Verglas massif de janvier 1998 dans le Nord-Est de l'Amérique du Nord - Définition

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Notoriété

L’un des épisodes de la série télévisée de docufiction britannique Chaos sur la planète, diffusée en 2006, a la Crise du verglas comme sujet : dans la Tempête de glace, les événements de 1998 sont relatés pour présenter le comportement de la population d'une large zone métropolitaine face à un tel phénomène.

Épilogue

Personnalités

Au Québec, la crise du verglas a eu une couverture médiatique de tous les instants et des conférences de presse ont été données quotidiennement par les représentants du gouvernement et des services publics. Deux personnes se sont vite distinguées comme porte-parole : le Premier ministre du Québec de l'époque, Lucien Bouchard, et le président d’Hydro-Québec, André Caillé.

M. Bouchard avait une certaine expérience de situations de crise, car il était en poste lors du Déluge du Saguenay en 1996 et sa popularité était grande depuis son accession au pouvoir après le référendum sur la souveraineté de 1995. Il venait décrire les mesures prises au plan de la sécurité civile. M. Caillé, de son côté, faisait le point à propos des pannes électriques, toujours vêtu d’un chandail à col roulé blanc qui est devenu le symbole du calme nécessaire durant la crise.

Normalement, le ministre des Richesses naturelles, dont dépend Hydro-Québec, et le directeur de la sécurité civile auraient dû s'assurer de cette communication. Cependant, des groupes de discussion ont démontré que messieurs Bouchard et Caillé, par leur autorité et leurs réponses claires, étaient de meilleurs porte-parole.

Commission d'enquête

La Commission scientifique et technique chargée d'analyser les événements relatifs à la tempête de verglas survenue du 5 au 9 janvier 1998 a été mise sur pied par le gouvernement du Québec dès le 28 janvier 1998. Elle avait pour mandat de :

  • documenter les conditions qui ont conduit à la crise du verglas ;
  • analyser l’état de préparation et les actions prises par les différents intervenants ;
  • faire des recommandations sur les critères de conception et de fiabilité des équipements de transport et de distribution d’électricité ;
  • analyser la gestion du rétablissement du service d’électricité et la réaction de la sécurité civile ;
  • finalement étudier la possibilité d’enfouissement de certaines lignes de transport électrique.

Présidée par l’ingénieur Roger Nicolet, la commission a reçu de nombreux mémoires et témoignages de différents intervenants dont les services météorologiques, Hydro-Québec, les assureurs, les associations forestières, les agriculteurs, etc. Le rapport de près de 400 pages, publié en avril 1999, faisait un grand nombre de recommandations. Du point de vue technique, il y est mentionné différents axes à suivre pour le renforcement du réseau électrique, le déglaçage des lignes et l'utilisation de glacimètres pour le suivi de la charge de glace sur les lignes. Pour ce qui est des mesures d'urgence, la commission a fait des recommandations pour une meilleure coordination des services de la sécurité civile.

Reconstruction

Le travail de remplacement des installations électriques a nécessité un effort sans précédent au Québec : refaire plusieurs lignes temporaires de transport à haute tension ; refaire le câblage résidentiel dans de larges secteurs ; enlever tous les débris et arbres cassés ; déglacer les infrastructures tels que les ponts. De nombreux travailleurs venant d'autres provinces et États américains sont venus prêter main-forte à Hydro-Québec.

Les lignes à haute tension ont été refaites de façon permanente dans les deux années suivantes avec des normes beaucoup plus sévères, en installant des pylônes plus résistants avec des points de largage des fils pour éviter les effondrements en cascade. Hydro-Québec a installé des mesures supplémentaires de déglaçage et des recherches sont toujours en cours sur des systèmes plus performants :

  • échauffement des fils conducteurs en répartissant différemment la charge selon les secteurs ce qui augmente localement la température du fil et fait fondre le verglas (utilisable pour les lignes de 120 à 315 kilovolts) ;
  • entourer le fil de transport par deux fils supplémentaires dans lesquels un courant de polarité inverse passe momentanément. Ceci génère des champs magnétiques opposés autour des fils qui se repoussent et brisent la glace accumulée ;
  • déglaçage mécanique par un chariot passant sur les fils de garde.

Le gouvernement a signé des décrets pour faciliter la construction de lignes à haute tension supplémentaires jugées nécessaires par la direction d'Hydro-Québec pour la redondance du réseau. Des contestations judiciaires ont été entreprises par les futurs riverains mécontents de certains tracés. Le 23 février 1999, la juge Jeannine M. Rousseau, de la Cour supérieure, déclara les décrets illégaux, ce qui a forcé le gouvernement à adopter une loi spéciale pour permettre la construction de ces lignes, notamment celle qui devait relier les postes Des Cantons et Hertel en Estrie vers celui de La Prairie en banlieue de Montréal. Cette loi assujettissait cependant le tout aux processus réguliers d'évaluation des impacts environnementaux. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a donc tenu des audiences publiques en 2000 et a conclu que « l’acceptabilité sociale demeure l’enjeu de ce projet. Il est clair que des efforts devraient être consentis pour trouver des solutions équitables qui répondent aux nouvelles valeurs qui animent le Québec ». La construction de la ligne sera finalement autorisée en juillet 2002 et sera terminée l'année suivante.

Le réseau résidentiel a également vu des améliorations pour prévenir l'accumulation de glace. L'émondage (enlèvement des branches) des arbres autour des fils électriques, cause de bien des pannes, a été intensifié. La pose des lignes domestiques dans un réseau souterrain, mesure assez difficile et coûteuse, est de plus en plus commune.

Le coût total des travaux pour Hydro-Québec était estimé en 2008 à plus de 2 milliards $CAN. Ce montant inclut les réparations sur 116 de ses lignes de transport électrique depuis les barrages avec 3 110 structures effondrées, dont 1 000 pylônes en acier, des milliers de transformateurs et 350 lignes de distribution locales sur lesquelles 16 000 poteaux en bois se sont effondrés. Ces coûts sont répartis sur deux périodes : la reconstruction de lignes temporaires pour ramener le courant le plus tôt possible après le verglas (40 projets coûtant 700 millions $CAN) suivie d’un plan de travaux de renforcement de l'ensemble du réseau avec ajout d'équipements de déglaçage et l'interconnexion avec les réseaux voisins jusqu'en 2011 (1,1 milliard $CAN) ; ceci est sans compter les coûts des réparations aux réseaux en Ontario, dans les Maritimes et aux États-Unis.

Recherche sur le déglaçage

D'autre part, le centre de recherche sur le givrage de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), l'un des plus importants dans ce domaine, travaille sur la production d’enduits nanostructurés capables de repousser la pluie verglaçante et la glace. L’équipe de recherche tente de reproduire des reliefs microscopiques similaires à ceux des ailes des papillons et des feuilles de lotus qui ressemblent à un tapis de clous et repoussent naturellement l’eau. Les premiers revêtements conçus n’ont pas permis d’éviter l’accumulation de pluie verglaçante et de glace bien que l'eau y perlait. En 2009, après cinq années de recherche, ils ont réussi à créer un écran de protection antigivre qui peut être non seulement utilisé pour protéger les lignes de transports électriques mais également pour toute structure et véhicule soumis à ces conditions (auto, avion, pont, etc.).

Dédommagements

Assurances

Le Bureau d'assurance du Canada (BAC) a dénombré 792 514 réclamations de dommages aux maisons, autos et autres propriétés pour un total d'environ de 1,6 milliard $CAN (2009). Il s'agit du règlement d'indemnités le plus coûteux jamais versé pour un événement par les assureurs du Canada selon le BAC. En général, les réclamations pour dommages physiques ont été réglées rapidement. Cependant, en novembre 2005, la Cour supérieure du Québec a autorisé un recours collectif contre les assureurs qui avaient refusé les réclamations de plusieurs milliers de personnes pour des montants demandés à titre de frais de subsistance déboursés pendant la crise.

Selon l’organisme Option consommateurs, la plupart des polices d'assurance habitation contiennent une garantie de « frais additionnels de subsistance dans les cas où leur résidence devient inhabitable », mais les sociétés visées ont déclaré que la clause s'appliquait seulement si les autorités civiles ordonnaient l’évacuation obligatoire. Elles avaient refusé de reconnaître l’appel lancé le 13 janvier par le Premier ministre du Québec aux citoyens qui n'avaient pas de chauffage d'appoint de quitter leur résidence pour des raisons de sécurité comme un tel ordre. Option consommateurs, qui commencé les démarches pour le recours en 2001, espère que la cause sera entendue en cour en 2010. Si les assurés remportent leur bataille, cela pourrait coûter plus de 1 milliard $CAN aux compagnies.

Mésentente fédérale-provinciale

Le gouvernement du Québec a demandé 435 millions $CAN d’aide à celui d'Ottawa pour défrayer une partie des coûts encourus par Hydro-Québec lors de la crise du verglas. En effet, le gouvernement fédéral a une responsabilité dans le cas de désastres naturels et a déjà compensé par exemple la Colombie-Britannique à la suite de feux de forêt en 2003 et le Manitoba lors du débordement de la Rivière Rouge en 1997. De plus, deux sociétés provinciales d'électricité ont été compensées en 1984 pour des dégâts causés par le verglas.

Ottawa répliqua que des changements apportés à la loi après ces événements soustrayaient les sociétés comme Hydro-Québec des compensations. Ce contentieux Québec-Canada était toujours présent en avril 2009. La ministre des finances du Québec, Monique Jérôme-Forget, déclarait alors qu’aucun accord n'était intervenu dans ce dossier comme dans plusieurs autres cas de réclamations à Ottawa.

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