L’architecture baroque apparaît au début du XVIIe siècle en Italie. Elle utilise le vocabulaire esthétique de l'architecture Renaissance d'une façon plus théâtrale, caractérisée par l'opulence, avec les progrès techniques et les avancées en statique, les nefs s'élargissent, voir adoptent des formes rondes.
Comme pour la Renaissance, les architectes tessinois et des vallées italophones des Grisons ont propagé le baroque en Europe.
Nombre de ces architectes ont travaillé en Italie : Domenico Fontana (1543 – 1607) est originaire de Melide, il a œuvré à Rome pour le compte du pape Sixte V dressant des obélisques comme celui qu'on voit actuellement sur la place Saint-Pierre de Rome. Protagoniste du maniérisme il réalise les plans de la Via Sixtina et construit le palais du Latran, le palais du Quirinal et la bibliothèque du Vatican, ensuite, à Naples, la fontaine Médina. Carlo Maderno (1556 - 1629), de Capolago et neveu de Domenico Fontana, termine la nef principale et réalise la façade de la basilique Saint-Pierre de Rome. À Francesco Borromini (1599 – 1667) de Bissone, on doit l'archibasilique Saint-Jean-de-Latran et l'église Saint-Charles-des-Quatre-Fontaines.
Après la guerre de Trente Ans, Baldassare Longhena, de Maroggia œuvre à Venise tandis que Angelini, Viscardi et des architectes de Roveredo (Albertalli, Barbieri, Bonalini, Gabrieli, Riva, Serro et Zuccalli) travaillent au sud de l'Allemagne. Quant à Domenico Trezzini il est chargé de l'urbanisme de Saint-Pétersbourg en Russie.
Ces architectes grisons construiront chez eux des églises à pilastres (Madonna del Ponte Chiuso à Roveredo et de Sainte-Dominique dans le val Calanca 1664-1672).
Parmi les nombreuses constructions baroques au Tessin, l'église Sainte-Croix à Riva San Vitale (1588 - 1592) peut être considérée comme la première représentante en Suisse.
Dans le prolongement de la Renaissance, les galeries couvertes se multiplient (à Locarno Morcote et Lugano par exemple). Les ornements en stuc sont rapportés sur les façades comme pour la maison Borrani (1621) à Ascona et la maison Rusca-Orelli de Locarno œuvres de Giovanni Batista Serodine.
En Suisse alémanique, le baroque apparaît à partir de 1650, influencé par le sud de l'Allemagne, puis par la France dès 1700. Les jésuites et capucins ont joué un rôle déterminant dans la diffusion des principes architecturaux baroques avec la construction d'églises dont les clochers à bulbe sont une des caractéristiques : l'église des Jésuites de Lucerne, l'église des Jésuites de Soleure, les couvents de Pfäfers, de Disentis, de Rheinau, de Bellelay, de Saint-Urbain, d'Einsiedeln et de Saint-Gall pour la plupart construits entre 1680 et 1780 par des architectes du Vorarlberg, dont Caspar Moosbrugger.
De nouvelles places sont aménagées suite à divers incendies, par exemple à Schwytz en 1642, à Stans en 1713, la place du Dom d'Arlesheim (1680) et la vaste place devant le couvent d'Einsiedeln (1745) avec son escalier central, ses arcades et sa fontaine.
L'architecture baroque profane comprend des hôtels de ville, comme à Zurich (1692 – 1700), Bischofszell (1747 – 1750) et Zofingue (1792 – 1795 par exemple, des hôpitaux, des orphelinats, des maisons de sociétés de tir, des postes de garde, des maisons de campagne et des demeures citadines.
Les maisons particulières sont richement décorées, avec des encorbellements à un ou plusieurs étages. À Schaffhouse, les façades de pierre sont ornées en reliefs et décorées de sculptures, comme par exemple le Herrenstube et le Frontwagenturm (1747 – 1748). À Saint-Gall, on trouve de nombreux oriels richement décorés en bois comme les maisons Greifen (1680), Schwannen (1690) etPelikan (1707). À Zurich on peut citer les deux maisons des corporations construites en pierres de taille et d'un aspect sévère : Zimmerleuten (1708) et Saffran (1719 – 1723).
L'ouest du pays est plus influencé par l'architecture baroque française avec toits à la Mansart. Les maisons sont en retrait des voies publiques, des ailes forment une cour d'honneur séparée de la rue par un mur ou une grille. Au cours de la dernière période baroque, on trouve des exemples de style rococo.
En vieille ville de Berne on construit des galeries couvertes, comme à la Kramgasse. Le Kornhaus (1711 – 1718) de Berne et la Münsterplatz de Bâle sont à mentionner.
Les villes de Genève, Berne, Soleure et Zurich se dotent de nouvelles fortifications capable de résister aux artilleries modernes. Les bastions du XVIe siècle sont remplacés par des ouvrages en pierres de taille enrobés de terre. Il subsiste à Soleure les restes de la ceinture de fortification baroque, construite durant 50 ans à partir de 1667 et inspirée des théories de Vauban.
Des gravures de Matthäus Merian l'Ancien, la Topographie Helvetiae parue en 1644 à Francfort puis l'Helvetische Topographie de David Herrliberger représentent les villes à cette époque.
Le baroque français s'impose en Suisse romande vers la fin du XVIIe siècle. Genève connaît une période de prospérité industrielle et possède de nombreux bâtiments réalisés par des architectes venus de France. Par manque de place, on construit en hauteur comme la maison Bonnet de la rue du Marché construite entre 1690 et 1698, qui comporte une façade à ressaut central et des pilastres. Des maisons avec cour d'honneur sont construites à partir de 1700 avec de belles pierres de taille. Joseph Abeille réalise le palais de Jean-Antoine Lullin (de Saussure) en 1707 – 1712. Jean Venne réalise l'immeuble abritant aujourd'hui le Palais de justice. Jean-François Blondel élabore les plans de la maison Mallet (1721) près de la cathédrale et la villa Ami Lullin à Genthod (1723 – 1730). Les hôtels particuliers de la rue des Granges (les no 2, 4, 6 et 8) sont remarquables, avec les immeubles des trois frères Boissiers (1720). Il y a également les résidences des parcs de La Grange et des Eaux-Vives.
À Crans (canton de Vaud) le château (1764 - 1768) réalisé par l'architecte genevois J.-L. Bovet selon les plans des architectes français Jaillet et Racle est à mentionner.
À Lausanne, on trouve peu de réalisations baroques : on peut tout de même mentionner l'hôtel de ville (1672 – 1675) par Abraham de Crousaz et l'ancien hôpital (1766 – 1771) par R. de Crousaz.
L'hôtel du Peyrou avec ses jardins, construit entre 1765 et 1768 par le Bernois Erasmus Ritter, est l'une des plus représentatives parmi les nombreuses maisons de cette époque que l'on peut voir à Neuchâtel.
Fribourg et le Valais sont plutôt influencés par le style allemand, comme la maison de ville (1730) et la chancellerie (1737) de Hans Fasel architecte de la ville de Fribourg et, à Sion, l'hôtel de ville (1660) et l'hôpital (1768). À Loèche, on peut citer la maison du baron de Werra qui comporte une cour d'honneur.