Casa de Pilatos - Définition

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Le monument

La Casa de Pilatos occupe un vaste espace d’environ 10 000 m² en plein coeur de l'ancien quartier juif (la judería) de Séville, à quelques pas de l'église médiévale de San Esteban. La politique volontariste d'acquisitions de terrains menée par Pedro Enríquez, Catalina de Ribera et leur fils explique la formidable extension du palais et de ses dépendances, dans une zone centrale très fortement urbanisée. La surface de la demeure fait de celle-ci le second ensemble résidentiel de la cité, après l'Alcázar.

Le palais sévillan au XVIe siècle

Le Palacio de las Dueñas, un des derniers exemples de palais sévillan du XVIe siècle.

Au XVIe siècle, avec l’enrichissement de l'aristocratie locale, Séville voit jaillir de terre un grand nombre de palais et de demeures nobles, dans la tradition des palais andalous du Moyen Âge, dont l'Alcázar constitue le plus parfait modèle.

Les concepteurs de ces nouvelles réalisations conservent les éléments constitutifs de l'architecture palatine régionale médiévale, identifiés par Teodoro Falcón Márquez. Ces éléments mêlent l'influence mudéjare à l'apport gothique. La brique et le pisé sont les matériaux dominants, tandis que les azulejos, les peintures murales, les voûtes à nervures ainsi que les plafonds à caissons (artesonados) se placent au cœur du programme décoratif. La nouveauté réside dans l’emploi de nouvelles formules architecturales et décoratives empruntées à l'Italie de la Renaissance et à ses théoriciens de l'art, à travers une organisation de l'espace et une décoration innovantes.

Des dizaines de palais et demeures nobles construits au moment de l'apogée de Séville, très peu ont résisté aux mutations d'un panorama urbain en perpétuel mouvement. Les seuls réalisations d'envergure de l'époque qui puissent encore être admirées sont le Palacio de las Dueñas, la Casa de los Pinelo et la Casa de Pilatos.

Architecture

L'extérieur

On ne devine pas depuis l'extérieur l'extrême raffinement des lieux. Comme toujours dans l'architecture sévillane, la simplicité, voire l'austérité, de l'ornementation des hauts murs d'enceinte occulte la richesse de l'intérieur. L'accès au palais se fait à travers un grand portail de marbre ouvragé, réalisé à Gênes en 1529 et placé en 1533 comme en témoigne l'inscription figurant au-dessus de l'arc. Ce portail prend place au centre d'un simple mur de brique, couronné d'une crête faite d'une délicate série d'arcatures ajourées de style gothique, vraisemblablement déplacée depuis le palais que possédaient les Ribera à Bornos. Le portail, flanqué de deux pilastres d'ordre corinthien, est surmonté des armes de l'Ordre du Saint-Sépulcre.

Le vestibule et le patio principal

La galerie supérieure du patio.
Statue romaine du patio.

Le portail ouvre sur un vestibule, appelé apeadero, dont la fonction était de permettre de descendre de sa monture ou de son attelage (carrosse ou autres). Cette cour, que l'on retrouve dans nombre de demeures de ce type en Andalousie, ouvre sur différentes pièces de service (notamment les écuries), et sur la zone résidentielle.

Après avoir franchi un mur percé d'une cancela du XVIIIe siècle (porte en fer forgé qui, dans les maisons andalouses, sépare le vestibule du patio) et orné de grands massifs de glycine, le visiteur accède au patio principal, véritable cœur et porte d'entrée des parties résidentielles, autour duquel sont distribuées les différentes pièces. De par sa composition, le patio est de style renaissance ; il présente toutefois de remarquables éléments mudéjars et gothiques, la synthèse de ces différents courants concourant à l'élégance et à l'originalité de l’ensemble. Autour de la cour centrale carrée courent deux séries d'arcs réparties sur deux niveaux et ouvrant chacune sur une galerie donnant accès aux salles. Le premier niveau d'arcades entoure complètement la cour. La forme, en plein cintre, et la décoration des arcs sont très nettement inspirées de l’art mudéjar : des stucs délicats envahissent tout l'espace décoratif depuis les écoinçons jusqu'à la base du niveau supérieur. Le deuxième niveau d'arcades, à l'étage supérieur, n'entoure que trois côtés de la cour : le côté donnant sur l’apeadero est aménagé sous forme de terrasse. Les arcs, en anse de panier, sont d'inspiration renaissance. Polychromes, ils sont soutenus par des colonnes aux chapiteaux en feuilles d'acanthe, rappelant ceux de la période califale, tels qu'on peut les voir à la Mosquée de Cordoue. Une balustrade ajourée de style gothique court tout le long du deuxième niveau. Au centre de la cour, pavée de dalles de marbre, trône une fontaine en marbre à double vasque, très nettement italianisante, et pétrie de références à l'Antiquité classique. Un groupe de dauphins sculptés est adossé au pied central de la fontaine, qui soutient la vasque supérieure, circulaire, couronnée d'une statue de Janus. Deux statues d'Athéna ornent les angles de la cour. L'une d’entre elles est un original grec du IVe siècle av. J.-C., tandis que l'autre est une copie romaine restaurée au XVIe siècle.

Les murs des galeries de la cour sont ornés de remarquables azulejos aux couleurs profondes à dominante bleu, qui furent exécutés au XVIe siècle. Des portes ainsi que des baies géminées ajourées permettent la communication avec les pièces qui l’entourent. Les murs sont également ornés de niches où sont placés vingt-quatre bustes d'empereurs romains et des représentations de personnages de la mythologie grecque.

Les salles

Le Salon du Prétoire.

Les pièces entourant le patio sont elles aussi richement décorées. Les plus remarquables d'entre elles sont le Salon du Prétoire et la chapelle. Le Salón del Pretorio (Salon du Prétoire) est orné d'un admirable plafond artesonado à caissons, incrusté de blasons de maisons nobiliaires, exécutés en 1536. Les parois sont revêtues de panneaux d’azulejos et de stucs de facture mudéjare. La chapelle de la Flagellation (Capilla de la Flagelación) a, quant à elle, été réalisée dans la plus pure tradition du gothique isabélin espagnol. La voûte repose sur un complexe réseau de nervures formant des motifs géométriques. Comme dans les autres pièces, stucs et azulejos complètent la décoration.

L'escalier constitue sans doute l'un des plus beaux trésors du palais. La cage est pourvue d'un riche décors d’azulejos du XVIe siècle et surmontée d'un plafond de marqueterie ainsi que d'une impressionnante coupole sur trompes en bois doré, réalisée par Cristóbal Sánchez en 1537. Les pièces du premier étage auquel il mène conservent une décoration nettement plus marquée par l'influence de la Renaissance. L'ensemble de ces salons est aujourd'hui mis à profit pour la célébration d'évènements culturels et sociaux.

Œuvres d'art

Outre son intérêt architectural et décoratif, la Casa de Pilatos renferme une quantité non négligeable d'œuvres d'art : peintures et sculptures viennent ajouter à la somptuosité de lieux marqués par la profusion et le raffinement des azulejos, stucs, colonnes et autres éléments de décor.

La collection de peintures est abritée dans les divers salons du premier étage. Constituée de toiles des XVIe au XIXe siècles, elle témoigne de l'intérêt des propriétaires pour l'acquisition et la conservation d'œuvres d'art diverses. Les pièces les plus importantes de cette collection furent exécutées par Sebastiano del Piombo (Pietà, 1539), Goya (arrastre d’un toro aux arènes de Madrid), Giuseppe Recco (Nature morte), Francisco Pacheco (plafonds peints représentant l’Apothéose d’Hercule, 1604), Luca Giordano, ou encore Pieter Coecke van Aelst.

Le goût de la famille pour les antiquités romaines se manifeste à travers une impressionnante collection de statues antiques, dont les plus beaux exemplaires sont exposés dans le patio principal et dans les jardins. La collection trouve son origine avec le séjour en Italie de Pedro Afán de Ribera, premier duc d'Alcalá, et nommé vice-roi de Naples par Philippe II en 1559. Avec l'aide de l'antiquaire Adriano Spadafora, l'héritier de Fadrique fait venir des pièces en provenance de Rome et de Pompéi, la collection étant complétée par des pièces extraites des ruines voisines d'Itálica.

Jardins

Le Jardín Grande

À l'instar de la plupart des demeures andalouses de ce type, la Casa de Pilatos est pourvue de jardins. Ceux-ci révèlent une conception plutôt intimiste des espaces de verdure, et servent d'écrin à des espèces végétales variées : arbres fruitiers, palmiers, orangers, buis, bougainvillées, jacarandas, magnolias, jasmin de Madagascar,... Le grand jardin (Jardín grande) est le plus vaste et le plus ancien. En dépit de quelques retouches effectuées dans les années 1850, il conserve en grande partie son aspect originel. Organisé autour d'une fontaine, il s'étend au milieu d'un beau décor architectural, dominé par une galerie et une loggia. Le petit jardin (Jardín chico) est beaucoup plus récent. Planté au début du XXe siècle, il traduit une influence mudéjare plus marquée.

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