Basilique Saint-Eutrope de Saintes - Définition

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Introduction

Basilique Saint-Eutrope de Saintes
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
45° 44′ 36″ Nord
       0° 38′ 29″ Ouest
/ 45.7434, -0.6414
 
Pays France France
Région Poitou-Charentes
Département Charente-Maritime
Ville Saintes
Culte catholique romain
Type Basilique mineure
Début de la construction 1081
Fin des travaux XVe siècle
Style(s) dominant(s) Roman, Gothique flamboyant
Classé(e) patrimoine mondial de l'humanité 1999
classée Monument historique depuis 1840

La basilique Saint-Eutrope est l'un des principaux sanctuaires catholiques de la ville de Saintes, dans le département de la Charente-Maritime et l'ancienne province de la Saintonge.

La fondation de l'édifice actuel intervint en 1081, à l'instigation du duc d'Aquitaine et comte de Poitiers Guy-Geoffroi-Guillaume. La redécouverte du tombeau de saint Eutrope, premier évêque de Saintes et évangélisateur de la région, explique que la basilique ait été une importante halte jacquaire durant une partie du Moyen Âge.

Confiée à l'abbaye bénédictine de Cluny, cette dernière favorisa l'implantation d'un prieuré comptant jusqu'à une vingtaine de moines, chargés de la célébration du culte et de l'organisation des pèlerinages. La révolution entraîna la fermeture du prieuré, tandis que le sanctuaire, considéré comme vétuste, était amputé de sa nef en 1803.

Un bref apostolique du pape Léon XIII fit officiellement de l'église une basilique mineure le 11 mai 1886.

La basilique Saint-Eutrope est classée monument historique depuis 1840.

Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1999, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

Histoire

Eutrope, évangélisateur et martyr

Statue de Saint Eutrope (à droite) et de Saint Joseph

L'on sait relativement peu de choses au sujet de Saint Eutrope, la date même de son épiscopat demeurant incertaine. Une tradition en fait un missionnaire apostolique originaire de Grèce ou de Perse, envoyé par le pape Clément Ier convertir à la foi nouvelle les habitants de l'actuelle Saintonge. Ainsi, selon cette hypothèse, Eutrope aurait vécu au Ier siècle et aurait été l'un des premiers organisateurs de la communauté chrétienne naissante. Une seconde hypothèse en fait un contemporain de l'empereur Dèce, vers le milieu du IIIe siècle. Ces imprécisions ne doivent cependant pas occulter son action d'organisateur des premières communautés chrétiennes de la région : il est ainsi reconnu par l'église catholique romaine comme le premier évêque de Saintes.

Les textes hagiographiques rapportent qu'il subit le martyre pour avoir converti la fille du gouverneur de la ville, Eustelle. Condamné à être lapidé, puis à avoir le crâne rompu à coups de hache, son corps aurait été enterré par des fidèles non loin de l'amphithéâtre. Toujours selon la tradition, il aurait été rejoint dans la mort par Eustelle, condamnée par son père à être décapitée.

Grégoire de Tours indique que les restes du saint auraient été retrouvés par hasard par des moines occupés à défricher un terrain proche de l'amphithéâtre. Reconnaissant la profonde entaille laissée sur le crâne par la hache du bourreau, ils auraient une vision du saint durant leur sommeil. Les restes auraient alors été authentifiés par l'évêque Palladius, qui les aurait fait transporter dans l'église Saint-Étienne aujourd'hui disparue, avant de faire élever une première basilique funéraire.

De fait, cette dernière semble attestée dans le courant du VIe siècle. Elle est sérieusement endommagée par les envahisseurs normands, qui la pillent au IXe siècle. Reconstruite assez sommairement, elle apparaît comme fort vétuste au début du XIe siècle.

Sur le chemin de Saint-Jacques

La flèche de la basilique, vue depuis l'amphithéâtre romain de Saintes. De style gothique flamboyant, elle est construite au XVe siècle.
Saintes sur la Via Turonensis
La ville est une halte jacquaire depuis le XIe siècle
Chapelle Notre-Dame, dans la crypte

Guy-Geoffroi-Guillaume, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, confie le modeste sanctuaire à l'abbaye bénédictine de Cluny. Celle-ci, désireuse de promouvoir le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, entame le chantier d'une immense église de pèlerinage établie sur deux niveaux. Les travaux sont confiés à un architecte qui bien qu'à l'évidence expérimenté, demeure mal connu : Benoît.

La première pierre de l'église est posée en 1081, les travaux étant déjà bien avancés en 1096, année de la consécration des deux sanctuaires. Le 20 avril 1096, une messe solennelle est célébrée en l'église-haute par le pape Urbain II, tandis que l'évêque de Saintes Ramnulphe officie sur l'autel de l'église-basse. Quelques mois plus tard, le 14 octobre, l'évêque Ramnulphe préside les cérémonies de translation des reliques de Saint Eutrope et de Saint Léonce (aujourd'hui perdues) dans le nouveau sanctuaire.

Un prieuré est établi à proximité, une vingtaine de moines prenant en charge la célébration des offices et la gestion du pèlerinage. Au XIIe siècle, l'église apparaît comme une importante halte jacquaire sur la « Via Turonensis », la voie la plus occidentale conduisant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Aimery Picaud indique ainsi dans son guide du pèlerin de Saint Jacques que : « Sur le chemin de Saint-Jacques, à Saintes, les pèlerins doivent dévotement rendre visite au corps du bienheureux Eutrope, évêque et martyr ».

De fait, des personnalités de haut rang y viennent en pèlerinage : ainsi notamment d'Alphonse de Poitiers, qui inclut en outre dans ses dispositions testamentaires une demande de messe perpétuelle pour le repos de son âme. Contre la somme de soixante sols annuels, les moines de Saint-Eutrope devront ainsi célébrer chaque année un office le jour de la fête de l'Ascension, soit quelques jours avant la date effective de son décès, survenu le 21 août 1271.

Plusieurs souverains font de même au cours de l'histoire, le plus célèbre étant Louis XI, lequel contribue financièrement à l'élévation d'un nouveau clocher surmonté d'une haute flèche à crochets, typique du style gothique flamboyant, ainsi qu'à la modernisation du sanctuaire par l'adjonction d'une chapelle axiale et par la consolidation de l'église-basse. De même, les bâtiments abbatiaux, endommagés durant les conflits franco-anglais, sont entièrement remis à neuf aux frais du roi.

Retour du chef de Saint Eutrope

Le reliquaire du chef de Saint Eutrope

Si l'édifice ne souffre pas trop des excès des guerres de religion, les reliques sont cruellement maltraitées par une poignée de fanatiques. Le corps du saint est exhumé et brûlé, à l'exception du chef du saint qui parvient à être préservé et est envoyé à Bordeaux par le prieur de Saint-Eutrope, François Noël. Conservé temporairement en la cathédrale Saint-André, il y demeure jusqu'en 1602.

Le nouveau prieur de Saint-Eutrope, Pierre de la Place, envoie une requête au cardinal de Sourdis, archevêque de Bordeaux et primat d'Aquitaine, afin que le chef du saint puisse recouvrer sa place. L'autorisation est accordée et c'est après une procession solennelle que la relique est rendue aux religieux de Saint-Eutrope, en l'abbaye Saint-Sauveur de Blaye, le 16 avril.

Le 19 avril, la procession arrive à Saintes, saluée par la sonnerie des cloches de la ville et par des coups de canons tirés par les soldats de la citadelle sur l'ordre du gouverneur, Louis de Perne.

Un édifice mutilé

Vestiges de l'ancienne nef

En 1789 meurt le dernier prieur de Saint-Eutrope, Henri-François d'Aubourg. Les cartulaires et chartes du prieuré sont saisis par les autorités révolutionnaires quelques mois plus tard et condamnées à être brûlées en place publique pendant la terreur en application de la loi « sur les titres de féodalités et de superstition » du 17 juillet 1793. Le 10 août, les parchemins contenant l'histoire du prieuré alimentent un bûcher établi sur la place des Cordeliers, à l'exception de quelques documents mis à l'abri par un dénommé Lacoste, membre de l'administration municipale.

Dès 1792, un constat montre des signes de dégradation préoccupants. Des lézardes sont apparues en divers points de la nef, sur les voûtes et plusieurs piliers. Quelques années plus tard, le prêtre desservant la paroisse se fait l'écho des inquiétudes de ses ouailles, craignant que la voûte ne s'écroule. Les réparations sont estimées à 1500 francs, somme -considérable à l'époque - que personne ne semble disposé à débourser. Seules quelques voix se font entendre lorsque par l'arrêté préfectoral du 25 septembre 1802, le préfet Ferdinand Guillemardet ordonne l'amputation de la nef, mutilant irrémédiablement le sanctuaire.

La destruction débute effectivement le 8 janvier 1803 et s'achève en quelques mois, les matériaux étant réutilisés par les habitants.. Un mur plein percé d'un portail sans style est édifié provisoirement, avant d'être remplacé en 1831 par une façade néo-romane, œuvre de l'architecte Prévôt. Ce dernier s'emploie également à reconstruire la coupole de la croisée et une partie du croisillon sud.

Érection de l'église en basilique

Le cénotaphe de Saint Eutrope

Trois ans plus tard, en 1843, des travaux de restauration menés dans l'église-basse permettent la découverte d'un cénotaphe monolithe comportant l'inscription : « EVTROPIVS ». Ce dernier pourrait dater du VIe siècle.

L'année suivante, en 1844, des chutes de pierre entraînent une restauration d'urgence du clocher, conduite par l'architecte Clerget.

Le 11 mai 1886, un bref apostolique du pape Léon XIII érige l'église Saint-Eutrope en basilique mineure.

Dans la nuit du 11 au 12 août 1983, la basilique est victime d'un incendie criminel, lequel endommage partiellement l'église-haute et le clocher. D'importants travaux de restauration sont mis en œuvre, conduisant à la reconstruction d'un arc doubleau fissuré, à la réhabilitation des voûtes, fragilisées par l'incendie, tandis que les murs sont décapés et que le mobilier est partiellement remplacé. La tribune édifiée au XIXe siècle est restaurée.

Le 24 mai 1986, l'évêque de La Rochelle et Saintes Jacques David consacre le nouvel autel au cours d'une messe solennelle. La relique du chef de Saint Eutrope est placée dans un nouveau reliquaire intégré au maître-autel.

En 1999, la basilique Saint-Eutrope est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

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