Théorème de la boule chevelue - Définition

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Énoncé

La sphère réelle de dimension n > 0 est la partie de \R^{n+1} des vecteurs de norme euclidienne 1, soit donc :

S_{n} = \{ (x_0, \dots, x_n) \in \mathbb{R}^{n+1}, x_0^2 + \cdots + x_n^2 = 1 \} .

On munit cet ensemble de la topologie induite par la distance euclidienne. Cet espace topologique est une sous-variété connexe et compacte de dimension n. Intuitivement, si v est un vecteur unitaire, donc un point de Sn, la sphère peut au voisinage de v être approchée par l'hyperplan affine de \R^{n+1} passant par v et orthogonal à v ; la dimension se réfère à la dimension de cet hyperplan, qui est un sous-espace affine. Un champ de vecteurs sur Sn peut se définir comme une application X:\;S_n\rightarrow \R^{n+1} telle que pour tout v dans Sn, X(v) soit orthogonal à v. Le champ est dit continu si l'application est continue.

Théorème de la boule chevelue — Si n est un entier pair au moins égal à 2, tout champ de vecteurs continu X sur la sphère réelle Sn s'annule en un point au moins : il existe v (dépendant de X) tel que : X(v) = 0.

En dimension impaire, il existe des champs de vecteurs continus et mieux encore, analytiques, qui ne s'annulent en aucun point. On construit un exemple en identifiant \R^{2n} avec \mathbb{C}^{n} , ce qui fait correspondre à chaque couple de composantes réelles (xk,xn + k) une composante complexe xk + ixn + k. Le vecteur iv est orthogonal au vecteur v pour le produit scalaire euclidien sur \R^{2n}  ; donc si v est unitaire, iv est tangent à la sphère, ce qui définit bien un champ de vecteur tangent à la sphère de dimension 2n − 1, et jamais nul.

Démonstrations en dimension quelconque

Une démonstration très analytique est due à John Milnor. Dans l'article où il expose la preuve qui va suivre, Milnor évoque la méthode d'Asimov, mais l'article d'Asimov fait appel à des notions beaucoup plus avancées que celles qui seront présentées ici, et ne donne par conséquent pas de lumières élémentaires sur la source de cette surprenante démonstration. Une version un peu différente de la démonstration est donnée par C. A. Rogers.

La démonstration de Milnor est une démonstration par l'absurde, reposant sur la construction d'une transformation particulière dépendant d'un paramètre réel t et du champ de vecteurs considéré.

Afin de pouvoir utiliser des outils d'analyse, il faut supposer que le champ de vecteurs tangents est continûment différentiable, et donc, à la fin du raisonnement, on se sert d'un processus d'approximation.

La transformation dépendant de t envoie une sphère de rayon r sur une sphère de rayon r\sqrt{1+t^2} . On calcule alors de deux manières différentes le volume de l'image d'une couronne solide par cette transformation. Par la formule du changement de variable dans les intégrales multiples, on obtient une expression polynomiale en t. Par un calcul direct en dimension impaire n + 1, on obtient une expression irrationnelle, puisqu'elle comprend une puissance impaire de \sqrt{1+t^2} , ce qui fournit la contradiction désirée.

D'autres démonstrations sont fondées sur des notions plus savantes de topologie algébrique. Une démonstration classique utilise la caractéristique d'Euler-Poincaré. C'est un nombre qu'on peut obtenir par des méthodes combinatoires pour des ensembles qu'il est possible d'approcher par triangulation. Il permet dans certains cas (théorème de Poincaré-Hopf) de compter le nombre de points d'annulation d'un champ de vecteurs sur une variété. Une autre démonstration provient des propriétés de l'homotopie : on peut prouver que sur une sphère de dimension paire, l'application antipodale x\mapsto -x n'est pas homotope à l'identité ; c'est le théorème de Borsuk-Ulam. Enfin, dans le cas de la sphère ordinaire, une démonstration peut se déduire du lemme de Sperner.

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