Université de Rennes - Définition

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Vie étudiante

Sous l'Ancien Régime

Une association des étudiants de droit a été constituée en 1756. Celle-ci avait pour but de garantir les privilèges obtenus par les étudiants le 3 juillet 1737 auprès du parlement de Bretagne, puis confirmés par le roi le 26 novembre de la même année. Ces privilèges comptent initialement 13 entrées gratuites par an à des spectacles tenus dans la ville, ainsi que la visite de toute nouvelle actrice débutante.

La constitution de l'association suit les rapports entre le parlement et le roi. Elle est ainsi suspendue de 1765 à 1767 lorsque le roi supprime le parlement puis de 1772 à 1775 lorsque les privilèges des étudiants sont jugés abusifs puis rendus par Louis XVI

L'association a compté dans ses rangs des étudiants comme Toullier, ou Moreau, futur général de la Révolution.

Sous la Troisième République

Plusieurs mouvements étudiants vont apparaitre pendant le XIXe siècle et suivre les révolutions du siècle, mais sans que les étudiants y participent en temps que corps constitué. Il faut attendre 1887 pour qu'une association étudiante, l'association générale des étudiants de Rennes (ou AGER, ou l'A), soit créée à Rennes avec pour but de rassembler les étudiants.

Celle-ci n'a qu'une portée limitée dans ses premières décennies d'existence, et la politisation causée par l'affaire Dreyfus a laissée divisée la population étudiante. Elle est membre de l'UNEF lors de la création de celle-ci en 1907. L'association est relancée en 1919 après une période de flottement depuis 1910. Un journal est lancé en 1920 et est imprimé dans les presses de L'Ouest-Éclair. Il sert à l'époque de référence pour les autres journaux étudiants français, et comptera dans ses rang Pierre-Jakez Hélias, futur auteur du Cheval D'orgueil. Un restaurant étudiant coopératif est lancé en 1927, soutenu financièrement par l'université à partir de 1935. Elle compte un millier de membres dans les années 1930.

« Avec mon ami, presque frère en ce temps là, Louis Le Solleuz, et quelques autres, nous étions en charge de l’A, organe des étudiants, premier journal du monde par ordre alphabétique. Nous y avons essayé nos plumes dans tous les genres, les plus prisés étant la satire, le pastiche et la parodie (...). Nos professeurs nous morigénaient paternellement pour ces divagations extra-universitaires sans prendre en compte que, pour les “ littéraires ” que nous étions, ces exercices étaient de profitables travaux pratiques. »

— Pierre-Jakez Hélias, Le quêteur de mémoire

Plusieurs groupes politisés sont aussi présents, dont le « groupe socialiste des étudiants rennais », l'« union républicaine », « Saint-Yves », la « fédération des étudiants bretons », l'« action française », mais la plupart vont rejoindre les corporations et « l'A » après la Première Guerre mondiale. L'apolitisme revendiqué par « l'A » ne l'empêche cependant pas de voter une grève le 3 mais 1933 pour protester contre le gel pour un an des recrutements dans la fonction publique. Le Bro gozh ma zadoù, l'hymne breton, est aussi connu, de même que La Paimpolaise, ou À Recouvrance, et ces airs sont chantés par des étudiants de cette association pendant des activités de celle-ci. Le climat politique plus sombre des années 1930 voit aussi des affrontements éclater entre des étudiants rennais et des camelots du roi ou des croix de feu du colonel de La Rocque.

Le bâtiment du 14 rue Saint-Yves

Une projet de maison des étudiants est lancé par le maire de Rennes, Jean Janvier, en 1911. Ce dernier promet dans un premier temps des espaces aux étudiants dans le 3e étage de l'aile ouest du palais du commerce, avant de se raviser suite aux destructions qui ont suivi l'incendie de ce bâtiment de juillet 1911. Les étudiants emménagent finalement dans la Halle-aux-Toiles de la rue Cahalais qui devient maison des étudiants en 1912. Des travaux de rénovations y sont entrepris dans ce local en 1922, et l'inauguration a lieu le 5 février 1922 en présence du maire. En 1926, la mairie fait l'acquisition d'un bâtiment au 14 rue Saint-Yves et le met alors à disposition gratuitement de l'AGER. Elle y aménage en décembre de la même année. Le bâtiment est cédé en 1936 à l'université sous garantie que celle-ci laisse la jouissance des locaux à l'association. Le bâtiment est réquisitionné en 1940 par l'occupant et les étudiants doivent abandonner les locaux.

Plusieurs évènements ont lieu pendant l'année, organisés par les étudiants. Le monôme est relancé après la 1 er Guerre Mondiale, rassemblant 600 étudiants pour sa première édition le 20 décembre 1919, et est organisé annuellement pendant les 2 décennies suivantes, toujours à la même époque en décembre. Certains de ces monômes sont cependant limités à des corporations précises, et se tiennent à d'autres dates. Des séances de bizutage ont aussi lieu à chaque rentrée universitaire. Le Mardi gras est aussi organisé par « l'A » à partir de 1906, et est ouvert à l'ensemble des habitants de Rennes. Cette festivité est relancée après-guerre en 1920. Au même moment, l'association des étudiants aide à la relance de la fête des fleurs, une fête organisée fin mai par les commerçants, mais arrêtée pendant la guerre.

Pendant les Trentes Glorieuses

Raymond Devos, parrain de la « faculté du folklore et des sciences hilares »

L'AGER est relancée par des étudiants dès 1944, et la plupart des activités d'avant guerre sont reconduites. Le défilé pour mardi-gras est ainsi relancé, avec en 1946 la participation du poète Ferdinand Lop, ou en 1947 celle de l'actrice Madeleine Sologne. L'AGER prend ses distances avec l'UNEF en lui reprochant son attitude collaborationniste avec le régime de Vichy, et en profitant pour réaffirmer son apolitisme. L'association refuse ainsi après-guerre de participer à plusieurs grèves nationales.

Les choses évoluent à partir des 1952-1953 avec la prise de pouvoir temporaire de l'AGER par « la mino », avec en novembre 1953 la participation pour la première fois à une participation à une grève aux cotés des enseignants, et en 1954 avec une prise de position officielle contre la guerre d'Indochine pendant la présidence de Michel Denis, futur président de l'université Rennes 2. À la même époque l'AGER doit faire face à « la Catho » qui compte un millier de membres en 1953, en parti dû à la baisse de ses activités folkloriques, le défilé du mardi-gras de 1953 étant annulé par le bureau « mino ».

Les crises politiques vont continuer à rythmer le paysage rennais. Le milieu étudiant rennais est peu concerné par la guerre d'Algérie entre 1956 et 1959 et l'AGER est à cette période de plus en plus coupé de sa base, mais la mise en place en aout 1959 de la conscription pour les étudiants change la donne. Les prises de position de l'UNEF sur la question de l'indépendance de l'Algérie provoque cependant des remous à Rennes, et en mars 1960, les étudiants centristes et catholiques rendent à l'AGER leurs cartes de l'UNEF. La baisse des effectifs du syndicalisme étudiant se confirme les années suivantes, avec un nombre d'adhérents qui passe de 4500 en 1961 à 1700 en 1964, explicable par des crises au sein de la JEC et de l'UEC. Le journal publie son dernier numéro en 1962. Une relance de l'AGER a lieu en décembre 1964 dans le cadre du mouvement de la « gauche universitaire », et l'AGER vend quelques 1500 cartes à ce moment, mais la situation de l'AGER se dégrade de nouveau dès 1965 et jusqu'en 1968 et associe une baisse constante de ses effectifs et une hostilité croissante du syndicalisme enseignant à son égard.

Au début des années 1960, des activités festives sont relancées par un nouvel évènement mis en place par le futur ministre Louis Le Pensec dans le cadre de la « faculté du folklore et des sciences hilares ». Cette association d'étudiants est fondée par la pose fictive d'une pierre de fondation sur l'actuel champ de mars. L'humoriste Raymond Devos contacté pour servir de parrain à cette faculté se déplace à Rennes pour authentifier son patronage. Ses membres sont limités à 41 et doivent défendre une thèse en rire en public, certaines étant publiées dans « l'A », encore actif à l'époque. Une course est mise en place entre Rennes et la ville voisine de Cesson-Sévigné, et en 1961 le recteur d'académie invite les étudiants à y participer plus massivement.

Étudiants étrangers

L'université dispense des cours de langue et de civilisation à destination des étudiants étrangers à la veille de la Première Guerre mondiale. Ils sont dispensés pendant les deux semestres à Rennes, pour un volume hebdomadaire de 13 heures, ou lors des vacances d'été en août et en septembre à Saint-Malo.

Après-guerre, plusieurs groupes d'étudiants étrangers sont remarquables par leurs nombres. Les Serbes sont 35 à suivre les cours dès 1918 mais rentrent à l'été 1919 en Yougoslavie. Les Américains sont une centaine à la même date. L'un deux, Laurence, est même l'un des vice-présidents de l'AGER en 1919.

Plusieurs groupes d'étudiants chinois sont aussi envoyés à la faculté de lettres par le gouvernement de République populaire de Chine à partir de 1964 afin d'apprendre le français. Le premier groupe compte 62 étudiants et quitte Rennes en janvier 1967. Rennes est à l'époque la première ville française à recevoir dans son université des étudiants de ce pays après la reprise des échanges entre les deux pays.

En 1962 le nombre d'étudiants étrangers est de 299, il passe à 469 en 1965, dont 250 pour la seule faculté de lettres.

Évolution démographique

Évolution démographique de la population universitaire

1789 1904 1917 1918 1919 1920 1921 1922 1923
140 1 236 605 890 903 1 123 1 190 1 271 1 219
1924 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1931 1932
1 210 1 275 1 513 1 826 1 863 2 035 2 078 2 053 2 082
1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939 1948 1949
2 229 2 027 2 052 2 051 2 179 2 299 3 132 5 638 5 982
1958 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968
9 950 8 767 9 702 10 943 13 121 14 548 17 155 18 826 21 705
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