durant une période définie. L’utilisation du portfolio permet à l’élève de participer activement à l’autoévaluation de ses compétences. Le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport (MELS) recense plusieurs types de portfolio pouvant être sur support numérique ou en format papier :
1) Le portfolio de type dossier d’apprentissage vise à suivre la progression de l’élève durant une période définie. Ce dossier principalement bâti par l’élève rassemble ses productions, des observations des enseignants et des professionnels du milieu scolaire ainsi que des autoévaluations.
2) Le portfolio de type dossier de présentation regroupe uniquement les meilleures productions de l’élève.
3) Le portfolio de type dossier d’évaluation sert à illustrer le niveau de développement des compétences de l’élève. L’élaboration de ce portfolio est principalement dirigée par l’enseignant.
Le portfolio peut être utilisé par le psychologue scolaire comme outil facilitant la communication avec l’élève. Le psychologue peut recueillir sa perception sur ses productions et cerner ses forces, ses motivations et ses intérêts. De plus, le portfolio permet de souligner les forces et les difficultés de l'élève, donne des renseignements sur ses méthodes de travail et sur ses stratégies d’apprentissage. Les informations recueillies à l’aide du portfolio peuvent donner des pistes d’interventions pouvant mener à l’élaboration du plan d’intervention individualisé.
Les observations directes permettent au psychologue scolaire de déterminer par lui-même quels sont les événements déclencheurs et renforçants des difficultés ou succès de l’enfant.
Il peut aussi bien se rendre en classe ou dans la cour de récréation pour observer les interactions spontanées entre l’enfant et ses pairs.
L’analyse fonctionnelle est une des trois étapes de l’analyse appliquée du comportement. Les trois étapes sont une analyse descriptive, une analyse fonctionnelle et l’application de la stratégie d’intervention. L’analyse fonctionnelle du comportement découle des travaux de Skinner sur le conditionnement opérant (Forget, 2006; Clément, 2006, Malcuit, Pomerleau et Maurice 1995). Elle désigne un ensemble de procédures d’observation et d’évaluation du comportement par l’identification des variables environnementales et contextuelles qui varient de façon proportionnelle à un ou des comportements cibles (Forget, 2006). Elle est nommée « fonctionnelle » parce que le comportement est défini en fonction des stimuli déclencheurs et obtenus (Forget, 2006). Elle a pour objectif de préciser ce qui précède le comportement (antécédents ou les stimuli discriminatifs SD) et ce qui le suit (conséquences ou SR) (Clément, 2006). Elle est donc réalisée à l’aide d’observations systématiques du comportement chez un individu. Pour ce faire, il est impératif d’identifier le comportement cible et de le définir le plus objectivement possible (Clément, 2006). L'observation systématique permet d’obtenir des informations détaillées sur les évènements survenant avant, pendant et après le comportement de la personne. L’analyse fonctionnelle implique la mise en relation du comportement sous observation, des règles qui le précèdent (stimuli discriminatifs) et des stimuli qui en sont la conséquence (Forget, 2006). Cette analyse doit mener à explication de la manifestation et le maintien du comportement. Par exemple, l’analyse fonctionnelle pourrait être utilisée afin de comparer le taux d’attention à la tâche d’un élève et le taux d’approbation sociale de la part d’un enseignant. Dans le cas où le taux d’attention de l’élève serait corrélé au taux d’approbation sociale de l’enseignant (l’attention varie en fonction de l’approbation), l’intervention à privilégier pour amener l’élève à augmenter son taux d’attention serait de sensibiliser l’enseignant à l’importance d’augmenter le taux d’approbation sociale envers cet enfant.