Abbaye Saint-Magloire de Léhon - Définition

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Introduction

Prieuré Royal Saint Magloire
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
48° 25′ 28″ Nord
       2° 04′ 21″ Ouest
/ 48.4243866, -2.0725857
 
Pays France
Région Bretagne
Département Côtes-d'Armor
Ville Léhon
Culte catholique romain
Type Abbaye puis prieuré royal
Rattaché à Congrégation de Saint-Maur en 1628
Fin des travaux XVIIe siècle
Style(s) dominant(s) gothique
Protection classement monument historiqueen 1875

L'abbaye Saint-Magloire est située à Léhon, dans les Côtes-d'Armor. Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1875.

Historique

L'abbaye Saint-Magloire de Léhon, dédiée à Saint Magloire, est un ancien monastère de moines bénédictins dont la fondation remonterait au IXe siècle et serait due à Nominoë. Dans les "Miracles de Saint Magloire" publié par Duchesne en 1641 et Mabillon en 1706 nous apprenons que Saint Sulin, Sulian ou Suliau dit aujourd'hui Saint-Suliac, était disciple de Saint-Samson, évêque de Dol de Bretagne, tout comme le cousin de celui-ci : Saint-Magloire. Suliac avait un domaine dans l'Île de Serk sur laquelle Saint Magloire avait construit un monastère. Saint Magloire de son côté avait une propriété sur le continent à proximité du Monastère de Saint Suliac. Ces deux Saints firent un échange de terrains, avec une condition fixée par Magloire, stipulant que: si après sa mort son corps était transporté sur le continent, chacun reprendrait son bien. C'est ainsi que le Monastère de Léhon revint aux moines de la communauté de Saint-Magloire. Dans ce texte il est dit que les reliques du Saint homme furent déplacées de Serk à Léhon sous le règne de Nominoë, roi de Bretagne mort en 851. De cette période, ne subsiste aucun vestige, le premier monastère ayant été construit en bois, dans le creux d'un vallon, avec au nord-ouest et au sud les collines de Lanvallay et la Rance reprenant vers le nord et sous la protection du château à l'est du côté de l'entrée du village.

Vers 910 les Vikings font leur apparition, les moines fuient à Paris emportant les reliques de Saint Magloire et fondent une nouvelle abbaye Saint-Magloire dans la capitale et qui deviendra la maison mère après le retour de moines à Léhon. L'abbaye est pillée et détruite. De retour vers 1008 les moines vont reconstruire l'abbaye, ils dépendent désormais de la maison mère de Paris et le monastère prend le titre de prieuré royal à son rattachement à Marmoutier. Des bâtiments de cette époque rien ne subsiste.

La légende

" Dit que 6 moines venus du Pays de Galles, s'installèrent sur les bords de la Rance, priant Dieu qu'un seigneur leur donne des terres pour pouvoir édifier un monastère. Nominoë venant à chasser dans les parages et dit aux moines qu'il consentait à leur donner les terres si ces derniers trouvent les reliques d'un Saint Breton. L'un deux Condan eut l'idée de dérober les reliques de Saint-Magloire enterré sur l'Île de Sercq. Ils volèrent la dépouille du Saint homme à la faveur de la nuit, avec la complicité du Ciel qui permit l'ouverture de la dalle recouvrant le tombeau. Sur le chemin du retour, fatigués ils s'arrêtent sous un pommier stérile à Pleudihen-sur-Rance. Saint-Magloire fit son premier miracle; au petit matin l'arbre donnait de beaux fruits rouges qu'avait bénit Saint-Magloire. Nominoë donna les terres et de l'argent et vint se recueillir sur les reliques du Saint ".

L'abbaye fut reconstruite au cours de la fin du XIIe et au XIIIe siècle, par Pierre Mauclerc.

L'abbaye dépendait du Diocèse de Saint-Malo et la paroisse était du ressort et de la subdélégation de Dinan. Les différentes appellations relevées sont : " leonensis " en 870 dans le Cartulaire de Redon, " monachus Lehonensis " en 895 -924, " Leun " en 1079, " Lehum " en 1148, " Beatæ Mariæ de Lehon " en 1182, " lehonensis " au XIIe siècle," Lehun " en 1184 et " Lehun apud Lehon " en 1204, " Lehon " en 1223 et 1230, " apud Lehonum " en 1229, " Lehonio " en 1260, 1281, " Prior de Lehonio " en 1330.


En 1168, Henri II, roi d'Angleterre assiège le château, brûle le 25 juin 1168 le cimetière, mais épargne l'église et le prieuré, qui sera rasé en 1169 et reconstruit en 1170. En 1181, l'Abbaye se place sous la tutelle de l'Abbaye de Marmoutier (Tours) les titres sont conservés aux AD des Côtes-d'Armor. En1182, Albert, évêque de Saint-Malo, confirme les moines dans la possession de la Chapelle de la Mare " capella de Mara " . Les moines vendent leur droit de marché aux seigneurs de Dinan-Bécherel sans l'autorisation de l'Évêque de Saint-Malo ; Pierre Giraud (1184-1218) qui immédiatement leur fait un procès: 1187.

Alain de Dinan, autorise les moines à prélever du bois dans sa forêt de Dinan, ce qui sera confirmé en 1209, par Juhel de Mayenne, époux de Gervaise de Dinan. L'abbaye augmente considérablement ses revenus au cours du XIIe et du XIIe siècle, avec des possessions dans les diocèses de Saint-Malo, Dol, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol, Avranches et même en Angleterre. L'abbaye possède le droit de justice qu'elle ne se prive pas d'exercer. Devenu veuf, Henri II d'Avaugour, se fait moine à l'abbaye de Léhon, en 1278 lui faisant de nombreuses donations, parmi lesquelles : " L'Île de la Comtesse" sur la commune de Saint-Quay-Portrieux, ce qui ne l'empêche pas de gérer le Goëlo, il décédera le 6 octobre 1281 et sera inhumé à la chapelle des Cordeliers de Dinan.

Les premiers titres généraux qui nous sont parvenus datent de 1330-1369 (AD,H419). Le duc de Lancastre qui commande les troupes anglaises, assiège le château de Léhon et la ville de Dinan en 1359. De 1404-1408 registre de transcription de contrats et de rentier concernant la paroisse de Plouër, ce dernier ne comporte pas de date. En 1495 la Cour de Rennes rend un jugement en faveur des habitants de la paroisse de Léhon contre les prétentions du capitaine du château qui voulait les assujettir aux servitudes de guet.

En 1550, il est procédé à une réforme de l'Abbaye (AD, H418). Les comptes du prieuré sont consignés pour la période de 1599 à 1600, (AD. Fonds des Prieurés H418). En août 1603, six religieux de Marmoutiers protestent contre le relâchement de la règle de Saint-Benoît. Quatre de ceux ci obtiennent la permission de leur supérieur de s'installer à Léhon que les anciens moines sont priés de quitter. En 1604 ils prennent possession des lieux et le Père Noël Mars, vient les rejoindre. Les Statuts de la Société de Bretagne sont homologués en 1605 et la réforme fait son chemin dans les monastères bretons. De 1621} à 1720 sont dressés et conservés les fermes des différentes parcelles, du pressoir du prieuré, des dîmes du blé, du lin, du chanvre, et des pois, (AD:H418). Une série d'actes concernant les fermes du four banal et son déplacement en raison des risques d'incendie qu'il fait courir et des nuisances qu'il provoque et de sa réfection (1627-1786), Arch dépt H418. En 1628, l'abbaye est rattachée à la Congrégation de Saint-Maur


Le château de Léhon est vendu aux moines de l'abbaye en 1642, moyennant une redevance annuelle et seigneuriale de 10 livres tournois :

" de ce qu'il pouvait y avoir de terres vagues et incultes au dedans et au dehors du vieil chastel de Léhon, contenant trois journaux seize cordes, à charge de conserver les murs et de ne pouvoir démolir les tours ". Le roi Louis XIII, donne en 1644 à Charles Bruslart son conseiller ordinaire et seigneur de Léhon les ruines du vieux château: " consistant en huit tours sur l'enceinte, le donjon étant au milieu d'icelui... " . Ce dernier fait acte de donation des ruines du château au prieur et aux religieux du prieuré de Léhon par acte notarié au Chastenet de Paris la même année1644: " Par devant les notaires gardenottes du roi nostre sire en son chastenet de Paris soussignez fut présent messire Charles Bruslart, conseiller ordinaire du Roy en ses conseils, seigneur de Léhon, demeurant à Paris en son hostel seiz rue Dauphine, parroisse de Saint André des Artz, lequel volontairement a recogneu et confessé avoir donné et transporté aux prieur et religieux du prieuré de Léhon ce acceptant pour eux par Mre Charles Bruslart, abbé de l'abbaye de Lehon, conseiller et aumônier ordinaire du Roy, demeurant à Paris à Saint-Germain des Prez, rue du Colombier, pour ce présent , touttes et chacunes les démolitions qui proviendront du vieil chasteau de Léhon consistant en huit tours etc...desquelles démolitions don a esté faict par sa Majesté audit sieur de Léhon par brevet du 24 juillet dernier passé , signé Louis et plus bas Loménie et lettres patentes données à Paris au mois de décembre 1643 etc...Cette présente donation faicte à la charge de par lesdits prieur et religieux dudit prieuré de Léhon employer les matériaux de ladite démolition aux réparations nécessaires et plus utilles qui sont à faire au bastiment dudict prieuré...Faict et passé à Paris en l'hostel dudit seigneur de Léhon l'an 1644 le 14e jour de janvier et ont signé la minute des présentes avec les notaires " . (suit le visa de la Chambre des Comptes ordonnant l'enregistrement 2 juin 1654 Livre des Mandements XXIX F°203, Archives de la Loire-Inférieure) Un partie des matériaux serviront à la réfection de l'abbaye. De 1654 à 1770 sont dressés une série d'actes et procès verbaux sur l'état des moulins du prieuré, prisages et estimations des tournants et ustancils , notes et éléments de procédure et marché pour la réfection de la chaussée de Broussac, convocations aux corvées de curage des biefs et aux charrois de plastre, moulage nécessaire pour la confection des meules, conservés aux AD des Côtes-d'Armor cote H418. En 1673 aveux( conservés aux AD cote:H418)


Louis XV, donne l'ordre de supprimer la mense prieurale en 1720. De 1703 à 1738 sont dressés : le rentier du prieuré, que précède un catalogue des paroisses dans lesquelles s'étendent ses revenus, d'une liste de resteurs ou vicaires auxquels on paye la portion congrue, d'un état des charges ordinaires du prieur, d'une table alphabétique de tous les biens et revenus du prieuré. Deux plans non datés (XVIIIe siècle " de la rivière de Rance qui passe sous le pont de Léhon... pour faire moudre (les) moulins " du prieuré. (AD H418)


Le prieuré est supprimé en 1767 et les 6 religieux restants doivent quitter les lieux. de 1772 à 1773, procès verbaux des réparations à effectuer au prieuré ainsi qu'à ses dépendances : chapelles, clôtures, biefs, colombier. Vendu en 1792 à la Révolution, comme bien national à un particulier du nom de Joseph Bullourde qui va habiter le monastère pendant trente ans, avant de le revendre à une famille anglaise. Il sera ensuite transformé en brasserie, puis manufacture de toiles à voiles et filature en 1854, elle fermera ses portes en 1886. Le 2 juin 1885 est bénie la première pierre des travaux de restauration de l'abbaye de Léhon. L'ancienne hôtellerie est transformée en salle de classe pour les jeunes filles jusqu'en 1959. Les héritiers de la famille de Joseph Bullourde acceptent d'offrir l'édifice à la mairie de Léhon qui fait restaurer l'ancienne abbatiale pour en faire la nouvelle église paroissiale de Léhon. Les bâtiments conventuels ne seront restaurés qu'à partir de 1956. Les Monuments Historiques interviendront sur les bâtiments entre 1987 et 1991

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