Château de Franchimont | |||
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Pays | Belgique | ||
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Le château de Franchimont est un château fort médiéval (XIe siècle) construit sur un éperon contrôlant la vallée de la Hoëgne dans la commune de Theux, Province de Liège (Région wallonne de Belgique). Elément important de la défense de la principauté de Liège il fut amélioré au cours des siècles, mais finalement démilitarisé au XVIIe siècle.
Il fut construit après que l'évêque de Liège ayant reçu le pouvoir comtal sur une partie de son diocèse eut le pouvoir mais aussi la nécessité de fortifier.
Le coeur du château était constitué d'un gros donjon rectangulaire (date d'érection estimée au milieu du XIVème siècle) dont l'un des petits côtés, dirigé du côté présumé de l'attaque, était renforcé d'un éperon flanqué de deux tourelles pleines. A cet endroit, l'épaisseur du mur atteignait sept mêtres, valeur considérable pour une construction médiévale. En enfilade derrière cette sorte de "mur-bouclier", s'alignaient des logis. Le mur à éperon et les logis formaient un ensemble pentagonal massif et de grandes dimensions qu'il convient de désigner sous le nom de donjon. Il n'existe que de très rares exemplaires de tels donjons pentagonaux garnis d'un éperon encadré de deux tourelles : l'un d'eux, bien connu, est le donjon du château de Lichtenberg en Alsace, forteresse malheureusement saccagée depuis plusieurs années par les pouvoirs publics qui l'ont restaurée plus qu'abusivement afin d'en faire une sorte de château-fort à la Walt Disney...
La forteresse de Franchimont faisait partie du système de défense de la principauté de Liège et du diocèse de Liège mis en œuvre dès le Xe siècle. Les autres places fortes du pays de Liège sont sur les marches de l'ouest Fosses et Thuin, au sud Bouillon ; Franchimont lui se situe à l'est. À ces places fortes, il faut ajouter les fortifications urbaines de Liège, Dinant, Huy.
Au départ, il s'agissait d'une simple et austère caserne que l'on renforça au cours du temps pour faire face à la modernisation de l'artillerie. Sa principale et dernière amélioration date du début du XVIe siècle règne d'Érard de La Marck ; après cela les progrès de l'artillerie auraient permis de bombarder ses toitures depuis les collines voisines et on abandonna son utilisation défensive.
Le château était le siège du marquisat de Franchimont. Il fut l'unique prison pour les 5 bans du marquisat jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
On doit la ruine de l'édifice à son exploitation comme carrière de pierre au début du XIXe siècle.
Milieu XIe siècle : Construction du premier château de Franchimont.
1155 : première mention écrite du château de Franchimont. On suppose que le nom Franchimont provient du nom de colline sur lequel il est bâti : le mont Frankar.
Fin du XIIe siècle : Albert de Cuyck et Simon de Limbourg se disputent la charge de Prince-évêque de Liège. Le duc de Brabant soutient Simon de Limbourg, qui occupera le château jusqu’à ce que le débat soit tranché en faveur d’Albert de Cuyck.
1236 : Waleran de Limbourg-Montjoie entre en conflit avec son ancien maître, le prince-évêque Jean d'Eppes et envahit Franchimont, qui subit des destructions.
1285 : Henri de Gueldre, ancien évêque destitué et devenu chef d'une bande de pillards, est tué au pied du château, à la tête de ses pillards.
XIVe siècle : on signale de nombreuses joutes et festins au château ; il devient également un refuge pour les princes-évêques lorsque leurs sujets se révoltent.
Début du XIVe siècle : éclate la guerre des Awans et des Waroux. Le prince-évêque Adolphe de La Marck fortifie le château pour se protéger de ses sujets.
1348 : le prince-évêque Englebert de La Marck en conflit avec ses sujets doit soutenir un siège à Franchimont.
1468 : épopée des 600 Franchimontois. Les Liégeois sont révoltés contre le prince-évêque Louis de Bourbon, qui reçoit l'aide de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, et du roi de France Louis XI, précédemment allié des Liégeois. Philippe de Commynes, le chroniqueur, parle de 600 hommes de Franchimont venus nuitamment à Liège dans le but de tuer le duc et le roi qui campaient sur les hauteurs de la ville (Sainte Walburge). Mais cet événement n'a qu'un lointain rapport avec le château car le terme "franchimontois" peut désigner le marquisat ou encore les gardes de la ville de Liège, qu'une tradition pourrait nommer "franchimontois" car à une époque antérieure les soldats ayant la garde de Liège étaient recrutés ou formés au château-caserne de Franchimont. Après l'échec des Franchimontois, Charles se vengea et entre autres choses, le perron de Theux fut détruit; mais le château, qui était du parti du prince, ne subit aucun dégât.
1477 : le château de Franchimont est engagé par le prince évêque Louis de Bourbon, au seigneur Guillaume de La Marck contre un prêt de 4 000 florins. Louis de Bourbon pense ainsi gagner l'amitié de Guillaume, mais celui-ci brave l'autorité du prince et renforce sa puissance militaire et fortifie Franchimont.
1482 : Guillaume de La Marck tue Louis de Bourbon.
1485 : Guillaume de La Marck est assassiné ; son successeur, Jean de la Marck, continue la lutte contre Jean de Hornes, le nouveau prince-évêque.
1504 : Les hostilités prennent fin et un pacte de rachat de la châtellenie par le prince-évêque est conclu.
1505 : arrivée d'Érard de La Marck sur le trône épiscopal. La sécurité du territoire est une de ses préoccupations majeures. Il ordonne de grands travaux dans les places fortes de la Principauté dont Liège elle-même, Huy, Bouillon, Couvin. Il agrandit, améliore et renforce considérablement le château de Franchimont dont il fait une forteresse réputée imprenable et certainement la plus puissante de la principauté de Liège. De cette époque date la grande enceinte pentagonale flanquée de quatre casemates basses et d'une tour d'artillerie. La tour d'artillerie était d'un diamètre considérable et ses murs avaient une épaisseur toute aussi importante (environ 8 mètres). Implantée sur la face de la forteresse la plus vulnérable, elle contrôlait également l'entrée de cette dernière puisque le cheminement d'accès menant à l'intérieur du château traversait cette grosse tour de part en part. De cette remarquable construction, il ne demeure de nos jours qu'une partie des maçonneries. Quant aux casemates basses positionnées aux angles extérieurs du pentagone, tout au pied des remparts, la terminolgie militaire des XVème et XVIème siècles les désignait sous le nom de "moineaux". On y accédait, depuis l'intérieur de la forteresse, par des couloirs souterrains à l'abri eux aussi des boulets de l'assiégeant. Ces "moineaux" aux murs épais percés de petites canonnières et couverts d'une solide toiture de maçonnerie permettaient la défense raprochée de l'enceinte. Leur très faible hauteur par rapport au sol environnant était censé les protéger des coups directs d'artillerie de l'assaillant. Il subsiste en Europe très peu d'exemplaires de ces moineaux de la fin du Moyen-Age (enceinte fortifiée de Metz, Tour Munot à Schaffhouse en Suisse, château de Bonaguil dans le Lot et Garonne, château de Montcornet dans les Ardennes françaises. Montrer aux visiteurs un répertoire assez complet de ce qu'était l'architecture militaire du XVIème siècle est un des intérêts majeurs qu'offre le château de Franchimont. Le système défensif de Franchimont ne fut plus modifié ni amélioré par la suite. Le grand donjon médiéval fut toutefois amélioré pour le rendre plus confortable: de nombreuses fenêtres furent percées dans ses murs, une nouvelle chapelle fut édifiée ainsi que des cuisines, une tour de latrines et une galerie Renaissance. Seconde moitié du XVIe siècle : Les guerres de religion font rage dans la région. Le château se dégrade. Il sert d'accueil et de refuge pour les personnalités se rendant aux Eaux de Spa.
1589 : Alexandre Farnèse, entre autres, y est reçu par le prince-évêque Ernest de Bavière.
1595 : Juste Lipse et le nonce apostolique Malvasius tentent d'échapper à des soudards des Provinces-Unies en se réfugiant à Franchimont. Ils y trouvent porte close!
Au XVIIe siècle : Le château est démilitarisé car face au progrès de l’artillerie il deviendrait possible de le bombarder depuis les collines avoisinantes (Sassor, Chawieumont, Jevoumont). Il ne sert principalement que de prison (rôle qu’il tiendra pour ces 5 bans jusqu’à la fin de l’Ancien Régime) et de résidence d’été pour le prince-évêque.
1676 : Louis XIV ordonne sa démolition mais, en fait, seule la tour d'artillerie sera partiellement détruite. Remarquons au passage que cette tour de 26 mètres de diamètre englobait l'emplacement de l'entrée d'aujourd'hui. La destruction partielle dont il est question ci-dessus permit donc le passage actuel vers la basse cour Nord.
1692 : un tremblement de terre occasionne des dégâts aux cheminées et aux toitures.
1717 : le tsar Pierre le Grand, venu prendre les Eaux à Spa, visite Franchimont.
1724 : On signale des fêtes somptueuses au château.
1780 : le roi de Suède Gustave III visite le château.
Le 7 septembre 1789 : Le château sert de lieu de réunion pour le Congrès de Polleur, berceau de la Révolution liégeoise.
Sous l’ère Napoléonienne : Le château est saisi comme bien national et revendu à un entrepreneur qui l’exploitera comme carrière de pierre.
Au XIXe siècle : il sert de lieu d’excursion pour les curistes de Spa. Parmi eux de nombreux artistes de la période romantique, peintres, écrivains. Walter Scott viendra écrire et rêver à Franchimont (la région est notamment au coeur du roman Quentin Durward).
1899 : les ruines deviennent propriété de l'État Belge qui y fait réaliser des travaux de déblai à partir de 1901 par l'"architecte-archéologue" Fernand Lohest, sur l'ordre du ministre des Beaux-Arts. Des campagnes de dégagement et un peu de restauration ont lieu de 1901 à 1907.
1928 : le Touring Club de Belgique rachète le château.
1936 : le château est classé.
1959 : la Commune de Theux le rachète pour le franc symbolique.
Depuis 1967 : le château est pris en mains par l'ASBL Compagnons de Franchimont qui a assuré des travaux de fouilles et des campagnes successives de restauration.