La biréfringence est la propriété physique d'un matériau dans lequel la lumière se propage de façon anisotrope. Dans un milieu biréfringent, l'indice de réfraction n'est pas unique, il dépend des directions de propagation et de polarisation du rayon lumineux.
Un effet spectaculaire de la biréfringence est la double réfraction par laquelle un rayon lumineux pénétrant dans le cristal est divisé en deux. C'est pourquoi, sur la photographie ci-contre, l'inscription apparaît en double après avoir traversé le cristal de calcite. Ce phénomène est caractéristique des milieux biréfringents, à tel point que les termes « double réfraction » et « biréfringence » sont parfois confondus. Le second tire d'ailleurs son étymologie du premier.
Lorsqu'on parle de biréfringence, on sous-entend en général biréfringence linéaire, c'est-à-dire qu'on considère les indices de réfraction pour des ondes polarisées rectilignement. Par analogie, on utilise parfois l'expression biréfringence circulaire pour désigner l'activité optique. En effet, ces deux phénomènes peuvent se décrire de manière très similaire, mais ils ont des origines microscopiques différentes.
Dans le cas particulier des matériaux biréfringents uniaxes, on appelle également biréfringence la valeur de la différence entre les indices de réfraction extraordinaire et ordinaire du matériau (voir la définition de ces termes). La biréfringence peut ainsi être positive ou négative.
On attribue généralement au danois Rasmus Bartholin la découverte de la biréfringence du spath d'Islande. Ce minéral possède une biréfringence très forte qui permet des observations à l’œil nu, observations que Bartholin décrit dans son ouvrage « Experimenta crystalli Islandici » en 1670. En 1690, le physicien hollandais Christiaan Huygens suppose que pour l'une des images observées à travers le cristal, les rayons suivent un trajet ordinaire. Mais, pour la seconde image, le trajet des rayons n'obéit pas aux lois normales de la réfraction et il propose d'utiliser des ellipsoïdes comme surfaces d'ondes. Il découvre également que la double réfraction disparaît, lorsque les rayons réfractés dans le plan de section principale sont parallèles à la direction de l'axe optique du cristal.
L'indice de réfraction d'un milieu est lié à sa permittivité qu'on décrit mathématiquement par un tenseur d'ordre 2. Ce tenseur peut être représenté graphiquement par un ellipsoïde dont les longueurs des demi-axes sont les indices de réfraction principaux. C'est ce qu'on appelle l'ellipsoïde des indices. Cette construction graphique permet de visualiser la relation entre le champ électrique E et le déplacement électrique D ainsi que les directions des axes optiques.
Soit un milieu optiquement anisotrope. L'indice optique n correspondant à la direction du vecteur unitaire d'excitation électrique
En notant x = n.p, y = n.q, z = n.r, on obtient l'équation de l'ellipsoïde des indices :
![]() |
où x,y,z sont bien les coordonnées des points appartenant à un ellipsoïde. Les indices nx, ny et nz sont donnés par les composantes
Il s'agit de travailler en cartésiennes pour exprimer les équations de Maxwell en fonction du vecteur
On effectue les approximations suivantes pour exprimer les équations de maxwell :
Il s'agit tout d'abord de calculer, en coordonnées cartésiennes, la quantité
En utilisant les équations de Maxwell, on peut l'écrire
En utilisant les propriétés vectorielles du produit mixte, on peut l'écrire
D'où l'équation de départ du raisonnement :
Plaçons-nous dans le référentiel propre du tenseur
On divise ensuite l'équation par
Le membre de droite correspond au produit scalaire
On peut encore écrire cette égalité
En notant x = n.p, y = n.q, z = n.r, on obtient l'équation de l'ellipsoïde des indices :
Considérons une onde plane électromagnétique. L'analyse vectorielle (en cartésiennes) des équations de Maxwell permet de conclure que les vecteurs suivants sont coplanaires :
Le plan auquel appartiennent ces vecteurs est le plan de polarisation de l'onde. C'est le vecteur
De plus, on montre que le vecteur
Le vecteur normal à l'ellipsoïde en un de ses points de coordonnées (x,y,z) est
Tenant compte de cette condition et de la coplanarité de