Architecture de la Suisse - Définition

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XIXe siècle

Construction de la grande halle de la gare centrale de Zurich en 1870

Au XIXe siècle, la révolution industrielle et technique de l'économie et des transports transforma les villes et le mode de vie : les enceintes autour de villes sont abattues à Berne en 1800, Zurich en 1833, à Genève en 1850, à Bâle en 1860 afin de faire face à l'exode de la population des campagnes vers les agglomérations naissantes et les nouveaux besoins de la société : ateliers, écoles, hôtellerie, moyens de transports municipaux. Le nouvel État fédéral (les barrières douanières cantonales tombent en 1848) créé de nouveaux défis aux métiers de la construction comme les bâtiments publics, la poste, le télégraphe, le chemin de fer, les routes de montagne et les ponts.

À la fin du XIXe siècle, la population de Bâle, Genève et Zurich dépassent les 100 000 habitants, ce sont désormais de grandes villes qui voient leur agglomération croître rapidement, les quartiers d'habitations et les industries s'éloignent du centre historique. Les transports urbains deviennent nécessaires, c'est le début du tramway. Sur l'emplacement des anciennes fortifications naissent des quartiers avec un nouvel urbanisme, des boulevards et des immeubles de grande dimension à l'exemple des grandes villes européennes (Paris, Berlin ou Vienne). Par exemple, la Bahnhofstrasse de Zurich ou la Ceinture fazyste de Genève. L'urbanisme est planifié au niveau des villes mais aussi au niveau du territoire : Genève aura son plan d'extension en 1854 mais la première grande ville planifiée en 1834 est La Chaux-de-Fond qui, suite à un incendie qui détruisit entièrement la ville en 1794, sera reconstruite selon une nouvelle structure urbaine.

Révolution industrielle et technique

Viaduc de Mühlebach en 1891 sur la ligne Brig-Visp-Zermatt

Les ingénieurs sont une nouvelle élite. Guillaume-Henri Dufour, formé à l'École polytechnique de Paris sera le premier ingénieur cantonal de Suisse, à Genève, chargé de l'aménagement urbain, de transport, de l'approvisionnement en énergies et services (eau, éclairage au gaz) et des ponts. Il réalise en 1823 à Genève le premier pont suspendu à l'aide de câbles d'acier, le pont de Saint-Antoine. À Fribourg, le Français Joseph Chaley réalise le plus long pont suspendu de l'époque avec 273 mètres de longueur.

Dès 1835 paraît une revue d'architecture, la Zeitschrift für gesamte Bauwesen éditée par une association d'ingénieurs et architectes, la Verein Schweizer und Deutscher Ingenieure und Architekten (Association des ingénieurs et architectes suisses et allemands) qui publie des articles avant-gardistes (toit-plat, béton, non-armé à l'époque et préfabrication). En 1837 est fondée la Gesellschaft schweizerischer Ingenieure und Architekten qui deviendra la Société suisse des ingénieurs et architectes (SIA) éditrice des normes SIA.

La question d'une haute école d'architecture en Suisse se pose dès 1798. En 1833, une chaire de mathématique appliquée et d'architecture est affiliée à l'université de Zurich. Sous l'impulsion de Alfred Escher, la première école fédérale qui comprenait une section pour les architectes et une pour les ingénieurs, le Polytechnicum de Zurich est inauguré en 1855 et formera, notamment, les ingénieurs pour la construction du chemin de fer, des routes et ponts tel que la construction des chemins de fer rhétiques entre 1886 et 1914.

Foreuse à air comprimé pour le percement des tunnels

La construction des chemin de fers en Suisse occupe de nombreux ingénieurs suisses et étrangers (Alois von Negrelli et Jean Gaspard Dollfuss par exemple) pour la construction des ponts et tunnels rendus nécessaire par la géographie de la Suisse. L'ingénieur genevois Jean-Daniel Colladon invente des machines à air comprimé pour le creusement des longs tunnels : les tunnels du Gothard, 15 km, (1872 - 1881) et du Simplon, 19,803 km, (1898 - 1905).

L'École spéciale de Lausanne, école privée, voit le jour en 1853. Elle devient, en 1946, la deuxième haute école fédérale, l'École polytechnique fédérale de Lausanne.

Karl Culmann donne les premiers cours de statique graphique (appliqué au fer) au Polytechnicum de Zurich et on lui doit également la fondation en 1880 du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA). Maurice Koechlin, élève de Culmann, participera comme concepteur et principal collaborateur de Gustave Eiffel à la construction de la tour Eiffel à Paris. De nombreux ponts métalliques sont réalisés par l'ingénieur cantonal vaudois Louis Gonin et Beat Gubser réalisera le pont de Schwartzwasser.

Gottfried Semper est le premier professeur d'architecture au Polytechnicum de Zurich entre 1855 et 1871. L'école a une réputation internationale de haut niveau et de nombreux étrangers s'y inscrivent. Le secteur du bâtiment public est marqué par son style néoclassique qui contribua à la création du style national.

Néoclassicisme et historicisme

Palais Eynard (1817 – 1821) à Genève

À partir de 1800, la construction de bâtiments publics tel que écoles, hôpitaux, musées, postes, bâtiments cantonaux et bâtiments fédéraux est souvent confiée aux architectes « académiques » ayant suivi les écoles réputées d'Europe. Les architectes académiques suisses vont se former à l'École des Beaux-Arts de Paris, pour les francophones (par exemple Samuel Vaucher), et à l'Académie de Friedrich Weinbrenner de Karlsruhe pour les germanophones (par exemple Melchior Berri) mais aussi à Munich, Berlin, et Milan. Ils voyagent en Italie et Grèce pour s'inspirer de l'Antiquité, leur architecture est sobre, bien proportionnée et comporte peu d'éléments décoratifs. Ils construisent, par exemple, de grandes villas classicistes.

Quelques architectes représentatifs : Melchior Berri (1801 – 1854), Felix Wilhelm Kubly (1802 – 1872), Johann Christoph Kunkler (1813 – 1898), Ferdinand Stalder (1813 – 1870), Samuel Vaucher (1798 - 1877), Gustav Albert Wegmann (1812 – 1858) et Leonhard Zeugheer (1812 – 1866).

Hôtel de Ville de Winterthour (1864 - 1870) par Gottfried Semper

Quelques bâtiments représentatifs : le palais Eynard (1817 – 1821) à Genève, le musée Rath (1824 – 1826) à Genève par Samuel Vaucher, la Corraterie (1827 – 1828) à Genève par Samuel Vaucher et Guillaume Henri Dufour, le siège du Grand conseil à Aarau (1826 – 1828) par Franz Heinrich Hemman, l'Arsenal (1838 – 1841) et l'école cantonale de Saint-Gall (1851 – 1856) par Felix Wilheim Kubly, Le centre communal de Glaris (1837 – 1839) par Carl Ferdinand von Ehrenberg, l'École cantonale de Zurich (1839 – 1842) par Gustav Albert Wegmann, le siège du Parlement cantonal de Lucerne (1841 – 1843) et le musée de l'Augustinergasse (1845 – 1849) à Bâle par Melchior Berri, le palais fédéral aile ouest (1852 – 1857), à Berne par Friedrich Studer.

Bâtiment du Crédit Suisse (1873 – 1876), Paradeplatz, Zurich par Jakob Friedrich Wanner

À partir de 1855, Gottfried Semper, avec le Polytechnicum de Zurich, contribua à la diffusion en Suisse de l'historicisme qui devint un style national, aussi appelé « style républicain » avec la construction, notamment, des bâtiments officiels ou fédéraux choisis pour certains sur concours d'architecture. Les grands hôtels, les théâtres et les salles de concert, avec des formes issues de la renaissance tardive et du baroque, seront d'un historicisme d'inspiration française ou diverses : Néorenaissance pour le bâtiment de l'École polytechnique de Zurich, néogothique pour le Musée national suisse ou néobaroque pour la gare centrale de Zurich.

Quelques architectes représentatifs : Hans Wilhelm Auer (1847 – 1906), John et Marc Camoletti (1848 – 1894 / 1857 - 1940), Édouard Davinet (1839 – 1922), Theodor Gohl (1844 – 1910), Gustav Gull (1858 – 1942), Benjamin Recordon (1845 – 1938), Gottfried Semper (1803 – 1879), Jakob Friedrich Wanner (1830 – 1903).

Quelques bâtiments représentatifs : le bâtiment principal de l'école polytechnique fédérale de Zurich (1858–1864) et l'hôtel de ville de Winterthour (1864 – 1870) par Gottfried Semper, la gare centrale de Zurich (1865 – 1871) et le bâtiment du Crédit suisse (1873 – 1876) sur la Paradeplatz à Zurich par Jakob Friedrich Wanner, le Grand Hôtel Schreiber (1874 – 1875) sur le Rigi Kulm par Édouard Davinet, l'ancien Tribunal fédéral (1882 – 1886) à Lausanne par Benjamin Recordon, la poste principale de Genève (1890 – 1892) par John et Marc Camoletti, le musée national suisse (1892 – 1898) par Gustav Gull, le palais fédéral (1894 – 1902) par Hans Wilhelm Auer.

Jugendstil

La Maison des Paons à Genève, par Eugène Cavalli et Ami Golay (1902 – 1903)

L'Art Nouveau (Jugendstil en allemand), mouvement artistique international d'avant-garde qui s'est développé entre 1880 et 1914 dans toutes les grandes villes d'Europe en réaction aux écoles académiques, existe en Suisse avec le style sapin de La Chaux-de-Fond. C'est une ville horlogère et l'Art Nouveau a été amené par les représentants de commerce et patrons horlogers. Le style sapin, qui prend naissance à l’École d’art de La Chaux-de-Fonds sous l’impulsion de Charles L'Eplattenier, est propre à la région des montagnes neuchâteloises, inspiré de la faune et de la flore jurassiennes, susceptible de s’adapter à l’industrie horlogère, à l’architecture et aux objets quotidiens. Charles-Édouard Jeanneret (Le Corbusier) fit ses premières études dans cette école (initiation à la nature) et apporta sa contribution à la villa Fallet en 1906.

On trouve dans quelques autres villes et surtout à Genève des exemples d'immeubles Art Nouveau : le no 2 de la rue Pictet-de-Rochemont (1906) par Édouard Chevallaz, le no 7 de la rue Pictet-de-Rochemont (Maison des Paons, 1902 – 1903) par Eugène Cavalli et Ami Golay et le no 8 de la rue Pictet-de-Rochemont (Maison des Pans).

Le mouvement Art Nouveau suscite la création du Heimatschutz dont l'action vise à préserver les caractères pittoresques du patrimoine architectural, urbain et paysager.

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